Sur le site des anciennes casernes de Beaumont, à Tours, une fouille inédite a permis de découvrir les vestiges d'une abbaye bénédictine fondée il y a près de 1000 ans.
C'est une fouille inédite en France et peut-être en Europe, à en croire la vingtaine d'archéologues qui travaillent quotidiennement sur ce site d'exception de 6,5 hectares.
En plein centre-ville de Tours, sur un terrain qui accueillait, jusqu'en 2019, les casernes de Beaumont-Chauveau, des archéologues de l'INRAP (Institut national des recherches archéologiques préventives) ont été missionnés pour tenter de mettre à jour une immense bâtisse médiévale.
Une exploration rarissime
Jusqu'à la Révolution française, trône sur ce terrain, la plus grande abbaye bénédictine de Touraine. Construite au XIe siècle, elle recèle de véritables trésors pour ces chercheurs : "Les archives n'étaient pas forcément bien conservées. Tout l'intérêt, c'est d'avoir ce qu'on appelle des "archives du sol". On va aller extraire les données qui sont des poteries, des squelettes, des murs, des morceaux de sol, des carrelages et on va essayer de les faire parler et de reconstituer une histoire des lieux", explique Philippe Blanchard, archéologue à l'INRAP et responsable des fouilles.
Fait rarissime, les chercheurs ont pu mettre à jour l'intégralité de l'édifice et avec elle les mémoires d'une époque révolue : "Ici, on a quatre caves avec un escalier d'accès, dans la cave, on a un puits qui très probablement permettait d'aller chercher de l'eau depuis le rez-de-chaussée", montre le responsable.
Des centaines de sépultures
La fouille a également permis de découvrir près de 300 sépultures et de nombreux squelettes. "On garde les ossements un certain laps de temps pour pouvoir les étudier. On essaie de savoir l'âge, le sexe des défunts, voir s'il y a des pathologies qui marquent le squelette et la date de leur décès ", détaille l'archéo-antrhopologue Jérome Libet.
Le site sera ouvert aux visiteurs à l'occasion des journées européennes de l'archéologie. D'ici à quelques mois, les ossements seront envoyés au dépôt d'État d'Orléans où ils serviront de documentations pour des recherches à venir.
Article initialement publié le 06/06/2023