Le budget participatif du Conseil Départemental d'Indre-et-Loire (1,4 million d'Euros) a fait l'objet d'une campagne de vote en ligne jusqu'au 15 juillet. Plus de 46000 votes ont été exprimés et c'est un atelier partagé de recyclage de plastiques, à La Riche, qui a reçu le plus de suffrages.
Sur 300 projets d'intérêt général présentés par des citoyens, 116, après le vote de la population tourangelle, vont bénéficier d'un financement du Conseil Départemental (jusqu'à 23 000 euros) pour être réalisés.
Chez les plus de 18 ans, c'est le projet de l'association Precious Plastic Touraine-Val de Loire (créée en janvier 2020) qui a le plus séduit. Ce qui réjouit, bien sûr, son Président, Christophe Lejarre :"Ce cadre participatif est complètement dans notre philosophie : un projet communautaire, financé par une collectivité et voté par les citoyens...Ce qui reflète par ailleurs une vraie prise de conscience sur la pollution générée par le plastique".
C'est un designer hollandais, Dave hakkens, qui a initié en 2015 le projet Precious Plastic. Un mouvement "open source", c'est-à-dire que la communauté partage l'ensemble des connaissances et découvertes sous une licence libre de droits, afin que n'importe qui puisse en bénéficier. Lui-même designer à l'origine, Christophe Lejarre a été intéressé au plus haut point :
"On s'inscrit dans ce mouvement qui développe des machines faciles à fabriquer, afin que n'importe qui dans le monde puisse devenir recycleur de plastique et s'attaquer au problème de la pollution. L'idée est d'avoir un atelier de ce type dans le Val de Loire et ainsi recycler en circuit court. Un atelier partagé, en point de départ d'un circuit local de traitement du plastique."
Les designers ont peut-être la solution
La toute jeune association dispose déjà d'un broyeur auto-financé, mais le coup de pouce à venir du département devrait permettre de disposer d'autres machines, extrudeuse, machine à injection, compresseur...
"Il s'agit de fabriquer un maximum d'objets finis, utiles et durables, poursuit Christophe Lejarre. Et de beaux objets, car ce projet est porté par des designers. La plasturgie, la filière du recyclage, se heurte toujours au même problème : le déchet ne vaut rien, car la matière première elle-même ne coûte rien. Les designers peuvent trouver la solution, montrer une autre voie..."
Christophe, lui, se rêve déjà en fabricant de mobilier. Outre son utilité et son potentiel esthétique, il permet de recycler de gros volumes. Mais il faudra bien vivre de cette activité :"L'idée est de faire une partie commerciale, produire des objets en série et les vendre, sans toutefois perdre de vue l'aspect citoyen et coopératif. On entame une réflexion sur la transformation de l'association en société coopérative d'intérêt collectif, ou sur la création d'une entreprise à côté de l'association."
Reste encore à trouver des locaux adéquats. Des discussions sont en cours avec la mairie de La Riche, dont le Maire, Wilfried Schwartz, vient d'être élu à la tête de la Métropole...
L'association compte aujourd'hui une quarantaine d'adhérents, dont une dizaine est très impliquée. L'enjeu écologique, en tout cas, est majeur : si le plastique est l'un des principaux facteurs de pollution des sols et des océans, seulement 10% des millions de tonnes produites par an dans le monde sont aujourd'hui recyclées.