"Cette discipline mérite d'être plus connue", Antonin Landreau premier champion du monde de Ping VR

Originaire de Cholet, le jeune homme de 20 ans a décroché l'or à Helsingborg, en Suède, ce jeudi 27 novembre. Rencontre avec ce tout premier champion du monde de tennis de table en réalité virtuelle.

Dans quelques minutes, Antonin Landreau va enfiler sa casquette d'entraîneur. Depuis deux ans, il accompagne une équipe de jeunes pongistes sur les compétitions. Et, ce dimanche 1ᵉʳ décembre est un jour important. La petite équipe de La Romagne (Maie-et-Loire), qui évolue en Régional 3, est sur la sellette.

En cas de victoire, elle est maintenue dans ce championnat pour la deuxième phase de la saison. Dans le cas contraire, les joueurs devront rejoindre la division inférieure. "Ils sont très jeunes, ce sont des collégiens et ils jouent face à des adultes. S'ils gagnent, ce sera un petit exploit, souligne Antonin Landreau. 

Pas de quoi l'inquiéter. Parce que, lui, l'exploit, ça le connaît. Pas plus tard que ce jeudi 27 novembre dernier, le natif de Cholet s'est offert le titre de champion du monde de Ping VR, à Helsingborg, en Suède. Il est le premier de l'histoire.

Le tennis de table en réalité virtuelle est effectivement un "Esport" en plein essor, dans lequel le jeune homme de 20 ans fait déjà figure de pionnier.

Un compétiteur né

Avant de devenir une référence dans le monde du Ping VR, Antonin Landreau a fait ses preuves dans les salles de tennis de table. Le Ligérien a six ans lorsqu'il prend une raquette de ping-pong entre ses mains. Il ne l'a jamais lâchée, progressant toujours plus au point d'atteindre la troisième division française.

Mais, depuis l'été 2022, cette raquette a parfois des allures de manettes de jeu vidéo. Cette année-là, Antonin Landreau s'était essayé au Ping VR au détour d'une animation, proposée lors des championnats de France sénior de tennis de table, à la Roche-sur-Yon.

Casque de réalité virtuelle visé sur la tête et une manette blanche dans chaque main, le jeune homme a ainsi été plongé dans le "métavers" du ping-pong. Là-bas, chaque joueur a son pseudo et tout le monde peut choisir un espace de jeu différent, aussi bien un intérieur de chalet qu'une chambre d'adolescent, par exemple. 

On retrouve globalement les mêmes sensations que dans le réel, c'est tout aussi sportif

Antonin Landreau

Champion du monde de Ping VR

Lors de son initiation, Antonin Landreau choisi d'évoluer dans une salle de tennis de table classique. Un décor qu'il n'abandonnera jamais."Ça m'a beaucoup plu parce qu'on retrouve globalement les mêmes sensations que dans le réel, c'est tout aussi sportif", assure-t-il encore aujourd'hui. 

Séduit, c'est ainsi qu'il décide de se lancer dans le tennis de table en réalité virtuelle, sous le pseudo "Anto". D'autant plus que son club de La Romagne, où il s'entraîne en tant que pongiste classique, dispose du matériel nécessaire.

"Puis, ce qui m'a motivé, c'est la compétition. J'aime ça, je me donne à 100 % dans tout ce que je fais. Et, en Ping VR, il y a toujours un classement mondial, peu importe le niveau, on est automatiquement classé. Ça, c'est très stimulant", détaille le jeune homme, désormais numéro 1 mondial dans cette discipline. 

Une demi-finale difficile

Il n'a ainsi fallu que deux ans pour qu'Antonin Landreau passe de la case "initiation" à la case "champion du monde". "Même si monter dans les compétitions faisait partie de mes objectifs, je ne pensais pas en arriver là", soutient le pongiste. 

Pourtant, il assure ne pas se consacrer à des entraînements spécifiques au Ping VR. Toutes les semaines, le Choletais s'attelle plutôt à la pratique du tennis de table classique, à raison de deux sessions par jour : "Les deux disciplines sont similaires dans la technique. Et je pense même qu'être pongiste m'aide pour la réalité virtuelle." 

Son championnat du monde, Antonin Landreau raconte ainsi l'avoir préparé grâce aux tournois mensuels de Ping VR auxquels il peut s'inscrire. "Les personnes contre qui j'ai joué à Helsingborg, je les affronte régulièrement lors des tournois classiques, en ligne. Je savais à quoi m'attendre", détaille-t-il.

Mais, le jeune homme a tout de même été surpris. "La demi-finale a été très intense. J'ai dû affronter Nathan, on se connaît par cœur. Donc, ç'a été un match difficile à gérer parce que ce n'est pas facile de jouer contre son meilleur ami."

Les deux joueurs se connaissent depuis l'âge de huit ans. En effet, Nathan Denéchère, licencié chez les Loups d'Angers, est aussi originaire du Maine-et-Loire. Ils ont ainsi foulé les mêmes salles de tennis de tables avant de s'affronter en réalité virtuelle. 

Une discipline en développement

Au total, huit joueurs participaient à ce premier championnat du monde de Ping VR, organisé par la Fédération internationale de tennis de table (ITTF). Certains étaient invités, d'autres, ont dû passer par des phases de qualification. Antonin Landreau, lui, a été convié grâce à ses très bons résultats en tournois.

"L'idée était que plusieurs pays soient représentés Il faut se rendre compte que c'est encore un Esport en voie de développement, c'est plutôt amateur parce qu'on ne peut pas en vivre", précise le pongiste dont le titre de champion du monde lui a permis de repartir avec un chèque de 2 000 dollars (1890,50 euros).  

À titre de comparaison, Félix Lebrun, vainqueur du tournoi World Table Tennis (WTT) Champions de Montpellier en est reparti avec une dotation globale de 500 000 dollars (460 000 euros).

Je ne compte pas m'arrêter là et une participation aux JO de l'Esport, ça me fait bien envie.

Antonin Landreau

Champion du monde de Ping VR

Pour Antonin Landreau, le Ping VR a pourtant de quoi plaire. "C'est une discipline qui mérite d'être plus connue, parce qu'elle est physiquement intense. Mais, ça commence à prendre de l'ampleur, notamment parce que la Fédération Française de Tennis de Table (FFTT) s'en ait emparé", estime-t-il. La FFTT est effectivement responsable l’organisation de cette pratique sur le territoire national depuis 2022.

D'après les chiffres de la Fédération, le Ping VR compte près de 1,5 million d'adeptes dans le monde. De quoi faire espérer une possible présence de cette discipline lors des premiers Jeux Olympiques de l'Esport, en 2025 en Arabie Saoudite.

Pour sa part, Antonin Landreau se laisse déjà aller à des rêves olympiens : "Je ne compte pas m'arrêter là et une participation aux JO de l'Esport, ça me fait bien envie."

Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv