Intermittent du spectacle, Julien Bénézet a créé la marque mon sapin durable et lancé son entreprise pendant le confinement. Un produit alternatif aux sapins naturels et artificiels.
Il n'est pas vert mais il est plus vertueux. Seriez-vous tenté par un sapin de Noël en bois pour décorer votre salon ? C'est une alternative aux sapins naturels et artificiels. La saison a débuté depuis octobre et s'annonce chargée pour Julien Bénézet. Cet habitant de Joué-lès-Tours a créé un sapin durable fabriqué à partir de matières premières françaises. Le bois provient des Landes, issu de forêts gérées de façon raisonnée. Et toute la fabrication est à moins de 50 kilomètres de Tours.
En finir avec l’arbre mort au milieu du salon
L’idée a germé en 2017 : Julien Bénézet ne souhaitait plus voir de sapin coupé dans son salon. "J’ai proposé à mes enfants de 3 et 10 ans de leur fabriquer un arbre de Noël. Je suis allé dans un magasin de bricolage pour acheter le matériel et je l’ai conçu dans ma cave", explique le régisseur de son.
Ses proches ont adoré l’idée et lui ont demandé de leur en fabriquer un. Il faut attendre les confinements liés à la pandémie de covid 19 pour que l’idée de l’intermittent du spectacle prenne de la hauteur. "Le secteur du spectacle vivant a été le plus impacté dans la durée, je me suis lancé à ce moment-là. J’ai suivi une formation à la CCI de Touraine en janvier 2021 pour concrétiser le projet et créer la marque Mon sapin durable".
L’entreprise travaille avec quatre établissements et service d’aide par le travail (Esat) employant des travailleurs handicapés et deux ateliers de réinsertion professionnelle. Cela représente 75 équivalents temps-plein d'après la société. La menuiserie est confiée à l’Esat de Chinon pour la fabrication des branches, les tiges en acier qui composent le tronc sont préparées dans le sud de la Sarthe et le conditionnement des sapins est confiée à l’Esat de Mettray en Indre-et-Loire.
Des sapins entre 99 et 379 euros
Le jeune entrepreneur a écoulé ses 200 premiers sapins la première saison puis 500 exemplaires du produit phare (160 cm) en 2022. Depuis, la société commercialise trois versions de sapins de 90 à 220 cm entre 99 euros et 379 euros.
Il existe même une version de 3 mètres pour les entreprises et les collectivités qui représentent 10 % du chiffre d’affaire. Un budget plus élevé mais vite rentabilisé : "acheter chaque année un arbre mort pour le mettre dans son salon coûte une quarantaine d’euros pour la version 160 cm. Le nôtre n’est pas odorant mais au moins il ne perd pas ses aiguilles", explique Julien Bénézet.
Un marché à conquérir
Les particuliers représentent 90 % des ventes de l’entreprise. Si la société ne souhaite pas travailler avec la grande distribution, cela ne la prive pas de conquérir d’autres marchés à l’international mais uniquement des pays limitrophes comme la Suisse, le Luxembourg, ou la Belgique afin de limiter l'impact carbone du transport. L’objectif est d’atteindre 2000 ventes cette année voire 5000 à court terme.
Selon l’étude Kantar de 2020, il s’est vendu en France, 6,9 millions de sapins (naturels et artificiels) pour les fêtes de Noël avant le covid. Le marché est énorme et pèse près de 200 millions d’euros par an. Ce sont les sapins naturels qui le dominent avec 85% des ventes. Logique pour ces sapins dont la durée de vie limitée à quelques semaines et qui sont achetés plus fréquemment que la version artificelle.
Quel sapin est le plus écologique ?
Sous le traditionnel sapin de Noël, les mentalités évoluent. Il n'est pas assez écolo d'après le maire de Bordeaux, qui n'en souhaite plus du tout. A Tours, le sapin a toujours sa place en centre-ville mais n'est pas cultivé pour l'occasion. La municipalité lance un appel au don pour trouver la perle rare. Cette année, c’est un couple de Berthenay qui offre son arbre, un Abies Nordmanniana de 15 mètres qui sera installé jeudi 16 novembre place Jean-Jaurès.
Dan son salon, quel sapin choisir pour être le plus vertueux ? Le sapin naturel est décrié pour sa culture polluante. L'Ademe recommande différents labels qui ont le moins d'impacts environnementaux comme la certification plante bleue, le label MPS, Max Havelaar ou agriculture biologique (AB). La version artificielle souvent conçue en Asie est fabriquée à partir de pétrole et peut parcourir des milliers de kilomètres avant de rejoindre un foyer pour Noël.
À première vue, ce n'est pas l'alternative la plus écoresponsable à moins de conserver ce sapin au moins 20 ans pour limiter son impact environnemental, selon l’Ademe. L'alternative reste le sapin fait maison ou durable en bois. "Notre sapin est garanti 10 ans et peut durer toute une vie" assure Julien Bénézet. "Et si le bois se dégrade, il est possible de remplacer la pièce sans pour autant acheter un nouveau sapin."
Le sapin en bois n'est pas odorant mais pourrait l'être prochainement. Après le développement de décorations écoresponsables, l'entrepreneur réfléchit à une gamme qui se rapproche de l'odeur du sapin récréé à partir d'huiles essentielles.