A l’occasion du Japan Tours Festival, découvrez celles et ceux qui font vivre la culture millénaire du Japon en Touraine, que ce soit dans le milieu associatif ou professionnel.
Le geste est souple, mais le regard est grave. Tenu à la verticale entre trois doigts, le pinceau trace, s’arrête, revient, se pose à nouveau. Sur la feuille de papier de riz, Jean-Marie Rameau vient de calligraphier trois kanji, les idéogrammes de l’écriture japonaise.
“Il y a beaucoup de points communs avec les arts martiaux”, explique cet élève appliqué, qui fut pendant vingt-cinq ans pratiquant et professeur de karaté. “A savoir cette rigueur et cet état d’esprit qui ne tolère pas les approximations. C’est une philosophie de vie.”
"Je serai certainement meilleur dans une autre vie !"
Le maître de cette philosophie, c’est Reiko. Artiste aux talents multiples, également adepte du sumie (peinture à l'encre) elle a cofondé il y a une dizaine d’années l’association Hinodé, qui vise à faire connaître l’art et la culture de l’archipel en Touraine. “Ma mère est maître de calligraphie japonaise, donc quand j’étais petite j’étais un peu obligée de le faire !” admet-elle.Si les principaux kanji sont enseigné à l’école, cela peut prendre toute une vie pour les maîtriser. En tout cas les étudiants ont bien intégré ce principe, à l’image de Jean-Marie : “Le tout c’est de progresser : je serai certainement meilleur dans une autre vie !”
Retrouvez ce reportage réalisé par B. Mallen, F. Simoès et monté par F. Belzeaux
Cette initiation aux arts traditionnels est d'ailleurs loin de se limiter à la calligraphie. "On organise tout au long de l'année des cours de langue japonaise, des ateliers d'ikebana (arrangement floral) de cérémonie du thé", énumère Xavier de Maillard, l'un des membres les plus actifs. Des ateliers qui sont également présentés au public lors de conventions, comme le Japan Tours Festival 2020.
Rillettes de Tours et soupe miso
A quelques kilomètres de là, à Veigné, Takayoshi Hirai incarne une autre facette de la culture nipponne à travers son entreprise, Sanga. Cet ancien professeur de mathématiques s’est reconverti dans la préparation d’ingrédients de cuisine traditionnels, comme le miso.Cette pâte composée de riz fermenté (le koji), de soja cuit et de sel est l’un des principaux ingrédients de la gastronomie japonaise. On le laisse fermenter pendant un an avant de l’utiliser notamment dans la célèbre soupe miso, servie dans la plupart des restaurants asiatiques.
Régulièrement, Takayoshi et son épouse Akiko vendent sur les marchés de Touraine le résultat de leur production annuelle. Parmi leurs clients, on retrouve des restaurants, bien sûr, mais aussi des particuliers qui n’hésitent pas à tenter des expérimentations culinaires, comme manger le miso sur une tartine de pain. De là à le mélanger aux célèbres rillettes de Tours, il n'y a qu'un pas !
Une communauté petite mais active
En Touraine, ils seraient "une quarantaine", d'après l'association Hinodé, à représenter la communauté japonaise. Leur point commun : un passage par le lycée japonais de la fondation Konan en Touraine, qui a accueilli pendant plus de vingt ans des élèves de l’archipel. Installé à Saint-Cyr, il a fermé ses portes en 2013 pour raisons économiques.Malgré cela, les arts traditionnels continuent à vivre par le biais d’une poignée de passionnés, et par celles et ceux qui continuent à être fascinés par cette culture à la fois si lointaine et si proche.