En Indre-et-Loire, l'absence prolongée et non remplacée de professeurs dans une école primaire et une école maternelle donne une surcharge de travail aux professeurs et inquiète les parents d'élèves. Tous attendent une réponse urgente de l'Inspection académique.
À l'école primaire Jules Ferry de Montlouis-sur-Loire, l'inquiétude grandit chez les parents d'élèves. Depuis mi-septembre, le professeur d'une des trois classes de CM2 - également directeur de l'établissement - est en arrêt maladie longue durée. Il n'a pour le moment pas été remplacé.
"L'Inspection académique est au courant de la situation, mais on nous laisse dans le néant, désespère Anne Petitjean-Toison, représentante des parents d'élèves. Nous leur avons envoyé une lettre, mais nous sommes sans nouvelle."
En attendant, c'est toute une école qui est aujourd'hui déstabilisée par cette absence. La direction est assurée par une autre enseignante. "Elle fait cela sur son temps personnel, ses pauses déjeuner. Elle est débordée", selon Anne Petitjean-Toison qui affiche sa solidarité avec les professeurs :"Ils font tout pour trouver des solutions, mais on a la sensation qu'ils sont totalement abandonnés".
Les parents se substituent aux enseignants
Côté cours, les élèves qui n'ont plus d'enseignant sont dispatchés dans d'autres classes, certaines de double niveau et avec des professeurs qui ne peuvent pas assurer un bon suivi.
En moyenne, il y a deux à trois élèves en plus dans chacune des classes. Selon une enseignante, qui a souhaité rester anonyme, "on se retrouve avec des CM2 dans une classe de CP ou de CE1".
Pour elle, c'est une charge de travail en plus et une situation compliquée pour les élèves. "On essaie de leur donner des choses à faire, mais on ne sait pas où ils en sont et on a aussi notre classe à gérer, dit-elle. Je ne comprends pas comment on peut fermer les yeux... L'administration ne fait pas ce qu'elle peut. Il faut débloquer des postes !"
Des matières comme l'histoire ou les mathématiques sont abandonnées alors que l'année de CM2 est charnière pour les enfants. La situation risque de créer un fossé énorme entre nos élèves et ceux des autres écoles lors de la rentrée en 6e.
Anne Petitjean-Toison, représentante des parents d'élèves
Alors pour les parents, c'est le "système D", par crainte pour l'avenir de leurs enfants certains décident de se substituer aux enseignants.
On a des parents qui amènent leurs enfants à l'école le matin, se mettent en télétravail l'après-midi et viennent les récupérer pour assurer des leçons à la maison.
Anne Petitjean-Toison, représentante de parents d'élèves
"Je me suis moi-même retrouvée à aller sur internet pour trouver des exercices à donner à ma fille. D'autres ont acheté des cahiers de vacances."
Situation similaire à Saint-Pierre-des-Corps
La situation est similaire à Saint-Pierre-des-Corps, dans l'école maternelle Marceau-Courier. Mardi 15 octobre, les neuf enseignants de l'établissement se sont mis en grève. La raison : le non-remplacement d'une de leurs collègues, responsable d'une classe de petite et moyenne section, et partie en arrêt maladie longue durée.
Père d'un élève de trois ans scolarisé à Marceau-Courier, Nicolas Deschamps indique que son fils "n'a eu sa maîtresse que deux semaines".
Une remplaçante a bien été trouvée mais elle n'est présente que le mardi, le jeudi et le vendredi, "et c'est pour du court terme". Le lundi, les élèves sont "ballottés" dans d'autres classes ou sont gardés à la maison par leurs parents. Nicolas Deschamps dit avoir plusieurs fois posé des jours de congé pour rester chez lui avec son enfant. D'ailleurs, "il est demandé aux parents de garder leurs enfants avec eux dans la mesure du possible", soutient-il.
Nous sommes inquiets pour les années à venir quand on voit que c'est une vraie galère de trouver un professeur remplaçant et qu'en plus l'État prévoit la suppression de 4000 postes dans l'enseignement.
Nicolas Deschamps, père d'un enfant scolarisé en maternelle
Les parents d'élèves de l'école maternelle Marceau-Courier ont publié une lettre ouverte à destination du ministre de l'Éducation nationale.
Contactée, l'Inspection académique n'a pour le moment pas répondu à nos sollicitations concernant les deux établissements. Cependant, les parents d'élèves de l'école primaire Jules Ferry de Montlouis-sur-Loire nous ont indiqué avoir reçu un message mercredi de l'inspectrice de l'Éducation nationale, mercredi 16 octobre, les informant qu'un remplacement serait prévu pour la rentrée des vacances scolaire, le 4 novembre.