En région Centre-Val de Loire, on forme des "ambassadeurs anti-harcèlement" scolaire

Ce jeudi 7 novembre a lieu la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école. De nombreux dispositifs sont mis en place dans les établissements pour prévenir et agir contre ce phénomène potentiellement dévastateur.

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«J’ai été victime de harcèlement durant le collège puis pendant ma seconde au lycée. J’ai aussi été témoin de plusieurs scènes où j’ai dû intervenir.» L’expérience de Pauline ne l’a pas empêchée de se lancer dans un BTS. Pourtant, pour d’autres, le harcèlement peut être dramatique : absentéisme, décrochage scolaire, isolement relationnel, comportements violents ou suicidaires…

7% des collégiens et 8 % des collégiennes ont déjà été victimes de harcèlement. Les élèves de troisième et de seconde sont particulièrement touchés. En règle générale, un enfant sur dix en est victime, de l'école primaire au lycée.

Lors de son année de seconde au lycée Albert Bayet de Tours, Pauline s’est portée volontaire pour être "ambassadrice harcèlement" durant sa scolarité. «Je voulais aider ceux qui ont traversé la même situation que moi. Les élèves sont au cœur du problème. Alors je pense qu’il est primordial d’agir directement entre nous, sans passer par des encadrants adultes. Cela m’a également aidé à me sentir mieux», reprend la jeune femme.

120 lycéens d'Indre-et-Loire formés pour devenir "ambassadeurs harcèlement"

Comme elle, ce jeudi 7 novembre, quatrième édition de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, environ 120 lycéens originaires de tout le département viennent se former pour devenir "ambassadeurs harcèlement" dans le lycée professionnel Albert Bayet de Tours. Cette formation aura lieu dans chaque département de la région au cours du mois.

Au programme : conférence interactive pour tenter de définir le harcèlement, présentation des conséquences psychologiques mais également des aspects juridiques et des outils de lutte mis en place par l’Education nationale. «On attend des ambassadeurs qu’ils sensibilisent leurs pairs, explique Sylvain Disson, délégué à la vie lycéenne dans l’académie d’Orléans-Tours. Ils tiennent des stands dans les lycées, organisent des cellules de veilles ou des jeux de société pour traiter intelligemment du problème.» Pauline a par exemple mis en place des projets de prévention pour les nouveaux arrivants au lycée. «Nous formions des binômes d’ambassadeurs harcèlement et nous passions dans les classes de secondes pour discuter avec les élèves», se souvient-elle. Cette année, 450 nouveaux ambassadeurs sont formés dans toute l’académie. Au total, 800 élèves bénévoles sont mobilisables dans toute l’académie.

Cette journée de lutte nationale met aussi en avant d’autres moyens de prévention comme par exemple un prix national et académique «Non au harcèlement», mis en place depuis 2013, qui permet aux élèves de créer des affiches et des vidéos sur ce thème.

De nombreux dispositifs d'action

Mais Philippe Picard, conseiller technique de la rectrice de l’académie d’Orléans-Tours et référent en la matière, le rappelle, en cas de harcèlement avéré, l’essentiel est d’agir rapidement : «Lorsque nous apprenons la situation, nous avons obligation d’agir sous les huit jours. Nous contactons les parents puis l’établissement.»

D’autres dispositifs peuvent être mis en place, comme par exemple une enquête locale de climat scolaire : des questionnaires sont envoyés aux parents, aux élèves et aux établissements afin de repérer d’éventuels cas problématiques. Un numéro vert national, le 30 20, est également à la disposition des élèves, ainsi qu’une plate-forme d’écoute spécifiquement dédiée au cyber harcèlement, le 0 800 200 000.«Tous les élèves peuvent être sujets au harcèlement, il n'existe pas de profil type. D'ailleurs, la victime peut ensuite devenir auteur de harcèlement. Mais ce comportement est encore plus important sur les réseaux sociaux et se développe lorsque les jeunes ont accès à un téléphone portable», précise Philippe Picard. En effet, 18 % des collégiens déclarent avoir subi au moins une atteinte sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire des insultes ou des brimades de façon non répétitive.

Pour Pauline, il ne fait aucun doute que le dispositif «Non au harcèlement» devrait se généraliser davantage dans les établissements. «Il n’existe pas de structure scolaire sans harcèlement, alors il devrait y avoir des ambassadeurs partout. L’essentiel pour la personne harcelée, c’est de se souvenir que le problème ne vient pas d'elle.»
 
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