Le 14 septembre, une bande-dessinée sur Tours sortira dans les librairies. Elle s'intitule "De Caesarodunum à la Révolution". Le premier tome parcourt l'histoire tourangelle de ses origines au 18ème siècle. La suite sortira l'an prochain.
Bien connues pour leurs docu-fictions, les éditions normandes "Petit à Petit" ont déjà publié plus d’une trentaine d’albums de villes. C’est le tour de… Tours, notre belle endormie. Et pour ce faire, elles ont contacté neuf dessinateurs locaux, un journaliste et un professeur d’histoire du lycée Balzac, Cédric Delaunay.
Parmi les auteurs et autrices, Cynthia Thiery, une jeune femme très remarquée pour son dernier album sur la reine Elizabeth II, sorti en juin. Après avoir côtoyé des monuments de la BD (Florence Cestac, Joann Sfar, Riad Sattouf, Lewis Trondheim... entre autres) au cours de son apprentissage, l'artiste n’osait pas franchir le pas de signer son propre ouvrage. Heureusement, le confinement lui a redonné l’envie de reprendre ses pinceaux ! Elle s’attaque ici au troisième chapitre de l'album, la vie de Martin de Tours. Dans Tours, de Caesarodum à la Révolution, chaque histoire compte cinq à sept pages.
Fin 2021, l’atelier Pop a été sollicité pour participer à l'aventure. Stéphanie Lezziero, une illustratrice jeunesse, autrice de Trois pas de danse en section jeunesse, répond à l’appel. Elle raconte : "Tourangelle de naissance, j’ai choisi la partie qui traite du basculement de la ville dans la modernité. La mise en architecture de la rue nationale m’a tout de suite plu. Tours a énormément changé. Je devais dessiner l’hôtel de ville, et là, j’ai dû faire des recherches en plus des documents fournis, sur le lieu où se faisaient les assemblées à l’époque. Je suis plus à l’aise sur les personnages, mais cela m’a amusée de me confronter à ces contraintes architecturales." Son chapitre se penche sur le projet royal d’urbanisation de l’intendant François Cluzel au 18e siècle. L’artiste a su croquer avec brio la construction du futur pont Wilson, toujours appelé aujourd'hui "pont de pierre" par certains tourangeaux.
Au fil des pages, si l’on se perd parfois dans le scénario un peu trop dense, chaque lecteur trouve un style graphique à son goût. Pour faciliter la lecture, le scénariste Guillaume Fischer a choisi de suivre deux familles ennemies : les Ursus et les Sanctus, qui deviendront les familles La Hoursinière et Saint Nitrame, des personnages que l’on suivra de l'an 31 à nos jours. "Je voulais rendre l’histoire de Tours passionnante et accessible", indique Guillaume Fischer. "C’est volontairement grand public. J'ai zoomé sur des professions et des personnages emblématiques pour focaliser sur le fait que Tours a été la capitale de la France en 1500. La ville possède un patrimoine historique exceptionnel en France."
Pour Guillaume Fischer, historien, écrivain et journaliste, s’attaquer à la dramaturgie en BD est une première. "Faire un scénario, c’est un peu comme un film. Il faut des conflits et des rebondissements, d’où le choix d'une saga familiale". Et bien-sûr tout au long, on retrouve le manteau de St Martin, sans évoquer la traditionnelle dépouille subtilisée aux Poitevins. L’auteur s’octroie également quelques libertés avec l’Histoire, comme avec la bataille de Poitiers : dans la BD, Charles Martel combat à Ballan-Miré. Une épopée fabuleusement relatée, grâce aux dessins de Gilles Le Coz. Mais selon les historiens, le lieu de la bataille se situerait plus près de Châtellerault. Elle aurait même été indiquée en Mayenne, selon le blog Persée. Mais qu’importe, si cela sert le récit.
"J’avais envie de reconstituer une scène de bataille depuis longtemps, relate Gilles Le Coz. Là, j’étais servi." Ces dernières années, il avait levé le pied pour s’attaquer à un travail plus personnel : des recherches à l'encre de Chine, proches de la calligraphie (Yo-yo Post mortem).
"Pour ce projet, j'étais le premier à choisir. Le documentaliste avait amené quelques photos, poursuit l’auteur. Mais outre internet, je me suis référé à des livres d’époque que j’avais. Je me suis replongé dedans avec délice. Quand j’étais enfant, on faisait des wargames et pour avoir une cohérence historique, on achetait des bouquins. Quand il a fallu savoir ce qu’ils portaient à l’époque, je les ai rouverts. Ils étaient recouverts de poussière. Il y a bien des représentations d’époque de la bataille de Poitiers, mais si l’on va dans le détail pour voir les boucliers, les armes, etc ...c’est pas assez détaillé. La série Vikings m’a également été utile."
Après avoir lu les pages de Gilles Le Coz, on ne regarde plus la tour Charlemagne de la même façon : "Moi aussi j’ignorai qu’une reine était morte à l’endroit", précise l'artiste. En l'occurrence, une des épouses de l'empereur carolingien.
Lors des autres chapitres, on revisite d’autres aspects de l’histoire tourangelle. La BD sortira mercredi 14 septembre dans les librairies. Vous aurez trois jours pour lire ce premier tome, avant de rencontrer les auteurs lors des séances de dédicaces du festival "A Tours de Bulles", organisé du 16 au 18 septembre.