Présidentielle 2022 : Marine Le Pen presque chez elle à Saint-Rémy-sur-Avre, Emmanuel Macron sous le soleil de Marseille

Pendant que le président sortant tente de séduire les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, la candidate d'extrême-droite a préféré la ruralité, en se rendant en Eure-et-Loir, département où elle est arrivée en tête dimanche lors du premier tour de la présidentielle.

Le grand air urbain de la cité phocéenne pour Emmanuel Macron, l'intimité rurale pour Marine Le Pen. Le contraste d'image est saisissant ce samedi 16 avril entre les deux finalistes à la présidentielle, mais leur objectif est le même : appeler au rassemblement populaire.

Dans la journée, une trentaine de manifestations sont par ailleurs prévues en France pour dire "non à l'extrême droite", à l'appel d'organisations et syndicats comme SOS Racisme, la CGT ou le Syndicat de la magistrature, mais sans directement appeler à voter pour le président-candidat. 

Miser sur la ruralité

Depuis Saint-Rémy-sur-Avre, en Eure-et-Loir, la candidate RN a jugé que "manifester contre les résultats d'une élection, c'est profondément antidémocrate". "J'ai envie de dire à tous ces gens : allez donc voter !", a-t-elle lancé, à huit jours du second tour.

Après une tournée dans le sud qui lui est pour une bonne part acquis, la candidate a ajouté in extremis ce déplacement en Centre-Val de Loire, où elle a été accueillie par le référent régional RN Aleksandar Nikolic. "On est là dans la péri-urbanité, la ruralité qui sont des sujets importants de cette présidentielle", a affirmé Mme Le Pen à des journalistes, juste en face du bar-tabac "le Maryland", rappelant au passage qu'elle avait gagné dimanche dans "20 000 communes de France sur 34 000". À Saint-Rémy-sur-Avre, elle est arrivée largement en tête (comme dans le département en général), avec 37,22% des voix. 

Entre les manifestations contre l'extrême-droite et les multiples tribunes appelant à voter Emmanuel Macron, "cette agitation brutale à laquelle on assiste entre les deux tours" est "là encore assez peu respectueuse de la démocratie", a ajouté Marine Le Pen. D'après elle, le "système" -que symbolisent à ses yeux Emmanuel Macron et ses soutiens- "s'inquiète car il voit que le peuple a envie de reprendre le pouvoir". Pour Eric Michiels, un éducateur sportif de 67 ans venu du village voisin de Verneuil et qui soutient la candidate d'extrême-droite : "On n'est pas raciste [...] On veut défendre nos petites mairies, nos églises, notre culture, notre mode de vie".

Sous la poussière grise, il reste une carte postale

Dans le même temps, Emmanuel Macron s'offre une carte postale de Marseille pour son premier grand meeting d'entre-deux-tours, là où Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête au premier tour dimanche (31%), près de 9 points devant le président sortant.

A partir de 15h dans le jardin du Pharo, un parc qui surplombe le Vieux-Port, le candidat toujours favori des sondages entend donner une image de rassemblement populaire : plusieurs milliers de personnes sont attendus dans une ambiance volontairement décontractée, sans chaises mais sous un soleil promis estival.

Chez les stratèges macronistes, on s'est notamment félicité de ce format expérimenté mardi à Strasbourg -devant une foule toutefois bien plus modeste- tout en reconnaissant que "c'est une prise de risque, indéniablement, puisqu'on n'est jamais à l'abri d'un incident, y compris physiquement".

Dans la deuxième ville de France où La République en marche compte certes quatre députés sur huit, mais a toujours peiné à véritablement s'implanter, le candidat Macron pourra compter sur des soutiens de poids. D'abord, le patron de Provence-Alpes-Côte-d'Azur Renaud Muselier, ex-LR, avec qui la majorité présidentielle s'était alliée avec succès lors des régionales du printemps dernier. Celui qui avait battu l'extrême droite emmenée par Thierry Mariani aux régionales est devenu un solide allié du président sortant.

Où ira le vote Mélenchon

Mais c'est la présence - ou non - du maire de Marseille Benoît Payan qui sera scrutée samedi après-midi et qui doit parachever le grand "rassemblement". Le socialiste a toujours fait montre de rapports chaleureux, voire amicaux, avec Emmanuel Macron et n'avait pas soutenu Anne Hidalgo au premier tour. L'édile a ainsi appelé dès dimanche soir à voter Emmanuel Macron pour faire barrage à l'extrême droite, lui qui est à la tête d'une majorité municipale qui va de LFI à EELV.

L'opération permettrait également d'inciter toujours plus les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à glisser un bulletin Macron le 24 avril, et non à choisir un simple vote blanc ou l'abstention, mécaniquement favorables à Marine Le Pen.

Emmanuel Macron fera-t-il de nouvelles annonces au Pharo ? Tout à l'œuvre d'un "enrichissement" de son projet, le président sortant est notamment attendu sur l'écologie, l'une des pierres angulaires du vote France insoumise. L'électorat Mélenchon rassemble des composantes distinctes, mais surtout les 18-24 ans attentifs au réchauffement climatique et aux "nouveaux combats culturels de la gauche", notamment le "féminisme" et l'"antiracisme", relève une note publiée samedi de la Fondation Jean-Jaurès. Autant dire que les stratégies de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron, à huit jour du second tour, sont frontalement opposées.

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