En s'inspirant de méthodes notamment utilisées pour aider les combattants de retour d'opération et les sportifs de haut niveau, le collectif Rend-fort veut aider les soignants à tenir le choc face à la crise, à la fois physiquement, mentalement et émotionnellement.
"Comme on est confinés, et qu'on a beaucoup de temps, on s'est dit qu'on allait se rendre utile." Au téléphone, Nicolas va droit au but, avec l'allure d'un sprinteur. Ce moniteur de sport de la base aérienne de Tours et deux de ses collègues ont rejoint l'initiative "Rend-fort" dès sa formation, au début de la crise du coronavirus. Leur objectif : soulager les soignants en première ligne depuis plus d'un mois.
Lignes de front
Fondé par plusieurs experts, dont l'ancienne médecin en chef du service de santé des Armées Edith Perreaut-Pierre et un général de corps aérien, le principe de "Rend-fort" est simple. Le collectif propose de mettre en oeuvre avec les soignants des méthodes de gestion de la fatigue physique, mentale et émotionnelle qui ont fait leurs preuves auprès des forces armées.Ces TOP (pour Techniques d'Optimisation du Potentiel, car l'armée adore les acronymes), ont été mises au point par le docteur Perreaut-Pierre dans les années 90. Mélange d'exercices de respiration et d'autosuggestion, elle a été systématisée depuis 2009 au sein du dispositif de soutien psychologique de l'armée de terre, utilisé notamment pour accompagner les soldats de retour d'Afghanistan.
"La méthode TOP se base sur la respiration, l'imagerie mentale...", énumère Nicolas. "C'est utile pour gérer son stress, sa fatigue, ses émotions. Il y a aussi des méthodes pour faire plus facilement la transition entre le travail et la maison, quand on rentre chez soi et qu'on est épuisé, on appelle cela la déconnexion flash."
200 professionnels bénévoles
Rend-fort a mis en place une ligne unique, que les soignants et les institutions peuvent contacter afin d'être mis en relation avec un intervenant local. Parmi ces derniers, on retrouve des moniteurs formés à la méthode TOP, comme Nicolas, mais aussi quelques psychologues et même une cinquantaine de professionnels du chant. En tout, ils sont entre 150 et 200 professionnels bénévoles à avoir intégré le collectif depuis le début de la crise.Une fois mis en contact avec un intervenant, la séance se déroule en présentiel ou par visioconférence. "Il y a six types de séances, qui vont de la plus simple, environ 5 minutes, à la plus longue qui peut atteindre les 30 minutes." Pour chaque séance, définie en fonction des besoins de l'interlocuteur, le but est le même : transmettre des moyens et des outils simplifiés aux soignants, afin de leur permettre de tenir un peu mieux le choc. A l'heure actuelle, selon le collectif, 744 personnels de santé dans 28 établissements différents ont pu être formés.