Le football en marchant tente de se faire une place face à d’autres disciplines plus connues, comme le football à onze ou à cinq. En région Centre-Val de Loire, une vingtaine de clubs propose l'activité. Reportage en Eure-et-Loir.
Sur le stade Charles Reille de Marboué, en Eure-et-Loir, ils trottinent pour s’échauffer. Mais ce seront les seuls pas de courses que les joueurs de la Société amicale de Marboué et de la Croix d’honneur de Châteaudun s’accorderont pour cette séance. Car ce soir, ils se retrouvent pour faire une partie de football en marchant.
"Le principe, c’est de marcher sur un petit terrain de 40 mètres de long et de 20 de large. Le ballon ne doit pas dépasser la hauteur de la tête, soit 1m 80 environ", détaille Christophe Poirier, 64 ans, président de la SA Marboué. "Il n’y a pas de contact. Les tacles sont interdits, sinon il y a coup franc. Si on court, il y a coup franc". Les deux équipes sont réduites, à cinq ou six joueurs. "La difficulté, c'est d'avoir toujours un pied au sol. Il y en a beaucoup qui courent encore", sourit Christophe Poirier.
Retrouver des sensations
Comme son cousin du foot à 11, le football en marchant vient d’Angleterre où il a été créé en 2011. "Il faut toujours être en mouvement. Si on s’arrête, le coéquipier est en situation délicate", explique Jean-Michel Piéchowiak, joueur à la SA Marboué.
Le jeu se veut ouvert à tout le monde. À la SA Marboué qui compte une douzaine de licenciés, le plus jeune adhérent est âgé de 17 ans. Le plus vieux a 72 ans. À la Croix d’honneur de Châteaudun, le club accueille deux femmes, qui sont d’ailleurs toutes les deux en sélection France. La discipline mixte en club, mais pas au niveau international.
L'activité est présentée comme étant multigénérationnelle. Mais les profils des joueurs sont souvent les mêmes, d’anciens footballeurs âgés de plus de 50 ans, qui se remettent à leur sport de prédilection pour y retrouver d'anciennes sensations. "Ne serait-ce que se retrouver dans une paire de chaussures de foot, ce sont de bonnes sensations que j’avais perdues. Ça faisait 13 ans que j’avais arrêté le ballon", raconte Johan Houben, président de la section foot en marchant de la Croix d’honneur de Châteaudun.
"J’ai arrêté pendant 8-10 ans. Le foot me manquait. La compétition me manquait. Le walking foot, c’est un bon compris", ajoute Fabienne Damiens, joueuse de Châteaudun. "Je jouais en vétéran jusqu’en 2000. J’ai eu une fracture du tibia-péroné. J’ai arrêté durant une vingtaine d’années. Ça me manquait. Maintenant, on arrive à un âge où je n’ai plus du tout la rapidité que je pouvais avoir quand j’avais 25 ans", admet Jean-Michel Piéchowiak, 67 ans, joueur de Marboué.
Vice-champion du monde
La discipline est adaptée au sport-santé. "C’est du sport, on sut pas mal", assure Jean-Michel Piéchowiak. "Je sais qu’il y avait des personnes atteintes de diabète ou d’arthrose qui en font. Je trouve super intéressant ce genre de pratique qui nous permet d’avoir une dépense physique tout en douceur", estime Fabienne Damiens.
L’aspect sport-santé n’empêche pas la compétition. La coupe du monde masculine des + 60 ans s’est déroulée en août dernier en Angleterre. L’équipe de France et Christophe Poirier se sont inclinés en finale face au pays hôte.