La décision du Groupe Total de transformer en biocarburant chaque année plus de 500000 tonnes d'huile de palme importée d' Indonésie et de Malaisie provoque la colère des agriculteurs. La FDSEA, le puissant syndicat et les Jeunes Agriculteurs sont vent debout.
Pourquoi importer de l'huile de palme quand on produit d'éjà de l'huile de colza?
Les agriculteurs du Berry n'ont pas le moral. La Champagne berrichonne, c'est 19 % de sa surface consacrée au colza. Une filière structurée qui depuis vingt-cinq ans, a sû se développer et suivre les évolutions du marché. Le colza produit dans le Berry est essentiellement destiné à l'alimentation humaine et animale. Il sert également de carburant.Mathieu Naudet, le présidennt des Jeunes Agriculteurs de l'Indre, assène des chiffres : "Le colza c'est 52 % d'autonomie en tourteau animal. Par conséquent, c'est moins d'importation de tourteaux de soja OGM".
Des arguments qui ne résistent pas à la volonté du géant français Total, d'importer massivement de l'huile de palme d'Asie du Sud Est pour transformer son immense raffinerie de la Mède près de Marseille ( Bouches-du-Rhone ) en site de production de biocarburant.
Depuis que l'annonce a été faite, c'est une levée de boucliers et une volée de bois vert.
Les agriculteurs français ne sont pas les seuls à protester. Ils dénoncent avec force, une distorsion de concurrence au regard du coût de la main d'oeuvre en Asie. Des coûts moindres qu'en France et des normes sanitaires moins exigeantes.
Dans leur colère, les agriculteurs sont relayés par Greenpeace et les Amis de la Terre. Ces importations massives d'huile de palme plaident-ils, c'est l'assurance d'une menace sur les habitations et la destruction des fôrets où vivent des orangs-outans, des rhinocéros et des tigres de Sumatra.
C'est en conclusion, l'accélération de la déforestation avec des conséquences écologiques imprévisibles sur la le climat ( gaz à effet de serre ).
"Hulot, t'es dans la Mède"
Les Jeunes Agriculteurs ne manquent pas d'humour vache.Ils ont fabriqué des autocollants et des graffitis pour interpeller le Ministre de la Transition Energétique resté discret.
Déjà dimanche, en début de soirée, les agriculteurs avaient lancé une série d'actions pour manifester leur mécontentement.
Celles-ci vont se poursuivre.
Ils ont déversé des gravats et des bottes de paille devant les stations du Groupe Total et promis de mener de nouvelles actions sporadiques. Blocages de raffineries et de dépôts de carburant notamment pour dénoncer les "incohérences" de l'Etat qui venait de lancer en grandes pompes, la "mobilisation de la France en faveur de la préservation de la biodiversité".
Dernière précision. "75% des 900000 tonnes d'huile de palme consommée en France sert surtout à faire rouler les véhicules. Seule une infime partie entre dans la composition de pâtes à tartiner, biscuits et cosmétiques".
Le coût de l'huile de palme est inférieur de 20 à 30% par rapport à l'huile de colza. Toutes choses qui ont vraissemblablement pesé dans la décision de Total.
Propos recueillis par D. Le Pape et J. Bénard