La mobilisation fait écho à un mouvement national. Les salariés dénoncent des suppressions de postes et une perte de pouvoir d'achat
Ils étaient debout, dans la nuit qui se levait à peine, à 6h du matin devant le dépôt Carrefour de Saint-Germain-du-Puy. Les syndicats "déterminés" selon leurs dires, font blocage aux camions à l'entrée du site, qui approvisionne une partie des magasins de l'enseigne.
De 600 euros à 50
Les chauffeurs patientent tranquillement. Les syndiqués, eux, amèrement. "On est là parce qu'on a un nouveau président, qui nous a royalement donné 50 euros de participation aux bénéficies. Ça représente 7 millions des bénéfices réalisés en 2017, et 350 millions seront pour les actionnaires" explique Jean-Michel Antich, délégué CFDT à notre reporter sur place, Madjid Khiat.
La réduction de leur prime est vécue comme un mépris par les salariés. L'an dernier, cette participation se montait à 610 euros. La direction a proposé de le revaloriser à 407 euros par le biais d'un complément.
"La baisse du résultat du groupe en 2017 a entraîné une diminution significative du montant versé au titre de l'accord de participation (ce montant est défini par la loi)", se justifie le groupe Carrefour, qui se dit "conscient de l'impact de cette baisse sur le pouvoir d'achats des salariés".
Pas assez pour faire oublier aux salariés le montant dont vous bénéficier les actionnaires.
Dans un bilan publié en janvier, la société évoque effectivement une "année 2017 difficile". Mais attend tout de même un résultat de deux milliards d'euros (avant impôts), et un quatrième trimestre à la hausse.
Négociations "à marche forcée" ?
D'autant que se profilent à l'horizon les milliers de suppressions de postes dans ses sièges en France, annoncées en janvier. 2 400 au total, organisés via un plan de départs volontaires, sur 10 500 actuellement.
"Aucun autre concurrent ne possède de siège aussi important. Afin de gagner en efficacité et en réactivité, nous avons décidé de simplifier nos organisations et rationaliser nos implantations. Dans ce cadre, nous supprimons 2400 postes dans les sièges en France, sur la stricte base du volontariat", nous a communiqué le groupe Carrefour.
Les salariés dénoncent, eux, un "climat de pression et de menaces" sur ceux qui envisagent une poursuite de la grève et des négociations "à marche forcée", selon l'AFP. L'organisation syndicale Force Ouvrière a d'ailleurs annoncé qu'il ne signerait pas ce plan de départ.
Le blocage du dépôt de Saint-Germain-du-Puy était le premier. Il ne sera pas le dernier.