Au cours de travaux pour la construction de terrains de tennis couverts et pour la préparation du passage des réseaux, un accès à un souterrain a été découvert à Ballan-Miré le 28 juillet dernier. L'escalier et la voûte ainsi mis au jour donnaient accès à une cave remontant à la fin du Moyen-Âge, 14ème ou 15ème siècle.
Une découverte inattendue, au cœur de l'été, à Ballan-Miré : lors de travaux de terrassements préparant la construction de terrain de tennis couverts, la société Eurovia met au jour, le 28 juillet, l'entrée d'un souterrain. Aussitôt informé, Thierry Chailloux, le maire de la commune, alerte les services compétents, et notamment le service régional d'Archéologie (qui dépend de la DRAC).
Celui-ci a missionné les agents du service d'Archéologie du département d'Indre-et-Loire pour mener sur place, début août, une petite étude, effectuer les premiers relevés.
"Cet escalier donnait accès à une cave aujourd'hui inaccessible, explique Mathieu Gaultier, chef du service. En 2001, lors de travaux de revêtement sur le terrain de tennis situé à quelques mètres de là, il y avait eu un effondrement, la voûte avait dû céder et la cave avait été entièrement comblée."
L'escalier peut toutefois être daté de la fin du Moyen-Âge, d'après le style de construction de son "voûtement".
"Ce qui est certain, c'est que l'escalier est assez imposant, poursuit l’archéologue. Il est très soigneusement construit, et il descend assez profondément puisqu'on est quasiment à 6 mètres sous terre en bas des marches. On peut donc supposer que le propriétaire avait un niveau de vie relativement aisé, qu'il avait les moyens de se faire aménager une belle et grande cave. Peut-être un gros marchand, mais, à vrai dire, on n'en sait rien..."
L'hypothèse un peu hasardeuse d'un coffre-fort pour l'impôt
Dans un communiqué envoyé à la presse à la fin du mois d'août, la mairie de Ballan-Miré avance une hypothèse quant à la vocation de cette cave :
"Les traces de plusieurs systèmes de fermeture ont également été repérées de part et d’autre de l’escalier ce qui laisse supposer que cette cavité était probablement utilisée comme coffre-fort permettant de mettre en lieu sûr l’impôt collecté. Le nom du lieu « Taillerie » pourrait d’ailleurs être lié à la Taille, taxe qui, avec la gabelle, était prélevée à l’époque."
Sans rejeter formellement cette hypothèse, l'archéologue du Département s'empresse de la relativiser :
"Seul le nom Taillerie, qui évoque effectivement un impôt du Moyen-Âge, permet de bâtir cette hypothèse, mais en fait, on n'en sait rien du tout ! On ne sait pas si le bâtiment qui se trouvait ici appartenait à un intendant ou à quelqu'un chargé de collecter l'impôt pour le seigneur local."
Mathieu Gaultier, chef du service de l'Archéologie du Département d'Indre-et-Loire
"Sur le cadastre du début du 19ème siècle, on voit effectivement une maison construite à l'emplacement où se trouve actuellement cette entrée de cave. Mais on dispose de très peu d'éléments dans les archives ou les documentations anciennes qui pourraient nous renseigner. On ne connaît pas l'ancienneté de cette maison. Une cave sert souvent à stocker des denrées alimentaires, en tout cas à mettre des choses à l'abri et au frais, mais ici, on ne sait pas quoi exactement."
Les joueurs de tennis auront leur terrain couvert
Cette découverte fortuite n'en est pas moins intéressante : un escalier médiéval à Ballan-Miré est une première (Tours en compte quelques spécimens). Le maire de la commune l'a d'ailleurs bien compris :
"La découverte de ces vestiges nous conduit naturellement aujourd’hui à réfléchir aux solutions possibles qui nous permettront de les préserver au mieux et mettre en valeur ce magnifique élément du patrimoine de la ville", explique Thierry Chailloux.
Le chantier de construction des terrains couverts peut, quant à lui, se poursuivre, dans la mesure où les vestiges ne se situent pas dans l'emprise des travaux, comme l'ont précisé les services de l'État.