Au balcon ou sur les réseaux sociaux : "Pour le 1er mai, les travailleurs seront confinés mais pas baillonnés"

Manifester au balcon ou sur les réseaux sociaux en publiant une photo de sa pancarte avec ses revendications. Les syndicats comme la CGT, l'UNSA, la FSU, Solidaires et FO se mobilisent pour que la Fête du travail du 1er mai se tienne malgré le confinement. 

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1er mai : confiné(e)s, masqué(e)s mais pas baillonné(e)s ! C'est l'appel unitaire dans le Loir-et-Cher.

La CGT du Loir-et-Cher l'assure, "Ce 1er mai sera plus que jamais la journée internationale de lutte des travailleuses et des travailleurs pour leurs droits !"

Avec l'UNSA, la FSU et Solidaires, la CGT 41 lance un appel unitaire pour ce 1er mai inédit. 

"C'est difficile parce que c'est une journée très symbolique pour les travailleurs. Et on voit bien que le confinement n'a pas arrêté le patronnat dans son intention de faire reculer le droit des travailleurs," explique Sébastien Boulanger, un des cinq membres du secrétariat général de l'Union départementale de la CGT du Loir-et-Cher. 

Il poursuit, "Les ordonnances du gouvernement ont permis d'augmenter la durée hebdomadaire de travail. Semaine de 60h, perte des congés ou de RTT imposés dans le privé par des accords d’entreprises...

Les ordonnances doivent être abrogées au plus vite ! 
Je pense que la cocotte-minute est en train de bouillir chez les salariés. Il y a une grogne qui monte dans les entreprises." 

En Indre-et-Loire, Stéphane Deplobin, secrétaire départemental de la CGT 37 reconnaît : "Cela nous perturbe beaucoup. Le 1er mai, c'est la fête internationale des travailleurs.

Et ce sera pareil partout dans le monde j'imagine. On va essayer de s'exprimer quand même mais ce sera différent." 

Une demande de reconnaissance des personnels en première ligne de la crise sanitaire

Personnels de santé, salariés de la grande distribution, aides à domicile, agents de nettoyage, routiers, personnels du paramédical, agents territoriaux : l'alliance syndicale du Loir-et-Cher demande que cette fête du travail leur soit destinée.

"Ils et elles l’ont fait bien souvent au risque de leur santé, voire de leur vie, car l’État n’a pas été en capacité, et ne l’est toujours pas, d’assurer les mesures minimales de protection malgré les grands discours de Macron ou de ses ministres."

L' UNSA, la FSU, Solidaires et la CGT du Loir-et-Cher veulent exprimer leur colère et leur détermination à faire changer les choses : "Ce 1er mai 2020, bien que confiné(e)s, nous porterons des revendications qui sont plus que jamais d’actualité car les applaudissements et les mercis ne suffisent pas !"

Dans le Loir-et-Cher, Force ouvrière exige un test pour tous cas suspects en entreprise

Le secrétaire départemental du Loir-et-Cher, Eric Gondy manifestera seul ce vendredi 1er mai, place de la République à Blois un peu après 11h : " Je manifesterai symboliquement. C'est une journée importante pour rappeler aux salariés qu'ils ne sont pas seuls. Notre rôle est de faire contre-poids. Ce 1er mai sera l'occasion de rappeler notre présence auprès des salariés. " 

La priorité pour Force ouvrière : " Dès qu'il y a un doute, on doit être testé et on isole". C'est le crédo du syndicat depuis le début de la pandémie.

Les représentants syndicaux de Force ouvrière sont intervenus dans plusieurs entreprises du Loir-et-Cher dès début mars pour mettre en garde les directions sur les risques de propagation du virus et la necessité de protéger et de tester les salariés.

" Beaucoup d'entreprises ont pris cette épidémie à la légère. On a vu des gens qui revenaient de Corée, d'Italie ou des Alpes se voir rappeler au travail alors qu'il y avait un risque important qu'ils soient contaminés. Pareil dans un Ehpad du département. Si les syndicats n'avaient pas été là, les salariés se seraient retrouvés seuls avec leur angoisse de devoir choisir entre tomber malade ou être licenciés," raconte Eric Gondy. 
 



Les craintes du déconfinement : "nos vies avant leurs profits"

Pour Eric Gondy de Force ouvrière 41, ce 1er mai sera l'occasion de rappeler que redémarrer l'économie ne peut pâs se faire au détriment de la santé des citoyens. " Si on met ça de côté et qu'on redémarre, on prend un énorme risque pour la suite avec la propagation du virus". 

Les élus syndicaux constatent que les salariés sont stressés par l'annonce de la fin du déconfinement : "Cette date du 11 mai, on voit bien que c'est le signal donné aux salariés qu'ils doivent reprendre le travail même si les conditions de sécurité sanitaire ne sont pas réunies," explique Sébastien Boulanger de l'UD CGT 41.

"Il y a des entreprises où ce sera impossible de respecter les gestes barrière. Prenez l'exemple des chaudronniers.

Avec le bruit des ateliers et les casques sur les oreilles, ils ne pourront pas respecter un mètre de distance pour se parler. Et ce n'est qu'un exemple.

Quid des open space, des petits bureaux où les salariés ont peu d'espace ?


Stéphane Deplobin de l'UD CGT 37 complète : "Il y a des milliards distribués aux entreprises. Qui va payer l'addition ? On doit rester vigilants." 

Les syndicats ont une grande crainte : que les salariés paient le prix fort après l'épidémie. "L'économie doit être au service de l'être humain, pas au service de quelques uns qui veulent faire du profit.

On appelle surtout à protéger la population contre la propagation du virus avant d'envisager une reprise économique. L'économie reprendra en temps voulu",
annonce Sébastien Boulanger de l'UD CGT 41. 

Stéphane Deplobin en Indre-Loire est inquiet pour la suite :  Le problème c'est de savoir ce que va imposer le patronnat aux salariés après la crise."

Et il a ajoute : "Il faut absolument que soient définitivement retirés le projet de réforme à points mais aussi celui de l'assurance chômage. Beaucoup de salariés risquent de perdre leur emploi et avec cette réforme ce sera une catastrophe sociale. " 

La CGT appelle à se mobiliser jusqu'au 11 mai, date du début du déconfinement. 

Appel à manifester sur les balcons et les réseaux sociaux avec le mot d'ordre : "le jour d'après"

En ce 1er mai inédit, la CGT appelle les travailleurs à inventer "le jour d'après" la crise sanitaire et à exprimer différemment leurs revendications avec des pancartes au balcon ou sur les réseaux sociaux :

"Le 1er mai, et jusqu’au 11, soyons visibles, solidaires, déterminé(e)s. Nous ne paierons pas la crise générée par des choix politiques d’un système capitaliste mortifère. Pour que le monde d’après soit celui qui transforme la société pour la rendre plus juste et plus solidaire !"

"Chacun peut exprimer son souhait pour "le jour d'après" mais dans un contexte syndical. On a déjà reçu quelques images qu'on va diffuser sur notre site et sur nos réseaux sociaux le 1er mai," e
xplique Stéphane Deplobin de l'UD CGT 37.  

Comment faire pour participer au 1er mai confiné ? 

La CGT a mis à disposition sur son site des pancartes déjà remplies ou vierges que chacun peut imprimer.

Ensuite le manifestant confiné peut se prendre en photo avec et la publier sur les réseaux avec le #1maicgt  ou la mettre sur son balcon ou sa terrasse. 
 
Histoire du 1er mai : des origines américaines à la Fête du travail chômée en France
  • Le 1er mai 1886, 200 000 travailleurs américains obtiennent la journée de 8 heures. Les syndicats portaient cette revendication depuis le 1er mai 1884. En effet, la date du 1er mai était un symbole. Elle correspondait alors au premier jour de l’année comptable des entreprises
Le 1er mai 1886, tous les travailleurs n’ont pas obtenu satisfaction. Une grève démarre et de violents affrontements éclatent à Chicago. Le 3 mai, trois ouvriers trouvent la mort. Le 4, une bombe explose et fait quinze morts parmi les policiers. Elle conduira trois ouvriers à des peines de prison à perpétuité et cinq à la pendaison. Face aux preuves incertaines, ils seront finalement réhabilités.
  • En Europe, le premier 1er mai a lieu en France pour la journée de huit heures en 1890
L’idée d’une journée annuelle de revendication naît à la même époque en Europe. Le premier 1er mai se déroule en 1890 en France. Les ouvriers défilent pour demander la journée de huit heures. Ils portent un triangle rouge à la boutonnière. Ses trois côtés symbolisent le partage du temps entre le travail, le loisir et le sommeil.
  •  Le 1er mai devient un jour de manifestation ouvrière en France : le 1er mai 1919, la loi légalise la réduction du temps de travail à huit heures par jour.
  • Un jour férié depuis 1948
Le 26 avril 1946, le gouvernement reconnaît officiellement le caractère chômé du 1er mai. Il n’est dès lors plus un jour de grève. Il tourne aussi la page du régime de Vichy en le rendant définitivement aux travailleurs. En 1948, il devient férié et chômé.
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