Malgré la forte demande de farine en supermarché, des meuniers voient leur activité baisser en Centre-Val de Loire

En cette période de confinement due au Covid-19, les meuniers d'Eure-et-Loir doivent gérer une situation paradoxale : une hausse des ventes de farine dans les grandes surfaces face à une baisse de la demande en boulangeries. Or, ils sont peu nombreux dans la région à fournir la grande distribution.

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Vous faites peut-être partie de ceux qui, en quête de farine pour faire votre pain maison ou des pâtisseries avec vos enfants, se sont retrouvés face à des rayons vides.

La farine fait en effet partie des denrées recherchées en cette période de confinement due à la crise sanitaire du coronavirus. Axiane Meunerie, qui se présente comme le 3e meunier français et dont le siège est situé à Olivet (Loiret), fait en effet face à "une augmentation très forte de la vente de farine en sachet de 1 kilo en grandes et moyennes surfaces", constate David Hubert, directeur général de l'entreprise.

"Nous avons multiplié par deux le volume sur ce segment de marché en mars. Nous avons donc organisé notre production en conséquence, par exemple dans notre site de production de Reuilly (Indre), pour pouvoir contribuer à un réapprovisionnement des linéaires."Selon Axiane Meunerie, il n’y a pour autant aucune pénurie de farine à craindre, ce que confirme l'association nationale de la meunerie française (ANMF).

"Il n’y a pas de problème d’approvisionnement en grains, assure l'ANMF. Les moulins déjà présents sur le sachet ont mis des équipes renforcées, avec production 7/7j, ou 24/24h. Ils ont resserré les gammes sur la farine utilisée pour les pains et biscuits."

Cette réorganisation des grosses meuneries intervient en effet pour faire face à l'explosion de la demande de sachets de farine de 1 kilo en grande distribution. "Les ruptures de stock sont liées à une problématique de réassort du fait d’un comportement inhabituel des consommateurs", analyse l'ANMF.

Baisse d'activité de 40 à 50% 

Mais cette hausse production ne concerne pas toutes les meuneries, car ​la situation est diamétralement opposée pour celles qui fournissent essentiellement les boulangeries. "Les volumes de farines livrées aux artisans boulangers diminuent depuis le début du confinement, du fait de l’activité moins importantes de beaucoup de commerces", rapporte ainsi David Hubert.

Une analyse partagée par les autres meuneries de la région, notamment en Eure-et-Loir, département qui abrite les cultures céréalières de la Beauce. Alexandre Viron, président des Moulins Viron situés à côté de Chartres, constate en effet dans son entreprise une perte d’activité de 40 à 50%.

Il vend essentiellement de la farine aux artisans boulangers et aux hôteliers-restaurateurs de la région parisienne. "Paris est vide, il n’y a pas de tourisme, pas d’affaires, les hôtels sont fermés, les restaurants sont fermés. Donc on se retrouve avec des clients à Paris qui font 50 à 100% de moins, qui ont fermé". En banlieue et grandes villes de province, la baisse serait plutôt de l’ordre de 40 à 50%.
 

Impossible de compenser avec la grande distribution

Même constat du côté des Moulins de Chérisy à l'Est de Dreux, qui travaillent essentiellement avec les artisans boulangers. Par rapport à une transformation de 230 tonnes de blé par jour avant le confinement, "on produit de 20 à 30% en moins", calcule Thomas Maurey, le directeur général.

D’après lui "les gens se déplacent moins, les horaires d’ouverture des boulangeries sont souvent réduits, il y a beaucoup moins de vente de pâtisseries. Tout ça fait qu’il y a une baisse de consommation boulangère". Et donc une diminution de l’achat de farine auprès des minoteries.

Mais ces meuniers euréliens ne peuvent pas compenser cette perte d’activité en vendant des sachets de 1 kilo de farine aux grandes surfaces. "On en a dépanné quelques-unes, nuance Alexandre Viron. Mais cela reste anecdotique. En petit conditionnement, on n’est pas équipé."
 

5% de la production de farine française en grandes surfaces

Thomas Maurey confirme : "pour faire [des sachets de farine, NDLR] 1 kilo de manière efficace, il faut une grosse machine qui débite et qui coûte cher. Très peu de meuniers sont équipés. Donc le principal problème n’est pas tant dans la production de farine que dans la mise en sachets."

D’après lui, le problème de fond vient de la délocalisation : "pendant longtemps, la grande distribution a acheté des farines à l’étranger, pour des raisons de coûts. Aujourd’hui, peu de meuniers en France sont outillés et organisés pour faire des sachets de 1 kilo en grosse quantité."

Un regard que ne partage l'ANMF. Les importations de farine représentaient 247 000 tonnes en 2018, alors que les meuniers français en ont produit 4,05 millions de tonnes, selon les statistiques 2018.

"On a des opérateurs solides : Axiane Meunerie, Advens, les Grands Moulins de Paris...". Sur les 338 meuneries françaises, 4 ont un rayon d'activité national, et 13 un rayon d'activité multirégional. 
 
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