Comme les hirondelles, les outardes canepetières réapparaissent à chaque printemps. Les voir voler dans les cieux de Touraine réjouit les naturalistes. L'oiseau se reproduit dans les jachères de la région Centre-Val de Loire, à même le sol, des jachères protégées jusqu'en 2024.
Il est difficile à observer, l'oiseau est farouche. Il ne mesure que 45 cm, mais son envergure dépasse 1 mètre. Son cri est facilement reconnaissable. Ce cri, on ne l’entendait plus guère ces dernières années, la population voyait ses effectifs chuter.
Entre 1980 et 2010, 70 % avaient disparu. Son principal prédateur est l'homme et ses pratiques culturales. Aussi, en 2007, Clément Delaleu, chargé d’étude à la LPO Val-de-Loire décide de protéger ces populations fragiles. On dénombre seulement 150 000 outardes canepetières.
Les remembrements, l’augmentation des cultures intensives et surtout l’utilisation des pesticides devaient cesser et de la luzerne s'implanter.
En champeigne tourangelle, au nord de Loches, une ZPS, une zone de protection spéciale a été créée. David Froger de la chambre d'agriculture de Tours, explique : "Les représentants de la communauté de communes, la Sepant, la fédération des chasseurs, nous, et la LPO travaillons ensemble et les résultats sont probants".
À la LPO, Clément se félicite également "On est passé de 24 mâles-chanteurs, en 2007 (les mâles sont plus faciles à observer que les femelles, plus discrètes) à une trentaine actuellement." Ces jachères profitent à d'autres espèces, la pie-grieche écorcheur, les busards et courlis cendrés.
Lorsqu'ils laissent une terre en jachère, en compensation, les agriculteurs reçoivent une contrepartie financière, de 560 à l’hectare, dans le cadre de la PAC verte. Ces mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) représentent 775 hectares en sud Touraine. Le 31 mars, la chambre d'agriculture renouvellera les contrats pour une durée 5 ans.
Malheureusement, selon Clément Delaleu, seule quatre zones existent : la Champeigne, Pincemaille, la basse vallée de l'Indre et la Loire. "L'idéal serait d'en avoir encore plus, pour la faune et la flore. Je me souviens de l'arrêt pendant le confinement, quand nous avons pu voir des espèces de papillons oubliés. Dommage que ce soit reparti...Je me réjouis juste de voir que le fait de ne plus faucher entre mi-mai et mi-août, soit respecté, ainsi ces espèces migratrices résistent et se maintiennent." conclue Clément. Certains chemins de randonnée seront inaccessibles durant la période de nidification, les montgolfières ne devront pas atterrir dans ces jachères jusqu'à la mi-août.