Les étudiants occupent la faculté des Tanneurs, depuis le lundi 13 janvier. Ils souhaitent en faire un lieu de "convergence des luttes sociales". Après l’action violente d’un groupuscule d’extrême droite, le président de la faculté s’inquiète de la sécurité sur le site.
Les étudiants sont encore sous le choc. Mercredi, au petit matin juste avant 7 heures, un groupe d’une vingtaine de jeunes cagoulés et pour certains armés de barres ont forcé le blocus de la faculté des Tanneurs de Tours et se sont introduits dans les locaux. Violement attaqués - des coups ont été échangés - les étudiants "bloqueurs" se sont réfugiés à l’étage. Louis, un étudiant qui participe au blocage, depuis le début de la semaine, a été surpris par la rapidité de cette action : "L’équipe du matin a voulu aller fumer dehors et c’est à ce moment-là qu’ils ont vu un groupe de vingt gars sur le trottoir d’en face, cagoulés et armés. Ils n’ont pas eu le temps de remettre la chaîne sur la porte, le groupe s’est alors engouffré à l’intérieur du hall. Il y a eu un rapide échange de coups et après ils ont tout saccagé : la bouffe, la vaisselle, le mobilier, même les plantes ont été arrachées ou renversées."
"L’occupation du site des Tanneurs a donné lieu à des violences et des dégradations." - Philippe Vendrix, le président de l'université de Tours
Suite à ces violences, le président de l’université de Tours, Philippe Vendrix, a déploré dans un communiqué l’occupation du site : "Les activités pédagogiques, scientifiques, culturelles et administratives du site des Tanneurs sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, en raison des difficultés d’accès au site, bloqué et occupé nuit et jour par des étudiants depuis lundi 13 janvier.
" Le communiqué précise plus loin que : "L’occupation du site des Tanneurs a donné lieu à des violences et des dégradations."Des étudiants, rencontrés ce midi sur le site des Tanneurs, ont été choqués par ces propos. Léa : "Moi, je trouve scandaleux qu’il n’ait pas plus clairement, et fermement, condamné ces violences physiques faites à l’encontre de ses propres étudiants. Cela pourrait inciter d’autres étudiants extrémistes à mener une nouvelle fois une telle action ; c’est honteux."
Le blocage : "un mal nécessaire" pour les étudiants
Pour la plupart des étudiants sur place, le blocage de la faculté est un mal nécessaire ; mais ils précisent que le site reste ouvert à tout le monde. Louis, étudiant : "C'est un lieu qui reste ouvert à tous. Chacun peut participer aux AG, aux formations ou aux conférences. Le problème c’est que, vu qu’on n’a pas envie de faire les flics, on laisse rentrer tout le monde. Alors oui, certains ont parfois un mauvais comportement. Mais cela reste à la marge, et nous, derrière, on s’applique à nettoyer les choses avec les moyens du bord."
Le président de l'université : "Ce ne sont pas de bonnes méthodes"
Le président de l’université juge de son côté que ce ne sont pas de bonnes méthodes et que l'on ne peut pas prendre tout le monde en otage. Pour autant, il dit rester ouvert au dialogue : "On a toujours accordé, à qui le demande, des auditoriums pour des débats, même sur des crises sociales. Là, nous sommes dans une action d’une poignée de personnes qui bloque une partie du bâtiment et qui provoque des dégâts. Je condamne fermement tout blocage, toute fermeture des lieux et toutes dégradations, et les dégradations ont commencé dès le premier jour de l’occupation. Ils sont peut-être sympathiques, mais ils empêchent le déroulement des cours et moi, je reste responsable de ce qui passe dans les murs de l’université."
Quelle suite pour ce mouvement ?
La prochaine AG décidera de la continuité ou non de l’occupation de la faculté des Tanneurs. Les étudiants ont auusi monté un groupe sur les réseaux sociaux, afin que chacun soit informé des actions en cours. De son côté, la présidence de l’université s’inquiète de l’état dans lequel elle va retrouver les locaux, du coût et du temps qui seront nécessaires pour tout remettre en état.