CULTURE. Exposition "Magies d'ailleurs" : à la découverte des rituels et sacrifices d'Afrique subsaharienne

Avec Magies d'ailleurs, exposition présentée jusqu'au 7 janvier 2024, l'Hôtel Goüin de Tours nous invite à une incroyable immersion dans l'univers mystique des pays d'Afrique Noire. La très riche collection du Docteur Philippe Charlier, commissaire de l'exposition, offre des clés pour saisir les rituels de magie ou de sorcellerie.

Près de 130 pièces, masques, fétiches et costumes, issus de la collection privée du Dr Philippe Charlier, sont présentées sur les 3 étages de l'Hôtel Goüin, propriété du Conseil Départemental d'Indre-et-Loire.

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Médecin légiste de formation, Philippe Charlier est également archéologue et anthropologue. Il dirige le laboratoire Anthropologie, Archéologie, Biologie (LAAB) de l'Université Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines.

Surnommé l''Indiana Jones des cimetières", il s'est rendu célèbre en "faisant parler" les restes de célébrités, Agnès Sorel ou Foulque Nerra, Richard Coeur de Lion ou Diane de Poitiers...

Il n'est pas moins passionnant lorsqu'il évoque les rituels "magico-religieux" de l'Afrique Subsaharienne.

"La magie doit être comprise comme étant un moyen d'établir un lien, le plus pragmatique possible entre les forces qui nous échappent, qui peuvent être le destin, les dieux, les éléments, les ancêtres, et nous, les humains. C'est aussi une façon de lutter contre la maladie, souvent vécue comme un mauvais sort, un sortilège, un démon entré en vous. Ou contre la mort, en passant un marché pour essayer de la repousser temporairement."

Une façon d'organiser le chaos

Aucun jugement, pas d'a priori négatif, encore moins de moquerie ou de sensationnalisme, la démarche est celle de l'anthropologue qui tente de comprendre les rituels. Montrer comment la magie, en créant des coutumes tantôt rassurantes (magie positive) ou effrayantes (sorcellerie), renforce le lien émotionnel entre les participants.

Face à l'inconnu (maladie, mort, lendemain), les rituels sont une façon d'organiser le chaos, de "savoir quoi faire", d'éloigner la peur et d'affronter les épreuves. Ils donnent des moyens d'expliquer l'inconnu (ou du moins d'avoir l'impression de le dominer), de se rassurer, de proposer parfois un sens à la vie.

"Atteindre l’âge adulte, s’insérer au sein d’un groupe ou au contraire se distinguer, adorer les divinités, soigner le corps malade ou impur, dialoguer avec les esprits et les morts, unir deux êtres ou deux clans, gérer les naissances et affronter les funérailles autant de contextes différents dans lesquels la magie trouve légitimement sa place."

Le vaudou béninois, une religion à part entière

Si le sang et les plumes de poulet sont effectivement une composante des sacrifices rituels, ici point de poupées percées d'épingles, mais des fétiches :

"Les poupées existent dans le vaudou haïtien, qui est un mélange entre des religions traditionnelles de l'Afrique et le christianisme du catholicisme romain. Un syncrétisme commencé avec le transfert des esclaves dans le commerce triangulaire dès 1504, explique Philippe Charlier. Le vaudou béninois dont il est question ici est une religion à part entière, avec son clergé, ses textes saints, et tout un panthéon avec des divinités, des fétiches."

Les fétiches sont des êtres vivants à part entière, porteurs d'une énergie propre à protéger la communauté des vivants ou à lutter contre les forces du mal. Et c'est le sang, animal ou humain, dont il est aspergé, qui le fait passer du statut d'objet inerte à celui d'être animé. Une charge magique (dents, ossements, cheveux,etc), souvent cachée à l'intérieur du fétiche, peut en augmenter le pouvoir et la puissance.

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