"À feu et à sang", la visite de Gabriel Attal en Indre-et-Loire n'apaise pas les agriculteurs en colère

À la veille d'une semaine sous haute tension, le Premier ministre a rencontré des agriculteurs d'Indre-et-Loire. Sans annonces supplémentaires, le monde agricole va poursuivre la mobilisation.

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Les cernes trahissent la fatigue du Premier ministre. Gabriel Attal, l'homme qui ne dormirait que 4 heures par nuit, semble marquer le coup. Il faut dire que le jeune chef de gouvernement se prend de plein fouet, la gronde des agriculteurs depuis plus de dix jours.

Après avoir annoncé, sans succès, une série de mesures le 26 janvier dernier, il est retourné au contact des agriculteurs, à la veille d'une journée de mobilisation sous haute tension. Les principaux syndicats agricoles appellent à des blocages partout en France et notamment à Paris pour organiser "un siège" de la capitale, dès lundi 29.

Alors, pour tenter de calmer les esprits, le Premier ministre est retourné sur le terrain. Initialement attendu pour rencontrer une éleveuse bovine, Gabriel Attal a finalement changé d'avis à la dernière minute. "On m'a expliqué qu'ils préféraient une ferme syndiquée", raconte cette éleveuse, déçue.

Le ministre a finalement rejoint une autre ferme à Parçay-Meslay, au nord de Tours (Indre-et-Loire), propriété de Nicolas Sterlin, vice-président de la FNSEA 37. Il y a rencontré des agriculteurs et des représentants syndicaux dans une ambiance parfois tendue : "Si vous n'étiez pas venu, le département serait à feu et à sang", lâche Frédérique Alexandre, agricultrice et présidente de la FNSEA 37 dès l’arrivée de Gabriel Attal. Le ton est donné.

"Changement de direction"

L'ambiance apaisée, le Premier ministre a écouté les revendications des agriculteurs qui lui faisaient face. Trop de normes, trop de recours, trop de concurrences déloyales et pas assez de revenus ou de retraites. Les revendications sont connues.

Gabriel Attal s'est dit "conscient" des "injonctions contradictoires" dont souffriraient les agriculteurs. "D'un côté, on dit qu'il faut faire de la qualité et d'un autre, on dit qu'il faut comprimer les prix toujours à la baisse", a-t-il dénoncé avant d'ajouter qu'il souhaitait "un changement de direction" pour l'agriculture française, comme s'il n'était pas à la tête d'un gouvernement au pouvoir depuis bientôt sept ans.

Des promesses avant les actes

Le chef de gouvernement s'est également dit favorable à renforcer la souveraineté alimentaire : "Développer notre agriculture, ça veut dire produire et retrouver notre souveraineté alimentaire. Il faut arrêter d'importer des produits qu'on pourrait faire chez nous", a-t-il indiqué.

Un engagement qui va pourtant à rebours des traités signés par la France au niveau européen. "L’Europe ne cesse, avec l’aval d’Emmanuel Macron, de négocier et ratifier de tels accords. À chaque fois, ceux-ci augmentent les quotas d’importation sans taxe de produits agricoles venant de l’autre bout de la planète", explique l'économiste Maxime Combes chez nos confrères de Reporterre.

Parmi ces traités, l’accord avec la Nouvelle-Zélande voté par les eurodéputés en novembre 2023. Ce dernier prévoit à terme de supprimer la totalité des droits de douane sur des produits comme les kiwis, les pommes, les oignons ou encore sur 10 000 tonnes annuelles de viande bovine, 15 000 tonnes de beurre, 25 000 tonnes de fromages.

Des annonces à venir ?

Reste que le Premier ministre reconnaît n’avoir "pas répondu" à "tout le malaise" du secteur et envisage "des mesures supplémentaires". Dans ces conditions, la méfiance reste de mise du côté des agriculteurs : "On va être extrêmement claire, la mobilisation reste tout à fait intacte. Les éléments de réponse, on les avait déjà", a réagi Nicolas Sterlin, le vice-président de la FNSEA d'Indre-et-Loire. "Pour nous, il faut qu'on avance et qu'on aille dans le concret. Nous sommes au démarrage. Le chantier reste entier".

Le rendez-vous est donné au gouvernement dès demain. Les agriculteurs prévoient une mobilisation massive sur tout le territoire. Le blocage de grandes métropoles comme Paris ou encore Lyon est prévu en milieu d'après-midi.

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