11 jeunes âgés de 14 à 19 ans de l'Institut médico-éducatif de Dunkerque (IME) se sont lancé un défi : relier Dunkerque à Paris en 6 jours à vélo. En ligne de mire, la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.
Tout est parti d'une bonne idée, lancée lors d'une soirée entre amis. "Sébastien et un ancien collègue se sont lancé le défi d'aller à Paris à vélo" se rappelle Fanny Duytsche, éducatrice sportive à l'Institut médico-éducatif (IME) de Dunkerque. "Ils se sont dit : « Pourquoi pas ? »".
Il a suffi d'une question posée il y a maintenant deux ans, pour que l'IME dunkerquois des Papillons Blancs se mette à l'heure vélo. "On en a parlé à notre hiérarchie et ça a été validé. On l'a proposé aux jeunes de l'établissement. 11 ont eu envie de partir avec nous" poursuit-elle.
Ils se sont dit : « Pourquoi pas ? »
Fanny Duytsche
C'est d'une simple question qu'à quelques jours des Jeux, ils sont 11 jeunes âgés de 14 à 19 ans, à s'être lancé pour défi de relier Dunkerque à Paris à vélo. Si tout se passe bien, les apprentis cyclistes devraient rejoindre la capitale pour la cérémonie d'ouverture des jeux le 26 juillet.
Une aventure de six jours
Ce projet dit "Tous en selle" va ainsi permettre à 11 jeunes, accompagnés de 7 professionnels, de parcourir 300km à vélo de Dunkerque à Paris. Le trajet est divisé en six étapes :
- Longuenesse (62)
- Saint Paul sur Ternoise (62)
- Amiens (80)
- Essuiles (60)
- Luzarches (95)
- Paris (75)
"Une fois sur place, nous aimerions découvrir l'ambiance des JO en assistant à la cérémonie d'ouverture et à une ou plusieurs disciplines" peut-on lire dans la description du projet. S'ils n'ont finalement pas réussi à se procurer de places pour la cérémonie, toute l'équipe espère au moins vivre l'ambiance olympique dans Paris et assister à l'épreuve de cyclisme contre-la-montre, qui va se dérouler dans les rues de la capitale.
À leur retour dans le Nord, ils pourront également assister à l'un des matchs de basketball prévu à Lille.
Cela fait désormais plus de deux ans qu'ils se préparent au grand départ qui aura lieu le 21 juillet. Ce challenge permettant à la fois de développer l'autonomie de ces jeunes déficients intellectuels dans leur vie quotidienne, mais aussi dans la connaissance des autres et d'eux-mêmes. En proposant des formations pré-professionnelles et professionnelles à ces jeunes, l'IME a pour objectif principal de les accompagner dans leur insertion.
Pour que le projet voit le jour, les accompagnants et éducateurs ont du trouver de quoi héberger 16 personnes pendant toute la durée du séjour, mais aussi s'équiper pour que le périple se passe pour le mieux. 24 000€ ont été levés, notamment grâce à des dons privés.
Un défi à la fois sportif et éducatif
"C'est un sacré défi humain", mais il faut aussi "un sacré conditionnement physique" explique Fanny Duytsche, l'éducatrice sportive. Pour préparer toute l'équipe à pédaler jusqu'à la capitale, les jeunes réalisent des sorties à vélo tous les mercredis après-midi. Le tout couplé à près de 10 séances de préparation physique avec un coach.
On apprend à se débrouiller tout seul
SullivanJeune de l'IME de Dunkerque et passionné de vélo
Une telle aventure nécessite aussi de savoir se débrouiller face aux aléas de la route. Pour ce faire, les jeunes ont pu compter sur les conseils avisés de Sébastien pour apprendre à réparer leurs vélos. À quelques jours du départ, c'était la répétition générale. Tous les vélos ont été méticuleusement inspectés par les jeunes : vitesses, frein, guidon...
Sullivan, l'un de ces apprentis cyclistes est un passionné de la grande reine. Ses idoles ? Les grands champions du Tour de France, comme "Van der Poel, Pogacar et Evenepoel". Dans cet apprentissage des réparations, il voit l'opportunité d'être plus autonome. "En changeant les câbles et les vitesses, ça nous apprend des choses pour plus tard, on apprend à se débrouiller tout seul" témoigne-t-il, les mains dans les rayons d'un vélo.
Cette expertise est le résultat de deux cycles de 8 ateliers de réparation et d'entretien de vélo organisés par l'IME. "On aimerait bien que les jeunes sachent vérifier leur vélo à chaque départ" explique Sébastien, coordinateur du projet et éducateur à l'IME depuis 20 ans.
Le sport, un "moyen d'inclusion pour les jeunes"
Une fois tous les vélos inspectés, tous ces jeunes peuvent enfin prendre la route pour s'entraîner. Cuissards enfilés et casques bien serrés, ils ont du mal à cacher leur enthousiasme à quelques jours du grand départ.
Émilie et Léa sont les deux seules filles qui participent au projet. De son côté, Émilie est remontée à bloc : "je n'ai jamais vu Paris. Je suis motivée, je suis fière et ça fait plaisir, tout le monde participe et c'est bien". Léa quant à elle ne savait pas faire de vélo avant ce projet, "j'ai réussi à prendre confiance en moi" se félicite-t-elle.
Sur l'ensemble du groupe, c'est un mélange d'excitation et de motivation qui s'empare des cyclistes à quelques jours du départ. Si pour Dylan "ça fait un peu bizarre" de se dire qu'il peut atteindre Paris en selle, il ne baisse cependant pas les bras. "Il faut qu'on y aille et qu'on se donne à fond !"
Christine Mahoukou, directrice de la structure ne peut que soutenir une telle initiative. "Le fait que nos jeunes participent à ce challenge, c'est une vraie fierté, un défi à relever auquel tout le monde se joint pour les accompagner et les encourager. C'est un vrai défi car le sport pour les jeunes, c'est un moyen d'inclusion". L'établissement espère ainsi véhiculer à ces 11 néocyclistes, les valeurs du sport comme "la notion d'équipe, de l'effort", mais aussi l'envie de "se surpasser".