Depuis son lancement à Tours en 2015, la Dreamhack française a pris du galon, et ça se voit.

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Petit festival deviendra grand... La Dreamhack, c'est une histoire double. Celle qui commence en 1994, en Suède, et qui réunit chaque année les joueurs du monde entier dans la petite ville de Jönköping. Et celle qui commence en 2015, à Tours, avec Jean-Christophe Arnaud.

A l'époque, la ville l'approche pour organiser un festival de sport électronique. "Je leur ai dit très rapidement : c'est pas possible. Aucune marque nationale ou internationale ne se déplacera en région pour faire un salon... sauf si tu as un nom." La Dreamhack, elle existe. Elle est même plutôt attendue en France, après avoir tourné à Valence ou Bucarest.

"Je suis revenu vers la ville en leur disant : j'ai une idée... mais j'ai pas les fonds !" Tours Événement noue un partenariat avec Dreamhack. La ville prend le risque financier de soutenir l'événement, notamment en louant le Vinci.

Tours et le Seigneur des Anneaux


Jean-Christophe Arnaud, au milieu, joue les prestataires et les intermédiaires. Lui, il a fait ses classes pendant 10 ans à l'Electronic Sports League, l'autre grande marque de l'e-sport. Il amène derrière lui son réseau, en particulier de marques partenaires. Qu'il va falloir faire venir jusque Tours. Un pari moins compliqué que prévu.

"On proposait Tours en disant à l'époque que c'était les Terres du milieu de France, place Jean-Christophe Arnaud. On est dans le centre, bien desservi en TGV et aéroports, les gens pouvaient venir de Marseille, de Londres... C'est important aussi pour nous de ne pas toujours tout ramener à Paris. Et puis, les Suédois s'en fichent, que ce soit la 19ème ville de France. Jönköping, c'est 69 000 habitants !"

L'audace paie : 9 000 visiteurs l'an dernier, et 9 millions de téléspectateurs derrière les retransmissions des compétitions e-sport. Côté LAN party, l'immense session de jeu en réseau, on table cette année sur environ 1700 joueurs. Et quelques têtes d'affiche.


Les gros chiffres


"On a huit équipes internationales qui viennent pour le gros tournoi, la Dreamhack open. On leur paye le billet d'avion, la nourriture, ils veulent une salle de sport en bas... Eux, c'est vraiment des stars."

Parmi elles, l'équipe Envyus, basée aux Etats-Unis mais composée de cinq Français. Et les cashprize suivent : pour cette édition, 170 000 euros en tout, dont 100 000 aux vainqueurs de la Dreamhack open sur Counter-Strike: Global Offensive.

Il faut dire que cette édition est d'une ampleur un peu particulière. Déjà, les chiffres ont gonflé un peu depuis 2015. Le nombre de joueurs a presque doublé, le budget aussi. Et cette année, la Dreamhack a été un défi à sortir de terre. Le Palais des expositions, nouvelle maison des gamers du monde pour le weekend, est une page blanche. 

"Au Vinci on ne se posait pas la question de savoir si il y aurait de la lumière sur scène, du son, une estrade... Tout était fait, et par des gens qui savent le faire. Là on a tout construit ex nihilo. C'était 10 000 m² de plat, pas une prise, rien !"

Mais ce weekend tout est là. La cafétéria, les stands d'exposition, les écrans géants, les lignes interminables de tables de la LAN Party... 300 à 400 personnes y ont travaillé. Dans ce monde sorti de terre, toujours beaucoup de 15-34 ans. Mais un peu plus de femmes, chaque année, et un peu plus de familles, pour un événement qui a su "s'ancrer dans le local". Mais peut-être pas pour longtemps.

La Dreamhack ira-t-elle rayonner plus loin ?


La Dreamhack française, elle est plutôt disputée maintenant. Très disputée en fait. "Il y a un mois, on est passés à Marseille, si c'était pas là, c'était Los Angeles ou Rio", révèle Jean-Christophe Arnaud. Mais Marseille met dans la balance le soutien de la ville, de l'agglomération, et de la région PACA, qui dispose de gros budgets pour les événements de genre.

Chez nous, un chaînon est manquant : l'agglomération, hormis pour un clip vidéo, n'a pas su convaincre ses 18 maires de s'associer à la Dreamhack. Malgré son président, Philippe Briand, et malgré le maire de Tours, Christophe Bouchet, tombé sous le charme de l'événement dès avant son élection. Il était alors en charge du rayonnement de la ville.


Du charme, la Dreamhack, festival nouveau-né devenu grand rendez-vous, en a pas mal.

"La Dreamhack ça reste la grande fête. Je parlais de woodstock numérique, pour moi c'est exactement ça. Y'a des gens à la LAN là, ils jouent même pas ! Ils posent leur PC, ils regardent Netflix, ils regardent ce qu'il se passe sur les scènes – au lieu d'y aller à 20 mètres. Ils se retrouvent entre potes, c'est très important parce que c'est beaucoup de joueurs du net. Ils jouent toute l'année ensemble, et ils ne se voient jamais et là ils peuvent faire la fête, boire un coup, et puis surtout se retrouver, se taper dans la main un peu comme les pros..."

En France, en 2016, le domaine de l'e-sport représentait plus de 1,4 million de téléspectateurs, selon l'Association Française du jeu vidéo. La fête, en vraiment grand.

 

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