Pendant deux semaines, sept artistes font découvrir leur art respectif à 146 élèves de l’école élémentaire de Janville (Eure-et-Loir). Un projet culturel et pédagogique hors normes qu’ont réussi à organiser les enseignantes malgré la crise sanitaire.
"Bouffée d’air frais", "ambiance formidable", "grande détente"… Du côté des artistes comme des enseignantes, le constat est clair : ce projet est une parenthèse enchantée pour les adultes comme pour les enfants, à l’école élémentaire de Janville (Eure-et-Loir).
Le principe est simple : sept artistes s’installent dans six classes qui vont du CP au CM2. Chaque artiste a une classe référente avec laquelle il travaille le matin sur un projet long, qui va durer les deux semaines de résidence. L’après-midi, les artistes tournent dans chaque classe pour initier les élèves à leur art à savoir : le conte, le cinéma, le film d’animation, la danse, l’illustration et la musique.
La directrice Marie-Françoise Le Bris donne l’exemple de sa classe de CM2 : "Mes élèves ont fait hier après-midi des petits films d’animation." Quant à leur artiste référente du matin, il s’agit d’une musicienne avec qui ils vont créer une chanson de A à Z, les paroles et la musique. "Les enfants sont super enthousiastes, plein d’envie, très heureux de pouvoir vivre ça, ils ont déjà plein d’idées", abonde Clémence Parachini, l’intervenante en musique.
Des élèves qui habitent loin de tout
La directrice et son équipe pédagogique réfléchissent à cette résidence d’artistes depuis plus d’un an : "On en parlait déjà avant la Covid", s’exclame-t-elle.
Au lieu de bloquer les envies, la crise sanitaire a incité les enseignantes à s’investir : "il fallait trouver un projet fédérateur qui assure une ouverture culturelle à nos élèves, qui habitent loin de tout", analyse Mme Le Bris. L’autre raison qui les a motivées était "d'aider le monde artistique", en cette période où musées, cinémas, théâtres sont fermés.
"Quand on a préparé le projet, poursuit-elle, on se doutait déjà qu’on ne pourrait pas sortir. Donc on l’a monté dans le respect des règles sanitaires." Matériel et sol désinfectés plusieurs fois par jour, salles aérées régulièrement… Des contraintes qui se gèrent "sans souci", assure Clémence Parachini.
Une première
La musicienne connaît bien l’école pour y faire régulièrement des interventions auprès des plus petits, et elle a aidé à organiser le projet en trouvant plusieurs artistes par le biais du département d’Eure-et-Loir (voir encadré).
"On a déjà fait des résidences, confie-t-elle, mais pas de cette ampleur, pas avec autant d’artistes et sur autant de temps. Se concentrer sur l’art avec autant de domaines abordés, c’est une première ! "
Une première qui "fait énormément de bien" aux artistes heureux de pouvoir travailler et partager, mais pas seulement. Les enseignantes et les enfants aussi "sont enchantés, se réjouit la directrice. Ils étaient tendus en ce moment : je leur avais demandé d’écrire quelques phrases pour le bulletin municipal et il en ressortait la peur de la mort, la peur pour leurs proches, le ras-le-bol de ne plus pouvoir aller les uns chez les autres."
"Et là, lance-t-elle en soufflant fort, on respire !"
Un projet porté par la direction des affaires culturelles et le département
Faire venir sept artistes sur deux semaines a un coût. Pour financer leur venue, l’école a fait appel à plusieurs structures pour obtenir des subventions, notamment :
- La coopérative scolaire de l’école
- La direction régionale des affaires culturelles du Centre-Val de Loire
- Le conseil départemental d’Eure-et-Loir, avec le dispositif "Musique en tout sens"
- Le rectorat
- La communauté de communes Cœur de Beauce
- Le cinéma de Chartres les Enfants du Paradis