Le mondial La Marseillaise à pétanque fête cette année ses 60 ans, du 3 au 6 juillet 2022. Parmi les grands joueurs présents à cet événement sportif, une des légendes françaises : Philippe Quintais. 14 fois champion du monde, ce natif de Chartres n’aime pas les paillettes et préfère rester là où il a grandi et découvert la pétanque, à Hanches, en Eure-et-Loir.
On le surnomme "le roi Quintais" ou le "Zidane de la pétanque". Beaucoup moins connu que la légende du foot, Philippe Quintais a pourtant un palmarès à faire pâlir n’importe quel sportif de haut niveau : avec 14 titres de champion du monde, dont 10 en triplette, il détient (à égalité avec son ami Philippe Suchaud) le plus grand nombre de titre de champion du monde tous sports confondus.
Pourtant, quand on l’interroge sur ses surnoms, il répond simplement en riant : "J’ai des gens qui m’aiment bien". Quant à son statut de mythe de la pétanque, il garde la tête froide. "Je le vis tout à fait tranquillement, assure-t-il. J’ai deux vies : ma vie… on ne va pas dire de star parce que j’ai horreur de ce mot, mais ma vie de sportif de haut niveau qui me prend beaucoup de temps. Et j’ai ma vie personnelle qui, quand je peux en profiter, est complètement à l’inverse de la première."
Et d’abonder : "J’ai horreur de la foule, j’ai horreur du monde, de plein de choses que les stars aiment. Ce n’est pas un plaisir, honnêtement. La vie de sportif de haut niveau me plait moins que si je pouvais jouer en toute simplicité. En vérité, je suis arrivé là malgré moi."
Esprit technique et tactique
Son parcours incroyable a débuté en Eure-et-Loir. Né à Chartres le 30 décembre 1967, Philippe Quintais a grandi à Hanches, une petite commune de 2.700 habitants au Nord-Est du département, comme le montre la carte ci-dessous.
A 12 ans, il s’essaye à la pétanque, entouré de ses parents et de ses voisins. "Cela a été assez rapidement une bonne chose puisque j’ai gagné mes premières compétitions assez jeune, et le jeu m’a tout de suite plu", se souvient-il. Il apprécie notamment l’esprit tactique et technique : « Quand on aime, on le fait à 100% sans se forcer ! »
Droitier, adroit au pointage comme au tir, il gagne en 1988 son premier titre de champion de France, sous les couleurs du club de pétanque de Hanches. Puis en 1991, premier titre de champion du monde en triplette, avec Michel Schatz et Georges Simoes en équipe de France. S’ensuivront 11 victoires au championnat de France et 13 autres sacres mondiaux.
"Je n'ai jamais souhaité partir"
Sur le toit du monde, Philippe Quintais n’en oublie pas pour autant sa petite ville de Hanches qu’il n’a pas quitté : "C’est la région de ma famille, de ma naissance, je n’ai jamais souhaité partir. J’ai eu des opportunités, avoue-t-il. Mais ma volonté, c’est de rester dans la région, je me plais bien ici. J’ai mes amis, ma famille, l’endroit est sympa, on est en dehors des grandes villes, je suis en campagne, et ça me permet de me ressourcer quand je rentre de compétition."
Un cadre qui correspond parfaitement à ses aspirations d’anti-star, de vie calme, loin de la foule : "Quand je reviens chez moi, j’ai l’impression d’avoir une autre vie, et ça me va très bien comme ça."
"J'ai toujours essayé d'associer ma région"
Néanmoins, Philippe Quintais ne garde pas jalousement son petit jardin secret mais cherche à le développer et à le partager. Il a co-fondé le club de pétanque de Hanches qu’il parraine, il a organisé et participé à des manifestations à Hanches, mais aussi à Chartres et Dreux, où il a par ailleurs été ambassadeur des sports entre 2009 et 2014.
"J’ai toujours essayé d’associer ma région à tout ce qui pouvait se faire au niveau de ce sport. D’abord parce que j’aimerais et j’ai toujours aimé pouvoir faire venir mes amis champions dans ma région, assure-t-il. Ensuite, le département par lui-même a eu une période faste où on a organisé de belles choses, où on a fait venir de belles personnes. Malheureusement il est reparti dans ses travers, il n’y a plus rien d’organisé, et c’est un peu dommage", soupire-t-il.
Retraite internationale
Et si lui prenait la relève ? "Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas prévu dans l’immédiat", admet Philippe Quintais. Sa priorité pour l’instant est sa famille. Car après avoir remporté son 14e et dernier titre de champion du monde en novembre 2021, avec Henri Lacroix, Philippe Suchaud et Dylan Rocher, il a annoncé mettre fin à sa carrière internationale.
Si l’âge l’a poussé à arrêter – il a aujourd’hui 54 ans –, il reconnaît aussi avoir "envie de passer à autre chose". Cette vie à enchaîner les compétitions "va très vite, ça ne s’arrête jamais et on a envie de penser un peu à sa vie familiale qui a été largement négligée depuis plusieurs années", souffle-t-il.
"Je ne pousse pas mes enfants"
Il aura donc un peu plus de temps pour faire quelques parties avec son père ou sa fille aînée de 25 ans qui joue régulièrement. "C’est une passion pour elle", se réjouit-il. Quant à sa petite de 10 ans, il ne sait pas si elle aimera un jour la pétanque : "Est-ce que ça va lui plaire ? Je ne suis pas sûr", reconnaît-il.
Mais qu'importe. "Moi je ne pousse pas mes enfants et je n’oblige pas mes enfants à faire la même chose que moi. Si ça lui plait, elle le fera, si ça ne lui plait pas, elle fera autre chose", conclut celui pour qui la notion de plaisir reste primordiale.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les adeptes des boules continueront à le voir sur des terrains de pétanque pour des manifestations comme le mondial La Marseillaise, mais sans les couleurs de l’équipe de France.