Un rapport d'expertise confirme ce que la CGT dénonce depuis 7 ans : des déchets contenant de l'amiante ont été trouvés lors de travaux sur d'anciens puits de captage au début des années 2000 sur l'Ile Aucard et sur l'Ile aux Vaches à Tours. La CGT et l'Andeva pensent à une action en justice.
Si on n’avait pas fait nos propres analyses et notre référé expertise, la poussière d’amiante serait encore sous le tapis.
Jean-Jacques Prodhomme, ancien secrétaire CGT des Municipaux à Tours raconte : « Le déclencheur a été la maladie d’un de nos collègues et ami Dominique. C’est là qu’on a tiré la sonnette d’alarme auprès de la mairie. Dominique a déclaré un cancer broncho-pulmonaire en mai 2012. A l’époque, les médecins lui ont demandé s’il avait été en contact avec l’amiante. Il a répondu que non. En fait si mais il ne le savait pas. »
Dominique était électricien à la station d’eau potable de la Ville de Tours sur l’Ile Aucard. Il a travaillé quand les puits ont été refaits. Il a dû creuser des tranchées pour remettre en électricité ces puits réhabilités. C'est pendant ces travaux qu’il aurait été en contact avec l'amiante.
Huit autres agents qui ont travaillé sur ces sites ont été reconnus pour avoir subi un préjudice d’anxiété lié à leur exposition à l’amiante. L’un d’entre eux a un nodule sur un poumon dû à l’amiante « Il vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. La maladie peut se déclencher à tout moment. »
Des travaux de réfection et des déchets amiantés non évacués.
De 2000 à 2009 sur l’Ile Aucard et de 2009 à 2012 sur l’Ile aux Vaches, une campagne de travaux est lancée sur les puits de captage. « Nous savions qu’il y avait de l’amiante dans ces puits. Il faillait les remplacer. Ce qui a été fait », explique Jean-Jacques Prodhomme. Ces travaux ont été réalisés par une entreprise privée.
Ensuite, les déchets amiantés auraient été laissés longtemps sur place. « A l’Ile aux Vaches, ils auraient même servi à faire des remblais autour des nouveaux puits », explique Jean-Jacques Prodhomme.
Une expertise ordonnée en juin 2018
En 2016, la CGT ( Municipaux, Métropole et Union départementale) ainsi que l'ADEVA Centre ( Association régionale des victimes de l’amiante) décident de demander une expertise indépendante des deux sites.
En 2018, ils déposent un référé-expertise auprès du Tribunal administratif d'Orléans. Le rapport vient d'être rendu et confirme la présence de déchets contenant de l'amiante près des anciens puits de captage et d'exploitation d'eau potable sur l'Ile Aucard et sur l'Ile aux Vaches.
Une action à 4 voix
Après l’expertise, la CGT compte maintenant lancer une action en justice « pour que soient établies les responsabilités dans cette mise en danger d’autrui et que soit exigée la dépollution des deux sites .»
La CGT municipaux, la CGT de la Métropole, l’Union départementale CGT et l’ANDEVA Centre ( Association régionale des victimes de l’amiante) se donnent quelques jours pour décider d’un recours en justice. « Nous devons étudier la faisabilité financière de cette action », explique Jean-Jacques Prodhomme.
La dépollution des deux sites coûterait 13 millions d’euros : 11 millions pour l'Ile aux Vaches et 2 millions pour l'Ile Aucard.
Reportage de Flavien Texier, Luc Pérot et Jean Vivian :