La "Campagne glyphosate pour une agriculture sans pesticide" a démarré en Ariège, en juin dernier. Elle a depuis essaimé dans au moins 55 départements. Où en est-où chez nous ?
En juin 2018, Dominique Masset, Agnès Leclerc, et Martine Schutz-Samson initient en Ariège la "Campagne Glyphosate". Le but : montrer que peu importe où et comment nous vivons, nous sommes tous affectés sans le savoir par les pesticides. Première cible, le glyphosate, un herbicide dit "non-sélectif", cancérigène potentiel présent notamment dans le tristement célèbre "Roundup" de la firme Monsanto.
Pour montrer l'omniprésence autour de nous, ils ont réuni des volontaires pour des tests urinaires, les "pisseurs involontaires de glyphosate". Après analyses, tous les "pisseurs" avaient un taux de glyphosate entre 0.3 et 3.3 nanogramme par millilitre, bien supérieur à celui autorisé dans l'eau potable (0.1 ng/ml). Depuis, le mouvement a essaimé dans au moins 55 départements.
Record : 3.51 nanogramme par millilitre de sang
Dans notre région, 5 départements ont vu naître leur propre collectif : le Cher, l'Indre, l'Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher et le Loiret. Dans l'Eure-et-Loire, le collectif est en cours de création. Avec jusqu'à 132 inscrits dans le Cher, ou encore 90 dans le Loir-et-Cher, les responsables ont dû refuser du monde. "On en a gardé 70, c'est le nombre qu'il faut pour qu'on puisse faire les analyses avec deux huissiers, entre 6h et 8h30 du matin, car il faut être complètement à jeun" explique Alain Petit, responsable de la Campagne dans le Cher.
Si le Cher n'a pas encore testé ses volontaires, les résultats obtenus dans les autres départements ne sont pas rassurants, loin de là. Le "record" de contamination a été constaté chez un "pisseur" de Vendôme : 3.51 ng/ml. Une seule minimale est en-dessous du seuil toléré : 0.08 chez une volontaire de Chambray-Les-Tours. Les autres maximales tournent à 2.97, à Chambray ; 2.55 à Orléans/Montargis et 2.27 au Poinçonnet (Indre)
"Nous avons fait une vraie répartition [des volontaires], sur trois critères : le sexe, l’âge, et la distinction urbain/ rural. On a obtenu une moyenne de 1 hommes et femmes confondus, ce qui est quand même dix fois le taux, détaille François Lafourcade, responsable en Indre-et-Loire. Globalement, ceux qui ont été testés ont une bonne hygiène de vie. La plupart mangent bio, ils font du sport, certains ont un jardin mais n’utilisent pas de pesticides..."
Le dépôt de plainte, une suite logique
Dans son département, après les résultats, tous les "pisseurs" ont voulu passer à l'étape suivante du processus : les plaintes en Justice. Le site de la Campagne propose à tous les participants de déposer exactement la même plainte, notamment pour "mise en danger de la mise d'autrui" et "atteinte à l'environnement". En Indre-et-Loire, elles seront déposées auprès du procureur à la mi-juin. "On a prévenu les greffes. Ils sont un peu surpris de nous voir arriver à 52, mais ils sont prévenus !" rit François Lafourcade.
Dans le Loiret, où les tests ont été effectués en début d'année, "on a déposé plainte en mars, à Orléans et à Montargis, et on n’a aucune nouvelle !" fait remarquer Franciska Soler, en charge du département.
Plusieurs collectifs envisagent une deuxième session de prélèvement, à Chinon ou encore Romorantin. Plus d'informations sur le site internet : campagneglyphosate.com.
Région Centre-Val de Loire : où en sont nos "pisseurs" ?
Notice : 5 départements sur 6 ont fourni des informations. L'Eure-et-Loir, qui n'a pas encore de collectif manque à ce recueil de données. Les données recueillies dans le Cher sont incomplètes, car les analyses n'ont pas encore été réalisées (22 juin).