Contre le sexisme en politique, lancement du réseau des Elues locales d’Indre-et-Loire, le premier en région Centre-Val de Loire

Pour combattre les stéréotypes et les barrières de genre en politique, des élues de Touraine se rassemblent ce 26 février à Tours au sein d'un réseau local. Au programme : des discussions, des formations, et des accompagnements.

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"On n’est pas un réseau pour casser du bonhomme, on est un réseau pour aider les femmes à prendre leur place en politique". Le réseau des Femmes Elues en Indre-et-Loire organise sa première rencontre à la mairie de Tours, le 26 février 2022. Son ambition : encourager la féminisation de la vie politique, soutenir et accompagner les femmes qui s’engagent dans un mandat local.

À l’initiative de cette déclinaison en Touraine du réseau national Elues locales, créée le 27 mars 2021 : Peggy Plou, conseillère municipale à Semblançay, commune au nord de Tours, et vice-présidente de la Communauté de Communes Gâtine-Racan.

Son envie d'entrer en politique ne date pas d'hier : "Je m’étais toujours dit quand j’étais môme que j’irai en mairie car, dans le village d’où je venais, Saint-Roch, la mairie avait tout investi dans un terrain de foot. Il était tellement beau et aux normes pour, je suppose, les équipes départementales et régionales, qu’il y avait des samedis où l’équipe du village restait sur le bord pour voir d’autres équipes jouer".

C’est avec le sourire que Peggy confie cette anecdote mais sa conviction était déjà bien ancrée. "Quand je serai grande j’irai à la mairie pour que ça se passe autrement".

22% de femmes maires en Indre-et-Loire

Alors quand le maire de Semblançay est venu la chercher pour les élections municipales en 2008, elle a su que le moment était venu de faire bouger les choses. Après une expérience d’un premier mandat comme conseillère municipale où elle a porté le projet d’une crèche, elle finit par démissionner au cours d’un second mandat pour présenter une liste aux dernières municipales contre le maire, en lice pour un cinquième mandat.

"Là j’ai découvert ce qu’est une campagne municipale, c’était très violent, assure-telle. J’ai subi des menaces. Aujourd’hui, je sais grâce au réseau Femmes Elues, que j’aurais passé la porte de la gendarmerie régulièrement dès qu’il y avait une menace. Mais je ne savais pas. Je n’avais rien où m’appuyer".

L’élection perdue avec 43% de voix, Peggy a failli baisser les bras. C'est alors qu'elle voit que, à l'élection de la communauté de communes, "le maire de Semblancay, prévoyait d’être président avec huit vice-présidents dont une seule femme, forcément à la petite enfance et à la jeunesse... Là je suis sortie de mes gonds", raconte l'élue. Pour elle, "on doit représenter tous les habitants de notre territoire et ce n’était pas acceptable en tant qu’humain de ne faire la place qu’à des hommes". Elle parvient à décrocher le poste de vice-présidente aux sports et aux associations. Mais le compte reste loin de la parité. En Gâtine-Racan, mais aussi ailleurs, "alors qu'aujourd'hui les communautés de communes dirigent beaucoup de choses".

La parité est bien obligatoire dans les conseils municipaux des communes de plus de 1 000 habitants, ainsi qu’aux conseils départementaux et régionaux (listes avec une alternance homme femme). Mais en Indre-et-Loire, seuls 22% des maires sont des femmes, dont découle un manque de représentation féminine dans les exécutifs locaux et un problème de parité dans les conseils communautaires.

Je pense que c’est un tout. Il faut que les hommes fassent une place aux femmes et que les femmes sachent s’en saisir et prennent ces places

Peggy Plou, ambassadrice du réseau Elues Locales d'Indre-et-Loire

Un réseau d'élues locales, pourquoi faire ?

"L'intérêt du réseau qu’on essaye de monter, c’est de donner confiance aux femmes et de leur dire : Allez-y ! Il faut les encourager". Le réseau national Elues locales a aussi permis à Peggy Plou de découvrir les ressources des services d’aide aux collectivités locales, et de faire des formations à Nantes et à Rennes.

"Je suis revenue boostée, à chaque fois. On est plus sûre de nous. C’est un réseau national transpartisan donc j’avais plein de contacts avec des femmes élues à différents postes, à la région, des députées donc c’est super d’avoir toutes ces infos pour monter des dossiers. Comme je  suis dans l’opposition partout avec mon maire, qui est aussi président à la communauté de communes, c’est très facile pour lui de me dire, non, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Sauf qu’avec ces formations, je sais que c’est comme ça que ça fonctionne. J’ai toutes les informations, les textes de loi, c’est plus facile pour moi de m’imposer." L'élue ajoute : "Maintenant je n’ai plus ce défaut, qu’on a nous les femmes, de vouloir tout maitriser, d’en faire 10 fois plus pour prouver ce qu’on est".

Aujourd’hui Peggy Plou est ambassadrice du réseau des Femmes Elues d’Indre et Loire, avec Gaëlle Lahoreau, vice-présidente de la région Centre-Val de Loire. Les deux femmes animent ce réseau local, et organisent cette première journée de rencontres et d’échanges à Tours. Elles proposeront aux élues tourangelles une formation organisée par le réseau national au cours du premier semestre 2022. Ces ambassadrices sont la clef de voûte d’Elues locales, le premier réseau national des femmes élues, fondé il y a 10 ans. Aujourd’hui il compte plus d’une cinquantaine de réseaux départementaux et plus de 2 000 élues à travers la France.

Les résistances à la création du réseau des femmes élues du 37

La constitution de ce réseau local des femmes élues d’Indre-et-Loire a suscité quelques remarques. "On m’a dit : "C’est bizarre, tu fais un réseau de femmes, toi qui prônes l’égalité et l’équité !", soupire Peggy Plou. Depuis la nuit des temps, il existe des réseaux d’hommes, fermés aux femmes, ça n’a jamais gêné personne. On fait un réseau de femmes élues, et ça intrigue tout le monde".

D'autant que les femmes disposant d'un mandat politique, se retrouvant dans un milieu d'hommes, se voient imposer des barrières de genre. "Pourquoi une femme ne pourrait pas prendre la voirie ou la compétence bâtiment, se demande Peggy Plou. Aujourd’hui quand quelqu’un monte sa liste, il va tout de suite refiler le social à la femme et la voirie à l’homme. On ne peut plus fonctionner comme ça, il faut qu’on ait les yeux de l’égalité sur n’importe lequel des budgets."

Je suis assez convaincue depuis un bon moment que les réseaux féminins sont la clé de notre devenir, nous les femmes, pour atteindre l’égalité dans notre société

Peggy Plou

Le réseau peut ainsi apporter de la formation pour que les femmes se sentent plus compétentes à candidater à certains postes. Il peut aussi leur expliquer comment faire pour être députée, conseillère départementale ou vice-présidente en région. "Ca peut aussi être aussi du soutien pour une femme, si son parti veut lui mettre des bâtons dans les roues, pour l’aider à aller là où elle a envie d’aller et arrêter de se faire couper les pattes avant la ligne de départ".

Peggy Plou ne mâche pas ses mots et conclut: "Quand on est considérée comme du quota, on nous ouvre les portes. Mais dès que les hommes s’aperçoivent qu’on peut leur prendre des places, ça se passe mal. Aujourd’hui, il faut qu’ils laissent une place sur deux. Je comprends que ça puisse faire grincer des dents mais tout le monde a à y gagner

Cette première rencontre des élues locales d’Indre-et-Loire, organisée par Peggy Plou et Gaëlle Lahoreau, aura lieu samedi 26 février à l’hôtel de ville de Tours à partir de 14 heures. Elle est ouverte à toutes les femmes élues du 37, mais aussi aux attachées parlementaires et aux femmes qui auraient envie de s’engager en politique. L’inscription est obligatoire via le site d'Elues locales pour cause de Covid.

Au programme, des témoignages d’élues de différents échelons dans le respect du transpartisanisme. Avec :

  • Maria Lépine vice-présidente Tours métropole Val de Loire
  • Régine Charvet-Pellot ancienne élue à Tours
  • Stéphanie Riocreux, secrétaire générale de l’Association des Maires d’Indre-et-Loire (première femme à ce poste depuis 75 ans)
  • Sabrina Hamadi, conseillère départementale
  • Catherine Gay, conseillère régionale déléguée au personnel
  • Sophie Auconie, ancienne députée de la 3ème circonscription

Une première rencontre qui en appellera sûrement d'autres. Aujourd'hui elles sont une centaine dans le réseau Femmes élues d'Indre-et-Loire.

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