Vous êtes étudiant, professionnel ou vous avez une expérience dans le secteur sanitaire et médico-social ? Vous pouvez bénévolement accompagner un enfant en situation de handicap ou atteint d'une maladie chronique, pour permettre à sa famille de faire une pause. La plateforme handi-pause sera officiellement mise en route ce samedi 20 janvier en Indre-et-Loire.
L'idée est simple : créer une plateforme numérique qui met en lien des parents d’enfant en situation de handicap ou atteint d’une maladie chronique et des bénévoles qui viennent accompagner l’enfant pour permettre du répit de la famille.
Chloé Poirier vit à Amboise avec ses trois enfants. Son fils Sofiane a 12 ans. Il est atteint d'autisme léger-moyen avec un retard sévère de langage et un retard mental. Elle attend l'ouverture de cette plateforme Handi-pause avec impatience.
On a besoin de souffler et de trouver des solutions. À l’heure actuelle sur les territoires, on ne trouve pas de solution pour garder nos enfants. Pour avoir du répit en soirée ou autres, c'est compliqué.
Chloé Poirier, mère d'un enfant autiste
"J'ai ma famille qui est autour de moi", poursuit-elle, "mais je limite les sorties parce que je ne veux pas imposer le handicap de mon fils aux autres. "
Pour cette maman qui vit seule avec ses trois enfants, le quotidien est épuisant. "Il faut faire attention à lui en permanence, à sa sécurité, être toujours sur le qui-vive. On ne peut jamais savoir ce qu'il va faire. Il faut toujours qu'il fasse du bruit. Ça peut être envahissant pour les autres."
350 bénévoles potentiels pour la plateforme Handi-Pause
L'idée de cette plateforme numérique de répit solidaire est née pendant le confinement. Sonia Pareux, chargée de mission et de développement pour l'association Enfance et pluriel avait créé des après-midi de répit puis des week-ends de répit mais c'était éphémère. "Je me suis dit qu'il y avait un truc à jouer sur le répit solidaire", raconte Sonia Pareux.
Pendant huit mois, elle s'est rendue dans toutes les écoles de travail social, du sanitaire, du médico-social. Résultat : elle a obtenu l'engagement de 350 bénévoles en Indre-et-Loire. "Il y a la moitié de professionnels. On a des diplômés du médico-social, des médecins, des pédopsychiatres, des directeurs d'établissements qui ont des connaissances. L'autre moitié, ce sont des étudiants du travail social", précise Sonia Pareux.
Les bénévoles vont d'abord inscrire leurs profils sur la plateforme et ensuite les parents pourront déposer leurs demandes. "L'objectif est d'offrir du répit à 80 familles du département la première année d'Handi-pause", espère Sonia Pareux.
Des bénévoles formés en continu
Les bénévoles interviendront en binôme dans les familles pour une durée de 3 heures minimum par an. Une formation sera assurée par des professionnels du Pôle ressources handicap 37 et la plateforme Parent'Ailes.
Il y aura des tables rondes sur différentes thématiques puis tout au long de l'année, seront organisés des temps de formation spécifiques par groupes pour les bénévoles. "Ils auront aussi une base de données et des ressources sur la plateforme Handi-pause", annonce Sonia Pareux. "Qu'est-ce que l'autisme ? Comment on gère les émotions d'un enfant autiste ? Les troubles de l'attention et de la concentration c'est quoi ? Comment je peux mettre en place une activité pour un enfant TDH ? On va leur mettre tout ça à disposition. C'est du pratico-pratique pour leur donner des solutions. "
Les étudiants bénévoles qui offriront de leur temps aux familles auront des attestations délivrées sur la plateforme. "C'est une bonne façon d'acquérir une expérience. Ces heures de bénévolat pourraient être valorisées dans le cadre de leur formation."
Les parents rempliront aussi des fiches sur la plateforme pour mieux comprendre leurs enfants. "C'est moi qui vais valider les binômes sur la plateforme. Je ne vais pas mettre deux étudiants de première année qui n'ont pas du tout d'expérience. Il faudra mettre quelqu'un qui est un peu plus chevronné avec un novice. Il y aura quelqu'un derrière la plateforme", validerait les binômes. Il faudra toujours un bénévole un peu chevronné dans le binôme", rassure Sonia Pareux qui a engagé une personne à temps plein pour gérer la plateforme.
En Indre-et-Loire, 3000 enfants ont un dossier à la MDPH et le Pôle Ressources Handicaps a accompagné 180 familles en 2023.
Un temps de répit, du temps pour soi
"Le temps de répit ce n'est pas pour aller travailler. C'est prendre du temps pour soi. Aller au resto ou au ciné avec ses autres enfants, aller faire des courses tout simplement sans votre enfant qui a des troubles du spectre autistique et pour qui aller au supermarché ça va être extrêmement compliqué. C'est prendre du temps pour eux, pour le couple et la fratrie", rappellle Sonia Pareux.
C'est en effet ce que fera la maman de Sofiane dès qu'un binôme de bénévoles pourra venir garder son fils. J'irai au resto avec mes copines. Ce n'est pas arrivé depuis plus de six mois", calcule-t-elle. "J'ai totalement confiance en ce projet de Sonia qui fait presque partie de la famille tellement elle est investie dans le handicap. Je lui confie mon fils les yeux fermés et vais enfin pouvoir avoir un peu de temps pour moi et mes deux autres enfants."
La plateforme Handi-pause doit ouvrir ce samedi 20 janvier.