Le collectif "Grands-parents pour le climat" de Tours s'est réuni ce vendredi 2 juin devant le Conseil départemental d'Indre-et-Loire. L'objectif : faire honte aux élus qui votent pour des subventions publiques à l'aéroport de Tours et alerter sur la mise en danger de l'avenir de leurs enfants et leurs petits-enfants.
"Je suis très sensible à cette question même si je vous avoue avoir pris l'avion", un peu honteuse. A 83 ans, Monique est arrivée là un peu par hasard mais elle adhère totalement à la lutte. Grand-mère de 13 petits-enfants et maman de 4 enfants, elle nous confie : "Avant on n'avait pas conscience de toute cette pollution à l'époque. Maintenant je prends le train et je fais beaucoup de vélo. Mais je suis très inquiète pour la planète que nous allons laisser à nos petits-enfants."
Des subventions "aberrantes" face à la crise climatique
"Je suis en colère parce que nos élus sont fous", souffle Françoise, 70 ans, psychiatre à la retraite en tenant un ruban de scène de crime devant les marches du conseil départemental d'Indre et Loire.
Ils n'étaient que six ce vendredi 2 juin mais leur détermination est intacte. Ils s'appellent Pascal, Monique, Rodolphe, Françoise. Ils ont plus de 60 ans et ont tous des enfants et des petits-enfants et leur mot d'ordre c'est "Stop aux subventions publiques à l'aéroport de Tours."
Pascal Hugo est le référent du collectif "Grands-parents pour le climat" en Centre-Val de Loire. C'est lui qui a organisé cette action après celle du 15 mai devant les bureaux de la Métropole : "Utiliser de l'argent public pour augmenter le tourisme de masse est la chose la plus aberrante qui puisse exister aujourd'hui. C'est le contraire de ce qu'il faut faire pour arriver à une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degrès".
Les élus s'obstinent à maintenir des subventions à un aéroport incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique
Pascal Hugo, référent "Grands-parents pour le Climat" en région Centre-Val de LoireFrance 3 Centre-Val de Loire
Le dernier rapport du GIEC comme argument principal
"Pourquoi nos élus tiennent aussi fort à maintenir ces subventions à l'aéroport et Ryanair ? ", s'interroge Pascal Hugo, référent des "Grands-parents pour le Climat" en région Centre-Val de Loire. "Parce qu'ils suivent une boussole forgée pendant les 30 glorieuses où le long terme n'existait pas et où seuls comptaient la croissance et le PIB. Forcément pour qu'une ville soit attractive, il faut être une métropole et avoir un aéroport," analyse-t-il.
"Mais maintenant, ça suffit compte tenu de tout ce qu'on sait notamment la récente synthèse du 6ème rapport du GIEC. Il souligne sans ambiguité que tout retard dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre se répercutera sur les conditions de vie future des jeunes générations."
La synthèse du 6ème rapport du Giec a été publiée le 20 mars 2023. "Quels que soient les scénarios d'émission, le GIEC estime que le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030. Limiter ce réchauffement à 1,5°C et 2 °C ne sera possible qu’en accélérant et en approfondissant dès maintenant la baisse des émissions pour ramener les émissions mondiales nettes de CO2 à zéro et réduire fortement les autres émissions de gaz à effet de serre," peut-on lire sur le site du ministère de la transition écologique.
Avec les politiques mises en œuvre à l'heure actuelle, les températures pourraient monter à 3 voire 4 degrés en moyenne dans le monde d'ici à 2100. Soit beaucoup plus en France.
Certes cette action a mobilisé peu de grands-parents mais pour le petit groupe ce n'est pas si grave. "L'important c'est le message et surtout de donner envie aux autres grands-parents de nous rejoindre et aux jeunes de relancer leur mouvement", explique Pascal Hugo.
"Si il n' y avait qu'une personne mobilisée, j'aimerais être celle-ci" glisse Rodolphe André-Blais, 65 ans qui se présente comme un citoyen en colère. "Et puis on a du monde quand on fait des actions avec les jeunes ou avec d'autres associations comme pour la Vélorution, en octobre 2020"
"Des suventions publiques immorales"
Pour le collectif des "grands-parents pour le climat ", ces subventions publiques sont "immorales", surtout quand "la majorité de cet argent va dans la poche de Ryan Air", s'indigne Pascal Hugo.
En juillet dernier, la Chambre régionale des comptes publiait d'ailleurs un rapport accablant sur la gestion publique de l'aéroport qui a profité aux compagnies low-cost sans entraîner de retombées économiques.
La Métropole, le Département et la Région sont propriétaires de l'aéroport de Tours Val-de-Loire. En 2022, les trois collectivités ont chacune donné plus d'un million d'euros à l'aéroport de Tours. "En 2023, ce sera 800 000 euros chacune", avait annoncé Patrick Michaud, vice-président du Département et du syndicat de l'aéroport, le SMADAIT.
En avril dernier, les élus écologistes de la Ville de Tours avaient dénoncé le projet de développement de l'aéroport,"jugé trop coûteux et contraire à la transition écologique".
"On part sur 25 à 30 millions d'investissements dans les dix années à venir, en plus des subventions que l'on donne déjà tous les ans", alertait Christine Blet, conseillère métropolitaine et adjointe au maire de Tours. Elle a d'ailleurs voté contre le budget de la métropole cette année pour protester contre la gestion de l'aéroport.
Un nouveau délégataire de service public choisi en juillet prochain
En juillet 2023, sera choisi un nouveau délégataire de service public. Soit l'actuel prestataire Edeis soit celui de l'aéroport de Poitiers, Sealar. Outre les vols, le délégataire devra aussi développer le site avec ses bâtiments.
Le choix sera annoncé le jeudi 6 juillet lors du comité syndical pour une entrée en vigueur début 2024.
En 2022, l'aéroport Tours-Val de Loire a accueilli environ 200 000 passagers, ce qui représente 0,1 % du trafic aérien passager français, selon la chambre régionale des comptes.