Deux nouveaux "Territoires zéro chômeur longue durée" en Centre-Val de Loire : zoom sur les quartiers Velpeau et Sanitas à Tours

Après Bléré et Blois, c'est au tour de Bourges et de Tours d'être habilitées "Territoire zéro chômeur longue durée". Leurs projets ont été validés par l'Etat ce mercredi 13 décembre. À Tours, l'habilitation concerne les quartiers Velpeau et Sanitas. On vous explique comment ça marche.

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"Maintenant qu'on est habilité, on a cinq ans pour réussir le challenge ! On va trouver ou créer de l'emploi en CDI pour 300 personnes au chômage depuis plus d'un an et qui sont volontaires". Thierry Lecomte, adjoint au maire délégué à l'emploi, l'insertion et à la formation professionnelle à la Ville de Tours appartient à l'équipe qui a défendu ce projet depuis le début. 

À Tours, l'expérimentation concerne 300 personnes privées durablement d'un travail dans les quartiers Sanitas et Velpeau. Elle se déroule en deux temps : d'abord, l'action du comité local de l'emploi puis l'EBE, l'entreprise à but d'emploi. 

Le comité local de l'emploi est présidé par le maire de Tours, Emmanuel Denis. Il réunit l'ensemble des acteurs locaux de l'emploi sur le territoire. Le comité cherche des solutions sur le marché de l'emploi local. "Nous pensons que nous allons trouver une solution pour 180 personnes par ce biais", annonce Thierry Lecomte.

Dans un second temps, les 120 personnes qui n'ont pas trouvé d'emploi durable avec le comité local intègre automatiquement l'entreprise à but d'emploi. "La première solution est d'accompagner par la formation vers un CDI sur le marché de l'emploi. L'entreprise à but d'emploi est un filet de sécurité", précise l'adjoint à l'emploi. 

"Faire entreprise autrement"

L'entreprise à but d'emploi est portée par l'association Co-Hop' à Tours et devrait lancer ses activités au printemps 2024 Louis Mirault au niveau de la Rotonde, à côté des locaux d'Emergence, au Sanitas, le long de la voie ferrée. Des bâtiments achetés par la Ville qui appartiennent à la SNCF. 

"On fait entreprise autrement en créant des emplois non concurrentiels sur le secteur", explique Delphine Benedetti, bénévole et chargée de communication pour l'association Co-Hop. "On propose des CDI à temps choisi. Les personnes qui veulent aller voir ailleurs pendant un temps pourront revenir. Ça demande une agilité particulière dans l'équipe de direction. On ne flexibilise plus le travail. On flexibilise le rapport au travail. C'est une façon de retourner la table qui est innovante." 

15 équivalents temps-plein seront créés au printemps. "Leurs visages, leurs noms et leurs compétences font déjà partie du dossier d'habilitation". Ils seront 35 en fin d'année 2024. L'objectif est de pouvoir accueillir 122 ETP en CDI dans 5 ans. 

La seule condition est que ces personnes habitent le quartier Velpeau ou Sanitas depuis plus de six mois et qu'elles soient éloignées de l'emploi depuis plus d'un an.  

Des activités créées non concurrentielles 

L'entreprise à but d'emploi proposera quatre unités de production : le recyclage, le végétal, l'aide à domicile et l'aide aux mobilités. 

La première activité sera Recycl'hop qui permettra de collecter des jouets et des articles de sport. "Nous travaillons avec le partenaire Veloop à Tours qui reconditionne des vélos mais ne sait pas quoi faire des selles. Nos salariés vont fabriquer des selles avec du cuir recyclé. Elles seront ensuite vendues dans des boutiques éphémères", présente Delphine Benedetti. 

La deuxième activité s'appelle Végét'hop. Des ateliers et des initiations au jardinage seront proposés dans deux friches urbaines du Sanitas. "Au début, nous vendrons nos ateliers avec une personne spécialisée dans le végétal et l'urbain et on vendra les graines après nos récoltes." 

La troisième activité est Quotid'hop : Une laverie classique avenue Grammont a des demandes pour transporter du linge pour des personnes âgées, un peu de couture à faire, des métiers du quotidien qui peuvent aider. 

La quatrième activité est Mobil'Hop, un vélo taxi électrique pour les personnes âgées qui sont à domicile, mais ont des difficultés à marcher, des personnes en Ehpad qui veulent aller en ville ou chez leur médecin. "On a plein de demandes sur le territoire de ce service. On est en campagne de financement pourra acheter le premier vélo qui coûte 12 000 euros." 

Une rémunération au SMIC

Les personnes salariées par l'entreprise à but d'emploi sont rémunérées au SMIC. L'État verse 18 000 euros par ETP pour cinq ans. Le département complète à hauteur de 15%. 

"Une personne sans emploi depuis plus d'un an coûte plus cher que de la rémunérer au SMIC. Que ce soit du point de vue fiscal, médical, psychosocial... Au-delà de l'aspect humain, il y a un intérêt économique à donner du travail aux personnes privées d'emploi " , tient à rappeler Thierry Lecomte, adjoint à l'emploi à la Ville de Tours. 

Les quartiers Velpeau et Sanitas 

Le Sanitas est le quartier le plus pauvre de la région Centre-Val de Loire avec un taux de chômage d'environ 16%. Le quartier Velpeau compte 5,5% de personnes à la recherche d'un emploi. Le revenu moyen va du simple au double entre les deux quartiers. 

"L'initiative vient du Sanitas où la majorité de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Ensuite, on a ajouté le quartier Velpeau pour créer un lien dynamique entre les deux quartiers. Dans le quartier Velpeau, il pourrait y avoir une demande de services que va proposer l'entreprise à but d'emploi" confie Thierry Lecomte. 

En faire une norme au niveau national

L'expérimentation Territoire zéro chômeur longue durée est née en 2016. Depuis, 63 habilitations ont été délivrées dans toute la France et 4 000 personnes ont retrouvé un emploi en CDI.

"Beaucoup d'argent est dépensé pour la lutte contre le chômage, mais ça ne marche pas. Là, l'idée est de donner le pilotage au maire au plus près du terrain. L'expérimentation est réussie s'il n'y a plus de chômeurs de longue durée sur un territoire. On est dans une logique de droit à l'emploi. On ne laisse personne sur le bord du chemin", rappelle Thierry Lecomte. 

Pour les porteurs du projet, le challenge est local, mais aussi national : "L'objectif est de montrer que ça marche de manière à l'étendre sur l'ensemble du territoire français et que ne soit plus une expérimentation. Nous souhaitons en faire une norme qui s'imposerait pour ne plus avoir de personnes privées durablement d'emploi." 

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