Ce week-end avait lieu la dixième édition de Biotyfoule, le salon des vignerons bio de la région Centre-Val de Loire, à Tours. L'occasion d'évoquer le manque d'informations sur les étiquettes des bouteilles de vin. Un flou qui interroge les viticulteurs.
C'est l'un des seuls produits alimentaires dont l'étiquette ne comporte par les principales composantes. Le vin bio d'artisan, à l'honneur à Tours samedi 30 novembre et dimanche 1er décembre à l'occasion de la dixième édition du salon Biotyfoule, peut ainsi être confondu avec du vin plus industriel, vendu en grande surface par des coopératives.
"Il y a un gros flou autour des étiquettes. On ne peut pas voir la différence entre l’agro-alimentaire et des petits vignerons comme nous", regrette Cyril Sevin, vigneron à Mont-prés-Chambord (Loir-et-Cher)."Des viticulteurs regrettent ce flou", explique Julie Joyez, chargée de communication pour le Gabbto (Groupement des agriculteurs biologiques et biodynamiques de Touraine), organisateur de l'événement. Seule obligation : indiquer si le vin contient des sulfites ou non. Mais la quantité n'a pas à être précisée.
"Des vins d'auteur"
Ces agriculteurs sont mûs par une envie d'être transparents par rapport au consommateur. "Il faudrait marquer tous les intrants, même les doses du sulfite, ce serait intéressant et plus clair pour le consommateur", demande Olivier Bellanger, viticulteur à Monthou-sur-Cher (Loir-et-Cher), qui dit concevoir "un vin d'artisan avec un minimum d'intrants".
Stéphane Delettre, lui à Bourgueil (Indre-et-Loire), fabrique lui aussi un vin dit "naturel", selon lui au-delà du "bio", dont la croissance est impressionnante depuis quelques années et qui va devenir la norme. "J'essaie de faire un vin le plus digeste possible avec un aspect sanitaire le plus satisfaisant pour le dégustateur pour tespecter au mieux la vendange, la matière première avec le moins d’intrants possibles. Plus la matière première est belle, moins on a besoin d'ajouter d'intrants."
Quelles alternatives ?
Ces "petits vignerons" misent donc tout sur la confiance. "Je vends quasiment tout directement à des gens. Je ne mets pas de vin en grande surface. Je ne fais pas une vente impersonnelle de mon vin. Tout est basé sur la confiance. En direct, vous avez affaire au consommateur, qui va poser des question et pouvoir aller plus loin que ce qu’il y a sur l’étiquette", poursuit Cyril Sevin. Pour Julie Joyez, "ce sont des vins d'auteur, qui ressemblent aux personnalités des vignerons, à leur philosophie".
Ces viticulteurs peuvent ajouter une contre-étiquette à celle où rien n'y figure. C'est le cas de Stéphane Delettre pour son pétillant naturel (Cabernet franc). L'avantage, c'est "qu'on peut écrire ce que l'on veut dessus", explique Cyril Sevin, qui conclut. "Mais pas sûr que beaucoup de vignerons aient envie d'un roman sur chaque étiquette."