Le Rassemblement national aurait un programme marxiste ? La sortie du député Kasbarian fait réagir

Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir, a accusé le RN de s'inspirer du marxisme pour son programme économique, après l'adoption d'un amendement sur le blocage des prix. Une rhétorique qui a entraîné de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

"Marine Le Pen puise son inspiration économique dans les tréfonds du marxisme." Cette petite phrase, servant d'introduction à un tweet publié ce jeudi 6 avril, fait beaucoup parler d'elle depuis. Elle est signée Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir et président de la commission des Affaires économiques à l'Assemblée.

Dans le tweet, le parlementaire développe son argumentaire dans une vidéo de son intervention, plus tôt dans la journée, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Il y critique un amendement communiste, adopté par la gauche et le Rassemblement national, ayant pour objet la possibilité de bloquer les prix, pendant un an, de produits alimentaires "dont les prix connaissent des hausses excessives".

"Ce n'est pas d'inspiration libérale !"

Pour lui, c'est "une mesure communiste, d'inspiration marxiste", lance-t-il à l'Assemblée, en profitant pour critiquer "le Rassemblement national qui a voté main dans la main avec les communistes". 

De quoi déclencher de nombreux commentaires sur Twitter, des internautes critiquant le "raccourci" utilisé par Guillaume Kasbarian. "Si je me prends de tels torrents d'insultes, c'est que j'ai tapé juste", se félicite a posteriori le député. 

Il ne comprend pourtant pas "ceux qui me reprochent de l'avoir dit" :

Le mécanisme de blocage des prix est d'inspiration communiste et marxiste, je maintiens, je persiste et je signe. On ne peut pas dire que ce soit d'inspiration libérale !

Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir

Pour lui, l'idée de sa diatribe était de faire sortir le RN du bois, eux qui "ont tendance à se cacher, qui votent un peu au hasard et les gens ont du mal à les qualifier idéologiquement d'un point de vue économique", estime-t-il. Pour lui, pas de doute : "Ils sont dans une philosophie d'économie dirigiste."

Nixon et Raymond Barre étaient-ils marxistes ?

Vraiment ? Pour la politologue Virginie Martin, chercheuse sur les questions de démocratie et de positionnements extrêmes en politique, le RN a en effet "coupé avec le libéralisme économique à la Jean-Marie Le Pen".

De là à le ranger dans la case marxiste, le pas est très grand. Pour la politologue, "le paradigme marxiste parle de lutte des classes, et décrit un système où des gens ont le capital et d'autres travaillent pour le capital". Une idéologie "totalement absente" du programme économique du Rassemblement national selon Virginie Martin. 

D'ailleurs, le blocage des prix a été utilisé par des gouvernements très éloignés de la philosophie marxiste. Notamment par Raymond Barre en 1976, pour lutter contre l'inflation. Ou encore par le président américain Richard Nixon, pourtant très républicain et à droite de l'échiquier politique, en 1973. Cette stratégie a même été brandie en 1793, en pleine Révolution française, par Robespierre, très loin d'être un prolétaire, plus d'un demi-siècle avant Le manifeste du parti communiste de Marx et Engels.

"De la bisbille politique"

Quant au RN, Virginie Martin note qu'il "s'oppose à la hausse du SMIC et défend l'héritage". Elle reconnaît en revanche que, "en matière de sociologie électorale, le RN est le parti qui séduit le plus les ouvriers et les chômeurs, et Marine Le Pen a fait campagne sur la thématique du pouvoir d'achat". De quoi créer une "concurrence" entre gauche et extrême-droite sur "la protection des plus pauvres". 

Selon la politologue, le discours de Guillaume Kasbarian sur le marxisme du RN revient donc à "créer une ligne de brouillage" entre les deux opposés de l'hémicycle : "C'est de la bisbille politique. C'est tenter de stigmatiser tout le monde. Puisque le RN est censé détester le PC, il est de bon ton de mettre en avant leurs votes en commun sur les questions sociales."

Une façon de dire que les extrêmes se rejoignent ? "Bien-sûr", lance Virginie Martin. À la même question, Guillaume Kasbarian estime simplement vouloir "soulever ce paradoxe", promettant "ne pas avoir d'autre arrière pensée que cela". 

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