Tailleur de pierre plutôt habitué aux travaux sur les blasons et armoiries, Patrick Kalita s'est lancé, en novembre 2021, dans un chantier impressionnant : rénover, ou plutôt reconstruire, une chapelle de famille laissée à l'abandon dans un cimetière d'Indre-et-Loire.
À Orbigny, le cimetière communal est implanté sur un terrain qui appartenait autrefois au domaine du château de l'Estang. La famille Pellegrain de L'Estang y dispose d'une parcelle, concession perpétuelle sur laquelle fut construite une chapelle, en 1864.
Bien qu'abritant les sépultures de 15 membres de la famille, celle-ci est longtemps demeurée à l'abandon, au point de devenir dangereuse pour les usagers du cimetière. Le maire d'Orbigny s'en est ému et a alerté la famille Benoit du Rey, actuelle propriétaire du château.
Ressusciter la chapelle abandonnée
Pour rénover sa chapelle, celle-ci a décidé de faire appel à Patrick Kalita, Tailleur de pierre implanté à Amboise, un artisan renommé, passionné d'héraldique.
"Il ne s'agissait plus de rénover la chapelle, mais de la reconstruire, raconte Patrick Kalita. Les gens avaient peur de circuler autour car tout s'écroulait, le dôme commençait à s'effondrer. Je n'étais pas rassuré en montant l'échafaudage, je pensais que j'allais m'en prendre une sur la tête avant d'arriver en haut !"
Compagnon du devoir du Tour de France, Patrick Kalita a réalisé son Chef d'Oeuvre en 1989 à Montréal, une reconstitution des pyramides d'Egypte...Mais jamais encore, il n'avait eu à gérer seul un chantier aussi imposant : pas moins de 8 tonnes de pierres à changer, soit 378 pierres retaillées à l'identique, sur mesure puis reposées suivant les techniques en usage à l'époque.
Heureusement que j'aime mon travail, que je suis un passionné...Faire ça tout seul, à 56 ans, je suis quand même un peu fier de moi, j'ai encore la patate ! J'y suis allé pierre par pierre, un travail de fou, plus d'un an et demi à 10 heures par jour, même les week-ends...
Patrick Kalita, sculpteur sur pierre
Un travail d'autant plus difficile que l'artisan a décidé de se passer d'outillage électrique, de reconstruire la chapelle dans les règles de l'art
"C'est aussi un défi que je me suis lancé, de tout faire à la main, comme cela a pu être fait à l'époque. Forcément, c'est un peu plus long et ça agace le propriétaire qui a tendance à s'impatienter..."
Encore un peu de patience : l'artisan estime pouvoir mettre un terme au chantier d'ici à la fin de l'année. Deux ans de travail, donc, et plus de 3000 heures à œuvrer, jour après jour, à la renaissance de la chapelle de l'Estang.