Depuis le début de l'année, les prix de l'électricité, du gaz et du pétrole s'envolent. Avec le risque d'aggraver la situation des 25% de ménages en situation de précarité énergétique en région Centre-Val de Loire. Même les achats en gros pourraient ne plus suffire à faire baisser la facture.
Les compteurs s'affolent : depuis maintenant plusieurs mois, les prix des énergies ont fortement augmenté en France, que ce soit l'électricité, le gaz ou le pétrole. En cause : la reprise économique mondiale et le prix de l'électricité sur les marchés européens.
Ce lundi 20 septembre, une étude de l'UFC-Que choisir a ajouté une couche d'incertitude : selon l'association de consommateurs, les factures d'électricité des Français pourraient bondir de 10% d'ici à début 2022. "Concrètement, cela représentera une augmentation moyenne de 150 € sur la facture annuelle d’électricité d’un ménage", s'alarment les auteurs du texte.
? [#Énergie] #Alerte rouge sur le #prix de l’#électricité : l'@UFCquechoisir demande aux pouvoirs publics d’agir pour empêcher une explosion des #factures de 10 % !
— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) September 20, 2021
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De quoi faire peser un nouveau poids financier sur les quelque 7 millions de Français touchés par la "précarité énergétique" selon l'Observatoire national chargé de surveiller cette donnée (ONPE). En Centre-Val de Loire, pas moins de 300 000 ménages sont concernés, d'après une étude menée par l'Insee en 2016. Soit plus d'un quart des ménages de la région.
Coup d'auriculaire
La précarité énergétique d'un ménage, lorsqu'elle concerne le logement (et non les transports par exemple), concerne les personnes soumises à une fragilité financière, avec des factures trop élevées, et exposées à un inconfort dû au froid par privation de chauffage pour faire des économies.
Des personnes à qui le gouvernement a souhaité répondre, le 16 septembre, en proposant un "coup de pouce" de 100 euros sur le chèque énergie, et qui devrait être versé automatiquement aux familles les plus modestes avant la fin de l'année. Une aide "censé[e] répondre uniquement aux hausses déjà massives du gaz et des carburants", rappelle l'UFC-Que chosir, estimant qu'elle ne sera pas suffisante pour absorber le gonflement des factures de 2022.
Car le gaz a enregistré une hausse de 15,9% de son prix de vente depuis janvier 2019, avant d'atteindre 79,31 euros le mégawattheure (MWh) le 15 septembre. Un record en Europe. En deux ans, la facture annuelle de gaz d'un couple avec deux enfants vivant dans une maison tourangelle très mal isolée peut avoir bondi de... 30%. Soit 600 euros de plus, entre septembre 2019 et septembre 2021, pour une consommation de 30 MWh en un an.
Chaque euro compte
Et encore, le prix du "gaz naturel reste toujours nettement moins élevé que celui de l’électricité, qui reste de loin l’énergie la plus cher", note Emilie Tregouet, conseillère en énergie partagée à l'Agence locale de l'Énergie et du Climat d'Indre et Loire (ALEC 37), qui s'attèle notamment à la lutte contre la précarité énergétique des ménages.
Pour Emilie Tregouet, l'hyothèse d'une forte hausse des prix, comme annoncée par l'UFC-Que chosir, est "crédible" et "peut aller très vite" si les prix continuent d'augmenter sur les marchés de gros en Europe. Et, pour les personnes en situation de précarité énergétique, "chaque euro supplémentaire à déduire de leurs revenus pour pouvoir se chauffer a un impact très important".
Face à une telle hausse, les solutions habituelles pour réduire l'addition énergétique des ménages ne seront probablement plus suffisantes dans les mois à venir. C'est ce que redoute déjà Constance Lenot, responsable des achats groupés chez Selectra, une entreprise spécialisée dans la comparaison des prix des fournisseurs d'énergie.
Petit geste + petit geste + petit geste
Selectra réalise ainsi des opérations d'achat groupé en "réunissant des consommateurs pour lancer un appel d'offre aux fournisseurs, qui baissent leurs prix pour remporter le marché plutôt que d'investir dans du marketing, souligne-t-elle. C'est une des réponses à la précarité énergétique."
Pourtant, elle-même le concède : "La situation du marché fait que c'est compliqué d'aller négocier des supers offres" à l'heure actuelle. Elle ajoute qu'il "vaut mieux ne pas changer de fournisseur en ce moment". L'UFC-Que choisir de Touraine elle-même a été contrainte de repousser ses opérations d'achats groupés de ce 20 septembre au 31 janvier 2022, a appris France Bleu Touraine.
En attendant une conjoncture plus favorable, Selectra rappelle les petits gestes toujours utiles pour diminuer ses dépenses énergétiques, surtout à l'approche des mois frais et froids de l'année. Car "le chauffage est ce qui pèse le plus sur la facture", précise Claire-Estelle Gourinat, porte-parole de l'entreprise :
C'est bien de chauffer à 19°C les pièces où l’on vit. Parce qu’on a tendance à vouloir pousser un peu, mais chaque degré en plus c’est beaucoup d’euros. Il vaut mieux aérer de manière stratégique quelques minutes le matin, fermer les rideaux la nuit pour garder la chaleur... Ca ne va pas diviser la facture par deux, mais dans un contexte où le kWh augmente, c'est toujours ça de pris.
Elle divise sa facture par 4 : découvrez son secret !
Reste que, pour réduire sa consommation d'énergie de manière significative et pérenne, (et donner un coup de pouce à la transition écologique par la même occasion), il ne reste que la rénovation thermique de son logement. Opération prônée avec force par l'ALEC 37, qui travaille "avec le département pour donner des solutions à ceux qui n'arrivent pas à payer leurs factures". Mais "ça n'est pas une solution durable", affirme Emilie Tregouet.
Vous êtes une #collectivité en Indre-et-Loire et vous avez un projet de #Rénovation thermique d'un bâtiment ou d'énergie renouvelable?
— ALEC_37 (@37_ALEC) July 6, 2021
Notre synthèse des aides financières est téléchargeable ici : https://t.co/lT2WP7w6PE
Car une rénovation énergétique de son logement permettrait à notre famille tourangelle, dont le budget énergie a explosé depuis 2019, de diviser sa consommation... par 4 ! Des travaux souvent coûteux mais aux bénéfices indéniables à long terme. Pour accompagner les particuliers, Etat et région ont mis en place des aides économiques. Histoire que ceux qui ont le moins ne doivent pas payer le plus à cause de leurs passoires thermiques.