"On ne doit pas manger de framboises en décembre !" : un festival pour donner un coup de pouce à la framboise française

Les 350 habitants du petit village de La Framboisière (28) ont décidé de célébrer… la framboise. Une célébration pour soutenir la filière et ses producteurs dans l'Hexagone.

L'histoire est toute bête, pour Christian Oillet, framboisien depuis 10 ans, c'était une évidence. "Quand je suis arrivé dans la commune, je me suis tout de suite dit : Framboisière veut dire framboise. Alors, j'ai mis ça de côté et puis il y a deux ans, j'en ai parlé à Patrick Lafavre, maire de la ville, qui a adoré. De fil en aiguille, c'est devenu un réel projet impliquant 50 bénévoles framboisiens."

Le projet est tout aussi simple : créer un événement pour aider la filière de la framboise française. Ce projet a donc pris la forme d'un festival dont l'objectif est de célébrer le petit fruit rouge. La manifestation s'est tenue les 15 et 16 juin derniers.

Pour nous, c'était important de créer un festival qui intègre l’intégralité de la filière : framboises fraîches et framboises transformées.

Christian Oillet

Ce festival s'inscrit dans la volonté des producteurs de framboises françaises de valoriser au mieux leur production. Pour ce faire, les acteurs de la filière ont rejoint, en janvier dernier, leurs collègues de la fraise pour donner naissance à l’AOPn* Fraises Framboises de France. Ensemble, dans le cadre d'une association regroupant donc les deux filières, ils espèrent mieux faire connaître le fruit de leur travail aux consommateurs.

La directrice de l'association, Émeline Vanespen, expliquait dans le média "Culture Agri" que "la framboise à une véritable place à prendre sur le marché, mais les quantités produites sur le territoire ne parviennent pas combler les besoins de consommation d’aujourd’hui". En effet, le taux de consommation de l'origine France n'atteint que 15%.  Autrement dit, 85 % des framboises consommées en France proviennent de l'étranger. (French Plaza - juillet 2023)

"Qui de mieux pour en parler que les producteurs ?"

Depuis 30 ans, Jean-Baptiste Prevost est producteur de framboises au Domaine du Framboisier. Pour lui, c’est important de promouvoir "ce fruit discret" en France. Il a vu les choses évoluer : "C’est un produit compliqué à travailler par le climat et les variations de production en fonction de la météo. Depuis 30 ans, les productions baissent. Les hivers étant de plus en plus doux, la framboise n'arrive pas redémarrer au printemps. Sans parler des étés chauds..."

Il y aura toujours un bassin de production en framboise française, on en a besoin pour certains produits fabriqués en France. On a un gout et terroir différents que ce qu’on peut trouver ailleurs.

Jean-Baptiste Prevost

Pour Mathilde Demoury, productrice de la Coop Fruirose dans l'Aisne, ce festival est un rendez-vous essentiel pour mettre en avant la filière et parler des producteurs. "En tant que productrice, il faut qu’on aille à la rencontre des gens pour parler de nos métiers. Quand on a son produit dans son assiette, on ne pense pas à toute la filière derrière. Ça évite de parler de la profession uniquement en se plaignant. On a nos difficultés, mais on a aussi le plaisir de produire et d’aller à la rencontre de gens."

Rozenn et Antoine, se sont lancés, il n'y a que deux ans, dans la framboise. Installés à Fontaine-la-Guyon dans l'Eure-et-Loir, Antoine, agriculteur, cherchait à diversifier ses cultures et Rozenn à passer plus de temps sur l'exploitation. Après quelques recherches, ils se sont aperçus qu'il n'y avait que très peu de producteurs de fruits rouges autour d'eux alors que "la consommation de la framboise est en hausse".

Tout est récolté à la main par des étudiants à la recherche d’un emploi saisonnier. Tout ça, a donc un cout et faire ce festival permet de dire que "oui, c'est un fruit qui demande beaucoup de minutie" et les gens peuvent alors s’en rendre compte. 

Rozenn

Quand on lui demande pourquoi ce festival est important, Rozenn répond que "la framboise n'est pas une filière structurée et développée, ce qui est dommage puisqu’il faudrait mettre en avant la production française".

"Les producteurs se sentent seuls"

Patrick Lafavre, maire de La Framboisière, aspire à pérenniser le festival tous les deux ans et d'envisager un partenariat avec un village polonais. Pourquoi la Pologne ? 

"Il y a un passé avec l'immigration polonaise dans le village. Beaucoup de noms sur les plaques tombales qui ont des consonances polonaises. Depuis que je suis conseiller municipal – 1995 – j’étais toujours un peu touché par ce phénomène de gens venus s’installer en France en apportant un savoir-faire que l’on a encore aujourd’hui." 

Le village souhaite aussi devenir le premier village framboisier de France. Un défi pour le village qui n'a jamais organisé un tel d'événement et un espoir pour la filière de la framboise en manque de visibilité. 

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