Une "vélorution", une manif à vélo, a eu lieu à Tours ce samedi 3 octobre contre les subventions versées à l'aéroport de Tours et contre l'essor de l'aviation. Mais la donne politique a bien changé au sein de la Métropole tourangelle et rien ne garantit le maintien des vols commerciaux.
L'association Action Non Violente-COP 21 organise, ce samedi 3 otobre dans une quinzaine de villes de France, des actions pour la réduction du trafic aérien et la reconversion de ce secteur. A Tours, une manifestation de cyclistes, organisée conjointement avec Vélorution, Greenpeace et Extinction Rebellion, est partie vers 10 heures de la place Anatole France en direction de l'aéroport.
Les associations organisatrices estiment qu'"il est urgent d'agir collectivement puisque, au rythme actuel, le trafic aérien double tous les 15 ans et les projets de construction de nouvelles infrastructures aéroportuaires se multiplient dans le monde.
La suppression des subventions à l'aéroport de Tours figure en bonne place parmi d'autres revendications (suppression des lignes court-courrier, suppression de l'exonération de taxes du kérosène ou création d'un vrai plan de développement du secteur ferroviaire).En laissant le trafic aérien retrouver l'expansion qu'il avait avant la crise sanitaire du COVID-19, il sera absolument impossible de respecter l'accord de Paris (...)
La question des subventions (environ 3M d'euros versés par la Région, le Conseil Départemental et la Métropole) va effectivement être au coeur des débats concernant l'aéroport de Tours dans les mois à venir.
Ça grince au Conseil régional du Centre-Val de Loire
Le 11 septembre dernier, au Conseil Régional le groupe écologiste a voté contre une délibération consistant à augmenter la contribution financière de la région au Syndicat Mixte pour l'Aménagement et le Développement de l'Aéroport International de Tours-Val de Loire (SMADAIT). Une contribution régionale portée à près de 1,3 millions d'euros.
? Gardons les pieds sur terre !
— ANV-COP21 Orléans (@AnvCop21Orl) October 3, 2020
Face à la crise climatique, nous sommes contraint·es de réduire le trafic aérien.
La subvention accordée à l'aéroport de #Tours par @RCValdeLoire est irresponsable et finance le crash climatique.
Mobilisation #AvionsATerre #Tours pic.twitter.com/wM6QArfBtP
Dans leur communiqué, ces élus notent que
Il est nécessaire de débattre de l'opportunité de continuer à financer un transport low cost de passagers à l'aéroport de Tours. Plus globalement, le temps est venu d'organiser la régulation et la réduction du trafic aérien, très émetteur de gaz à effet de serre, pour avoir une chance d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris."Plus personne ne semble à l'aise avec le fait que les vols de l'aéroport de Tours soient assurés par la compagnie Ryanair grâce à du financement public. (...)
Et ça coince à la Métropole Tours Val de Loire
Tours Métropole Val De Loire est certes engagée jusqu'en juin 2021 avec Ryanair, mais au-delà...Les élus sont désormais en majorité contre ces subventions (13 euros par passager transporté). Et le Maire écologiste de Tours, Emmanuel Denis, est désormais le Vice-Président, délégué, entre autres, à la politique aéroportuaire.
Le président de la Métropole lui-même, Wilfried Schwartz, déclarait le 29 septembre sur l'antenne de France Bleu Touraine :
"C'est plus d'un million d'euros pour la Métropole. Ce modèle ne peut plus fonctionner sous perfusion d'argent public. Notre travail est de voir si notre aéroport intéresse d'autres compagnies aériennes."
Oui, mais si l'on supprime les subventions, lesdites compagnies vont-elles se bousculer au portillon de cet aéroport? Rien n'est moins sûr. Si la Métropole garantit aujourd'hui le maintien des vols sanitaires et des vols d'affaires, les vols commerciaux, eux, semblent bel et bien avoir du plomb dans l'aile.
Les défenseurs de l'aéroport ne manqueront pas de faire valoir l'impact économique des vols commerciaux sur l'économie tourangelle et le secteur du tourisme en particulier. Gageons que les débats seront particulièrement animés dans les mois à venir...Wilfried Schwartz en donne le coup d'envoi :
"Quand la Métropole met 13 euros de subventions sur chaque billet, il y a bien quelqu'un qui paye. En l'occurence, nous tous. Pourquoi aider l'avion plutôt que le transport ferroviaire ou ceux qui partent en vacances en voiture électrique?"