Jeux paralympiques Paris 2024. "Le sport, c'est mon médicament" : l'ancien nageur Jérôme de Meyere espère se qualifier en tennis fauteuil

Jérôme de Meyere, classé 35e mondial dans sa catégorie de tennis fauteuil, espère se qualifier pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. Nous l'avons rencontré dans l'Oise, où il vit et s'entraîne pour réaliser son rêve.

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Il est l'incarnation de la résilience et de l'optimisme. Même dans son fauteuil roulant, Jérôme de Meyere déborde d'énergie et a toujours un sourire accroché à ses lèvres. Il revient pourtant de loin. À 28 ans, sa vie bascule lorsqu'on lui diagnostique une myopathie facio-scapulo-humérale, une maladie dégénérative rare qui affaiblit certains de ses membres. Sa mère et sa grand-mère souffrent de la même pathologie.

Lui qui est déjà très sportif à l'époque, et s'épanouit dans la natation, comprend que sa vie ne sera plus la même. "La première fois que j'ai mis mes fesses dans ce fauteuil, je me suis dit, 'mais ce n'est pas possible !', se souvient-il. Je courais tellement, je faisais tellement de choses... Mais il faut l'accepter parce que mon corps est fatigué, et j'ai besoin de ça."

"Il ne fait jamais rien à moitié"

Il ne se laisse pas abattre pour autant. Il continue de nager à un très bon niveau, ratant de peu la qualification aux Jeux de Londres en 2012. "Le sport, c'est mon médicament, c'est ce qui me permet de tenir debout. J'ai cette envie d'apprendre, d'évoluer, que ce soit dans le tennis ou dans l'art, explique celui qui est aussi artiste peintre. De travailler beaucoup pour faire quelque chose qui me plaise, d'aller chercher une performance." Il y a dix ans, il décide de quitter les bassins. "J'avais fait le tour, il fallait passer à autre chose."

Son amie Sophie Fraioli l'initie alors à une tout autre discipline : le tennis fauteuil, catégorie quad, c'est-à-dire pour les joueurs ayant une atteinte aux membres supérieurs et inférieurs. Un sport dans lequel il se lance à fond pendant dix ans, au club de Compiègne, jusqu'à s'envoler en Lettonie, au mois de mars, pour la campagne de qualification à la Coupe du monde. Une compétition dans laquelle la France n'avait pas été représentée en 24 ans. "C'est quelqu'un de combatif, qui ne lâche pas, qui essaie de trouver des solutions dans tout ce qu'il fait et qui veut vivre la vie à fond, assure son amie. Il ne fait jamais rien à moitié !", décrit son amie.

La Lettonie n'était d'ailleurs qu'une étape pour accéder à son "rêve ultime, le Graal des sportifs" : la qualification aux Jeux de Paris 2024. "On se lève tous les matins pour ça, pour aller chercher un podium, amener la France au meilleur niveau, on fait des sacrifices pour ça", estime-t-il.

Objectif top 25 mondial

À 45 ans, Jérôme de Meyere a une hygiène de vie irréprochable. Pas d'alcool, beaucoup de sommeil et bien sûr de nombreux entraînements... Mais aussi une vie paisible avec son chien Denver, à la campagne, à la frontière entre l'Oise et l'Aisne, où il continue de peindre. "J'avais besoin de ce silence, de cette nature, de cette solitude", explique-t-il.

Il lui reste quelques mois et une poignée de tournois internationaux pour accéder au top 25 des meilleurs joueurs du monde et décrocher la qualification olympique. "C'est réalisable, sachant que j'ai battu le 25e mondial en Lettonie, souligne-t-il. On est dans les clous, pas trop en retard, on est juste bien." Un optimisme partagé par son entraîneur, Jean-Patrick Atiouanombe. "J'y crois, nous y croyons tous au club. On est à fond derrière lui, on a mis le paquet sur les entraînements", affirme-t-il. S'il estime qu'il y a encore un gros travail à fournir dans les prochains mois, il assure que l'athlète est capable de progresser vite. "Jérôme, il est toujours plein d'enthousiasme, toujours gai. Quand il arrive sur le court, il est très motivé. Il ne lâche rien du tout, il a la compétition dans l'âme, il est à fond !"

Jérôme de Meyere ne sait pas ce que l'avenir lui réserve, mais refuse de s'apitoyer sur son sort. "C'est une maladie pleine de surprises, je peux rester comme ça très longtemps et je l'espère, mais ça peut évoluer très vite aussi." Il se réjouit de pouvoir encore marcher un peu, d'être capable de tenir debout. "Il y a encore des bons muscles, heureusement ! Je les entretiens par le sport, et par la kinésithérapie." Et comme à son habitude, il relativise : "Il y a plus grave, je ne peux pas me plaindre. Quand je vais faire des bilans et que je vois des enfants dans un fauteuil électrique ou avec des machines respiratoires... Je ne peux pas me plaindre."

Avec Rémi Surrans / FTV

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