Un grand sourire illumine le visage de la jeune fille. Cléo Ginterdaele, originaire de Croix (Nord), vient de décrocher son premier titre de championne de France. Une surprise et une victoire de plus pour cette demoiselle amputée d'une jambe après avoir été fauchée par un véhicule alors qu'elle avait 3 ans.
Honfleur, en Normandie. La tête contre Pauline Déroulède, Cléo sourit. On peut lire le bonheur de la jeune fille félicitée par celle qui l'a encouragée à se lancer dans l'aventure du handisport. Une médaille d'or aux championnat de France, un pas de plus vers les Jeux olympiques 2028 à Los Angeles. Le rêve de Cléo.
L'image est émouvante. Deux championnes, deux parcours et une véritable tendresse entre elle. Cléo est un peu la petite sœur de Pauline Déroulède. Leurs histoires se ressemblent : toutes deux fauchées par des personnes âgées au volant. Toutes deux amputées de la jambe gauche. Et le tennis comme exutoire.
C'est Pauline Déroulède qui a glissé à l'oreille de Cléo, encore petite fille, de s'essayer au tennis. Et la jeune fille y a immédiatement pris un plaisir immense. Jusqu'à devenir un espoir de la discipline quand son aînée prépare, elle, les Jeux paralympiques de Paris, fin août.
Un premier titre surprise
De son propre aveu, Cléo ne s'attendait pas à décrocher ce titre, chez les moins de 18 ans. Ce n'était que la 2e fois qu'elle participait aux championnats de France. Et en finale, elle affrontait une athlète de 17 ans. La bataille fut rude. Trois sets, deux heures trente de match. Et dans le troisième set, Cléo a été menée 2 jeux à 0. Mais elle n'a rien lâché, jusqu'à l'emporter. Le courage des champions. Elle raconte : "J’étais contente, surprise de l’avoir fait, le match était long, c'était une sorte de délivrance".
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J’étais contente, surprise de l’avoir fait, le match était long, c'était une sorte de délivrance.
Cléo Ginterdaele, championne de France junior 2024 de Tennis-fauteuil.
S'entraîner à Roland Garros
Du haut de ses 13 ans, elle peut paraître timide. Il n'en est visiblement rien quand elle a une raquette en main : "Je veux gagner. Je peux m’énerver très vite de pas réussir à faire ce que je veux." Toute l'année, elle s'entraîne près de 2 heures à raison de trois fois par semaine, au Tennis club de Hem avec François Lefebvre, très actif dans le Tennis fauteuil. Et, bien sûr, elle est aussi soutenue par la ligue de tennis des Hauts-de-France. Là, c'est Frédéric Foulon, diplômé de Tennis fauteuil, qui lui fait profiter de son expérience. Son papa, médecin, veille à ce que ce ne soit pas trop pour la croissance de l'adolescente.
Cléo avoue aussi que les deux jours de stage, en juin, avec les autres jeunes qualifiés pour les championnats de France l'ont bien aidée. Un stage sur les cours 4 et 5 de Roland Garros, à Paris, où elle a perfectionné son lancé de balle. "Le service pêche un peu chez moi", raconte Cléo. "C’est difficile, le lancé, le mouvement, la prise en marteau. Mais j'ai fait moins de fautes en match après".
20e mondiale
Depuis son titre, Cléo a participé à un tournoi international, à Nice (Alpes-Maritimes). Elle n'a pas eu de chance, elle a affronté les meilleures mondiales, dès les premiers tours, la 4e et la 7e notamment. Il n'en reste pas moins, qu'elle progresse à chaque rencontre : elle vient de décrocher la place de 20e au classement mondial. Et Cléo a bien envie d'aller décrocher d'autres titres.
Les jeux olympiques
Cet été, elle ira, bien sûr, soutenir son mentor, Pauline Déroulède qui défendra les couleurs de la France en tennis fauteuil aux Jeux olympiques de Paris. Elle a déjà ses places pour aller la voir les 30 et 31 août, lors de matchs en simple et en double. Les deux sportives, les deux familles, ont tissé des liens forts : "Je pense que je vais un peu stresser pour elle, l’encourager", confesse Cléo. Ce sera aussi une forme de répétition ou d'entraînement à titre personnel pour la jeune battante qui se verrait bien participer aux Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028, "son rêve".
