Refaire vivre le lien social. C’est la mission que s’est fixé le groupe SOS avec son initiative 1 000 cafés. Seize établissements ont ouvert en Centre-Val de Loire, dont celui de Mévoisins (Eure-et-Loir). Le bar-restaurant du village fonctionne depuis dix mois. Pour tout le monde, le bilan est positif.
Il est 12h30 à Mévoisins (Eure-et-Loir). La petite salle du bar-restaurant "L’arbre de la liberté" est pleine. Vingt-quatre personnes sont à table. Au menu : poulet sauce soja, pavé de rumsteck ou quiche au saumon. "Les gens sont là, ils sont super contents. Moi je m’épanouis dans ce que je fais. On a l’impression d’être utile", se réjouit la gérante Anne Garneau, 38 ans. Le lieu est ouvert depuis décembre 2022, grâce au groupe SOS et son initiative 1 000 cafés. L’idée était de recréer du lien social en remettant des services de proximité dans le milieu rural. Selon l'INSEE, 62 % des communes n'en disposent plus d'aucun. "Quand je vois que les gens mangent, parlent entre eux, ça fait plaisir de voir ça", sourit Ann Grönborg, la maire. La municipalité a investi près de 150 000 euros pour s'occuper des travaux du café.
Le bar est le seul commerce de Mévoisins, petit village de 600 habitants. Ils retrouvent les gestes les plus simples, comme prendre le café du matin. Cela permet d’"avoir des contacts avec les gens. En discutant, on apprend plein de choses", assure Marcel, accoudé au bar. Cela manquait à la commune, estime Roger, 78 ans, mévoisinois de naissance. "Ça se voit, tout le monde est revenu". "S’il n'y a plus de bistrot, il n’y a plus rien", conclut Philippe, habitant depuis 1983. Acheter son pain est désormais aussi possible. "En même pas 5 minutes, j’ai du pain. C’est génial", se satisfait Laetitia, deux baguettes à la main. Elle est venue en vélo. "Il y a quelques mois, j’aurais dû aller à Saint-Piat ou un village plus loin".
Une entreprise en équilibre
Ouvert en décembre 2022, le café génère entre 12 000 et 14 000 euros de chiffres d’affaires par mois. "C’est exactement ce que je m’étais fixée. Niveau comptabilité, c’est impeccable", reconnaît Anne Garneau.Pour la partie restauration, elle enregistre, en moyenne, entre quinze et vingt couverts par service. "Ça dépend des jours. Cet été, ça a bien fonctionné. Là en septembre, c’est un peu plus tranquille en semaine".
"Pour nous, c'est important qu’il y ait un équilibre économique pour prouver que l’on peut recréer des entreprises viables dans ces territoires-là", explique Pierre Peyrelongue, référent du programme 1000 cafés. Depuis 2019, 220 établissements ont été ouverts en France dont seize en Centre-Val de Loire.
Un programme d'animations trimestriel
Outre l’investissement de la mairie dans le bâti, Anne a profité d’une formation pour apprendre à gérer son café. Cet accompagnement perdure après l’ouverture. "Il y a toute la prise en charge du juridique, de la comptabilité et des RH. Il y a un référent qui va aider à piloter son établissement en termes de gestion, de développement de l’activité, de communication, de maîtrise de ratios et de marges pour s’ancrer dans le territoire", détaille Pierre Peyrelongue.
Une association, "les amis du tilleul", a été créé pour gérer les animations du café-restaurant. Karaokés, soirée italienne, goûter d’Halloween pour les enfants, le programme est trimestriel. "Je trouve que c’est important dans la vie d’une commune d’impliquer les administrés et pas seulement les élus, c’est aussi leur projet après", indique la maire de Mévoisins, Ann Grönborg. Les idées ne manquent pas pour continuer à développer le café. Anne espère ajouter une activité de relais colis ou encore de vendre du tabac.