"On doit finir la transformation engagée par Marine Le Pen pour devenir un parti de gouvernement", les députés RN en quête de crédibilité

Fraîchement élus à l’Assemblée nationale, les élus Rassemblement national de la région Centre-Val de Loire cherchent à gagner en crédibilité en cette rentrée politique. Les "néo-députés" devront aussi se trouver une place au sein d’un parti au passé plus que sulfureux.

Pensaient-ils vraiment que les électeurs leur offriraient un tel raz-de-marée aux élections législatives ? Peut-être pas. Reste que pour la première fois de son histoire, le parti d’extrême droite rassemble 89 députés à l’Assemblée nationale.

En Centre-Val de Loire, le score du Rassemblement national est tout aussi historique. Trois députés, Roger Chudeau (Loir-et-Cher), Thomas Ménagé (4e circonscription du Loiret) et Mathilde Paris (3e circonscription du Loiret), ont rejoint les bancs du Parlement, une première.

Mais le plus dur est à venir pour ces nouveaux élus. Ils doivent désormais montrer aux électeurs qu’ils sont à la hauteur des enjeux du pays. 

"On doit finir la transformation, engagée par Marine Le Pen il y a 10 ans, pour devenir un parti de gouvernement et pas simplement un parti protestataire", confirme Thomas Ménagé. "Il va falloir travailler et aller sur le terrain. On va travailler nos dossiers", ajoute Roger Chudeau.

En avant toute sur le pouvoir d’achat et la ruralité

Pour cela, les députés RN de la région misent en cette rentrée parlementaire sur la stratégie qui a permis à Marine Le Pen de se hisser au second tour de l’élection présidentielle : parler du pouvoir d’achat et de la ruralité, en reléguant les questions comme la sécurité ou l’immigration au second plan. 

Mathilde Paris, députée de la 3e circonscription du Loiret, en est l’exemple. Elle vient de déposer deux amendements sur le projet de loi de finances. L’un d’entre eux vise à pallier la dévitalisation des centres-villes en supprimant la TVA sur les denrées alimentaires pour les petits commerces vendant des produits locaux.

Un geste pour le milieu rural qui a largement voté pour le Rassemblement national dans la région Centre. Ainsi, promet-elle, la mesure permettrait de mettre fin à la concurrence des grandes surfaces sur les commerces des villages. Reste que, comme l’ont démontré nos confrères du journal Le Monde, l’utilisation de la TVA comme levier économique a des effets très limités.

Roger Chudeau, député du Loir-et-Cher, lui emboîte le pas. Inquiet du coût de l’énergie pour les PME de sa circonscription, le député du Loir-et-Cher défend la baisse de la TVA de 20 % à 5,5 %. Une proposition qui figurait déjà dans le programme de Marine Le Pen et dont les effets sont parfois contestés.

50 ans après, un nouveau Rassemblement national, vraiment ? 

Outre la crédibilité des propositions politiques, les députés du Centre-Val de Loire semblent attachés à prendre leurs distances avec le passé pour le moins sulfureux de leur parti. L’anniversaire des cinquante de la création du Front national par Jean-Marie Le Pen et d’anciens Waffen SS est là pour le leur rappeler. "Je n’aurais jamais adhéré au Front national de Jean-Marie Le Pen", promet Thomas Ménagé. "Marine Le Pen a coupé les liens avec le passé avec l’exclusion de son père, il y a 10 ans."

Pour cet anniversaire, on a fêté ce qu’on est devenu, pas les erreurs du passé.

Thomas Ménager, député RN de la 4e circonscription du Loiret

Symbole de cette transformation promise par le Rassemblement national, l’élection du nouveau président du parti, le 5 novembre prochain. Non pas que les deux candidats Louis Alliot et Jordan Bardella tiennent une ligne politique radicalement différente, mais tous deux représentent deux générations distinctes du parti.

Le premier a milité pour Jean-Marie Le Pen dès les années 90 et n’a pas hésité, en septembre dernier, à proposer la création d’une esplanade au nom d’un chef de l’OAS dans sa commune.

Par sa jeunesse, il incarne le changement du parti

Roger Chudeau, député du Loir-et-Cher

Le second, Jordan Bardella n’a pas connu les années sulfureuses du Front national. Il a d’ailleurs les faveurs de Marine Le Pen et des trois députés de la région Centre-Val de Loire.  "Il est plus rassembleur", assure Thomas Ménagé. Le jeune président par intérim du RN (il n’a que 27 ans) a aussi les faveurs du député Roger Chudeau : "C’est l’avenir du parti. Il est plein de talent et a un fort potentiel. Par sa jeunesse, il incarne le changement du parti".

Un changement sur le papier qui a parfois bien du mal à s’appliquer sur le terrain. En témoigne la dizaine de députés qui militent depuis au moins vingt ans au sein du parti, à une époque où Jean-Marie Le Pen assurait croire en "l’inégalité des races".

Plus récemment, Caroline Parmentier, député RN du Nord a été épinglée pour avoir comparé l’IVG à un génocide d’enfants dans le magasine d’extrême droite Présent. En public, pourtant, Jordan Bardella assurait le 15 juin dernier qu’"aucun mouvement politique sérieux ne remet en cause en France la loi Veil, acquis à protéger". 

Désormais, ce sera donc sur les actes qu’il faudra apprécier si le Rassemblement national a réellement changé ou s’il s’agit d’une simple stratégie politique de respectabilité.

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