Polémique : en Eure-et-Loir, le PDG de La Poste revient sur la décision de justice sur les risques liés au coronavirus

Philippe Wahl, PDG de La Poste, a visité différents bureaux et centres postaux d’Eure-et-Loir, ce vendredi 10 avril. Cette tournée intervenait au lendemain de la décision de justice qui ordonne au groupe d’évaluer en détails les risques professionnels liés au Covid-19.

Le syndicat Sud-PTT avait assigné en référé au tribunal de Paris la direction de La Poste, estimant que cette dernière ne mettait pas tout en œuvre pour préserver la santé de ses agents lors de cette crise sanitaire du Covid-19.

Le jeudi 9 avril, la justice a rendu sa décision : elle estime d’une part que les "mesures adoptées par la société La Poste [...] apparaissent suffisamment substantielles, variées et concrètes", dans le cadre du code du travail. Cependant, elle pointe du doigt l’absence d’un document unique d’évaluation des risques (DUER), "à des fins d’information de son personnel".

"Force toutefois est de constater qu’aucun document de ce type n’existe encore au sein du groupe La Poste alors que près de quatre semaines se sont maintenant écoulées" depuis le confinement et l’état d’urgence sanitaire. Le tribunal ordonne donc à la direction "d’élaborer et de diffuser dans les meilleurs délais" ce document.

Une décision "très importante"


Philippe Wahl, le PDG du groupe en visite en Eure-et-Loir ce vendredi 10 avril, semblait satisfait de cette décision "très importante pour la Poste".

"En effet, le juge dit explicitement que nous avons pris des mesures substantielles, variées et concrètes pour protéger nos postières et nos postiers, et il dit que nous avons respecté les règles du code du travail pour protéger tous nos salariés, c’est très important pour nous."


Quant à l’obligation de fournir le DUER, le PDG apparaît décidé à le produire : "le juge rappelait qu’il nous demandait après quatre semaines d’établir un nouveau document d’évaluation des risques, c’est une bonne idée et nous allons faire cette nouvelle évaluation des risques".

Obligation spécifique

Une bonne idée, certes mais le PDG n’a pas réellement le choix. En effet élaborer ce document est une "obligation spécifique" pour l’employeur, rappelle l'ordonnance. En l’occurrence, le tribunal lui demande de procéder "à une évaluation détaillée de chacun des risques professionnels identifiés du fait de l’actuelle crise sanitaire d’épidémie de Covid-19".

Par ailleurs, Philippe Wahl parle de "nouvelle évaluation des risques" car deux documents avaient été réalisés, mais ils avaient été jugés incomplets par le tribunal pour servir de DUER.

Quant au syndicat Sud-PTT, s’il n’a pas eu gain de cause sur tous les points, il semble tout aussi satisfait de la décision du tribunal, arguant dans un communiqué que la direction "est rappelée à ses devoirs par le juge".

"Le jugement enjoint aussi La Poste à 'recenser les activités essentielles et non essentielles à la vie de la nation', un sujet clé à l’heure où le président de la Poste annonce urbi et orbi la reprise des activités de La Poste."
 

"Important de distribuer de la pub ? Non !"

David Sempé, secrétaire départemental Sud-PTT du Loiret, appelle en effet à "redéfinir les priorités du service postal public" : "Est-ce qu’en cette période c’est important de distribuer de la publicité ? Des paires de baskets ? Nous, on ne le pense pas."

Pour le syndicat, le choix de la direction de ne faire travailler les facteurs que trois jours par semaine n’est pas une bonne idée. "Il aurait mieux valu les faire travailler tous les jours moins longtemps et avec une priorité pour le courrier vraiment important : les plis J+1, les analyses médicales, du portage de repas même. Et c’est ça qu’on veut faire."

Distribuer tous les colis et lettres poserait un autre problème pour le syndicaliste : "on est plus longtemps ensemble dans un même bureau, et nous on estime que c’est dangereux et pour nous et pour la population aussi."

Pas de morale des colis

Interrogé sur ce pointn le PDG affirme que La Poste assure déjà sa mission de service public en donnant la priorité aux versements des prestations sociales d’une part.

Quant à la livraison, "elle ne va pas décider de faire la morale des colis. Un jeune aide-soignant aura besoin de ces chaussures de jogging pour se détendre, donc c’est utile pour lui. Nous avons demandé aux gens d’être raisonnable, d’être solidaires."

Visiblement, la direction n’a pas l’intention de changer sa position.
 
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