Fermeture de classes: la fronde des écoles rurales qui s'estiment "sacrifiées"

Depuis quelques jours, la fronde gagne les écoles rurales: élus, enseignants et parents d'élèves protestent contre les nombreuses fermetures de classes prévues pour la rentrée 2018, afin de libérer des postes pour les dédoublements de CP et CE1 en éducation prioritaire, dans les villes.

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Les classes rurales sont les sacrifiées de la prochaine rentrée,

s'indigne Dominique Dhumeaux, vice-président de l'association des maires ruraux de France et maire de Fercé-sur-Sarthe (Sarthe) .
En Centre-Val de Loire, quasiment tous les départements sont concernés.  En Eure et Loir par exemple, dans le petit village d'Ouarville,  c'est grâce notamment à une mobilisation sans faille du personnel enseignant et des parents que la suppression d'une classe a été évitée. Pétition, manifestation, page facebook et compte Twitter. Ils n'ont pas lésiné sur les moyens de faire pression sur l'académie. Ce dimanche matin, ils fêtent leur victoire. "Les maires des communes et les enseignantes organisent un petit déjeuner à l'école de Ouarville à 10 heures pour remercier les parents d'avoir manifesté et défendu leur classe. Nous avons réussi notre combat...notre classe ne fermera pas pour la rentrée 2018. Cependant nos effectifs restent surveillés par l'académie, et un inscrit en moins pour la rentrée peu encore causer une fermeture...!" nous confie l'un des parents d'élèves. 
Même doléances dans l'Indre. Les discussions sont encore en cours mais 28 classes rurales devraient fermer en septembre.

Certes, le nombre d'élèves baisse dans ces campagnes mais le nombre de classes supprimées est supérieur au recul démographique,

déclare Sophie Grenon, directrice d'une école à Eguzon-Chantôme et déléguée syndicale Snuipp-FSU, première organisation chez les professeurs des écoles.Le département doit "libérer" six postes pour des dédoublements en éducation prioritaire, ajoute-t-elle. Elle se garde d'"opposer éducation prioritaire (dont les établissementsse trouvent quasiment tous en zone urbaine) et écoles rurales" mais "nous sommes lassés d'être toujours la variable d'ajustement". Faute de moyens suffisants pour accompagner le dédoublement des CP et CE1 en éducation prioritaire, mesure phare du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer et qui s'étale de 2017 à 2019, "ce sont les écoles rurales qui payent l'addition", s'agace la directrice.

Emmanuel Macron avait pourtant promis en juillet, lors de la conférence des territoires, qu'il "n'y aura(it) plus de fermetures de classes dans les écoles primaires" des territoires "les plus ruraux", rappellent élus et enseignants en grinçant des dents.
Dans ce contexte, le député du Loir-et-Cher, Guillaume Peltier a interpellé le gouvernement à l'Assemblée nationale ce jeudi. "Ma question ne s'adresse pas ni au nouveau monde, ni à l'ancien monde mais à un monde qui souffre".

 Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, juge "démagogique" les questions de l'opposition 

Jean-Michel Blanquer a été interpellé sur les fermetures de classe en milieu rurale lors des deux dernières sessions des questions à l'Assemblée nationale par une députée de la France Insoumise et par Guillaume Peltier des Républicains.
Il a jugé "démagogiques" ces questions qui n'évoquent que les fermetures de classes, alors que "dans chaque département rural de France, on comptera à la rentrée prochaine plus de professeurs par élève que cette année". "Si nous tenions compte de la démographie (en milieu rural), nous devrions supprimer des postes", a-t-il encore dit.

"On nous parle de chiffres, de 23, 22 élèves par classe!! Mais en rural, pour faire des classes de 23 élèves, il faut que les enfants fassent des dizaines de km en bus" se désole Martine Fournier, maire de Bellefont-La Rauze (Lot). "On ne comprend plus. Les écoles, les agriculteurs... Veut-on mettre tout le monde
en ville?", demande-t-elle. Des manifestations sporadiques se déroulent depuis quelques jours, organisées souvent par des parents d'élèves, dont certains occupent des écoles. Encore ce samedi, des parents manifestaient à Noyer-sur-Cher (Loir et Cher).

"Ce sont des territoires en souffrance", résume Dominique Dhumeaux, vice-président de l'association des maires ruraux de France. "Difficile d'expliquer à ces habitants, qui se sentent déjà délaissés et abandonnés, qu'on ferme leurs classes pour que les enfants des villes soient dans des classes à 12".

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