Virginie Calmels limogée, Valérie Pécresse en embuscade, Sarkozy qui exhorte au rassemblement : six mois après son élection à la tête de LR, Laurent Wauquiez peine à unir un parti traumatisé par les élections de 2017 et pris en étau entre LREM et le Rassemblement national (ex-FN).
"Sans le rassemblement, rien n'est possible". En déplacement à Port-Leucate (Aude), Nicolas Sarkozy a réagi lundi à la mise à l'écart de Virginie Calmels décidée dimanche 17 juin par Laurent Wauquiez. Tout en prenant soin de préciser que "ce n'est plus [sa] vie" et que "chacun fait ce qu'il croit devoir faire". L'ancien président, qui reçoit beaucoup de membres de son parti à ses bureaux parisiens, avait déjà délivré le même message à Laurent Wauquiez, selon des propos rapportés par la presse.
Mais par un communiqué laconique qui ne la mentionne pas même nommément, le patron de LR s'est séparé dimanche soir de sa vice-présidente déléguée Virginie Calmels, qui l'avait rejoint l'été dernier lors de sa campagne pour la présidence du parti. Un épilogue de deux semaines de conflit ouvert avec les critiques sur le "dysfonctionnement" du management du patron de LR formulées par l'adjointe bordelaise d'Alain Juppé.
.@lsailliet : « Il n’y a pas de place pour les divisions. Il n’y a pas de place pour les diviseurs. » pic.twitter.com/eeOzrYXfob
— les Républicains (@lesRepublicains) 18 juin 2018
A droite, les bons ou mauvais mots sont de sortie. "L'auteur de la loi sur la fin de vie (Jean Leonetti) à la place V. Calmels limogée, un choix assez lucide pour LR", a tweeté Xavier Chinaud, l'un des conseillers du Premier ministre Edouard Philippe, ex-membre des Républicains. Chez LR, les dirigeants ont aussi la dent dure, mais avec Virginie Calmels. Son limogeage n'est qu'un "épisode dérisoire", a lâché au Figaro le numéro trois du parti Guillaume Peltier, en opposition notoire avec elle. "On ne peut pas garder une numéro deux qui joue contre son camp", a estimé l'une des porte-parole, Lydia Guirous. Et Virginie Calmels "n'avait pas particulièrement fédéré lors de son passage", a renchéri sa collègue, Laurence Sailliet.
Virginie Calmels sera ce soir l'invitée du journal de TF1. Selon les statuts du parti, la décision de nommer un nouveau vice-président délégué doit être soumise à l'approbation du Conseil national, justement présidé par l'ancien ministre et actuel maire d'Antibes (Alpes-Maritimes). Ce point devrait être à l'ordre du jour du Conseil national le 30 juin à Menton. Mais "il n'y a aucun sujet" car le Conseil est "acquis à Wauquiez", estime-t-on tant au sommet du parti que dans l'entourage de Valérie Pécresse.
Communiqué de presse :
— les Républicains (@lesRepublicains) 17 juin 2018
« Après consultation de l’équipe dirigeante, Laurent Wauquiez, Président des Républicains, nomme Jean Leonetti, Maire d’Antibes et Président du Conseil national, Vice-Président délégué des Républicains. »
Centriste respecté, Jean Leonetti, qui avait succédé en 2011 à Laurent Wauquiez au poste de ministre délégué aux Affaires européennes, se retrouve ainsi vice-président délégué, président du Conseil national, également président du "Conseil des sensibilités" récemment créé, et son nom circule même pour conduire la liste LR aux élections européennes l'an prochain.
Toute ma gratitude amicale à @laurentwauquiez pour sa confiance et à l’équipe dirigeante pour son soutien Ils peuvent tous compter sur ma loyauté
— Jean Leonetti (@JeanLeonetti) 17 juin 2018
Nous devons ensemble reconstruire le parti @lesRepublicains dans la diversité des sensibilités et le débat d’idées #rassemblement
Pécresse réunit ses cadres dimanche
Pressé par un nombre grandissant de responsables ou dirigeants de LR de conduire lui-même la liste, Laurent Wauquiez a de nouveau opposé une fin de non-recevoir. "C'est ferme et définitif", a réaffirmé lundi Laurence Sailliet. Une telle décision ferait "pourtant du sens", a estimé lundi matin Valérie Pécresse, rivale de M. Wauquiez, qui présentait les propositions pour l'Europe de son mouvement, "Libres!". "Je me suis inquiétée il y a six mois du rétrécissement de notre famille politique, c'est un danger, une menace pour la droite française", a jugé la présidente de la région Ile-de-France, qui ne s'était pas présentée face à M. Wauquiez lors de la campagne interne."Je ne pense pas qu'on rétrécisse la droite en nommant vice-président une personnalité venant du centre", a rétorqué Laurence Sailliet. Valérie Pécresse, dont le mouvement est devenu associé à LR en janvier lors d'un Conseil national houleux, réunira les cadres de son mouvement dimanche près d'Orléans. Libres!, ouvert tant aux adhérents qu'aux non-adhérents de LR, revendique un millier d'élus.
Laurent Wauquiez, de son côté, prononcera un discours lundi soir à Lyon devant Sens Commun, émanation de la Manif pour tous au sein du parti. Il sera mercredi en Indre-et-Loire pour un déplacement sur le thème de l'agriculture.