Le géant du numérique a fait part de son projet d'installation dans plusieurs villes de France. Les élus de gauche et écologistes sont vent debout contre le développement d'Amazon, pour des raisons environnementales et sociales.
Amazon veut ouvrir de nouveaux entrepôts, et ça ne plaît pas à tout le monde. Le maire écologiste de Tours, Emmanuel Denis, et 9 élus de son conseil municipal sont signataires d'une tribune intitulée "Implantation d’Amazon (...) : gare au chantage à l’emploi !" , transmise aux médias le 29 janvier.
"La nécessité de reconstruire une économie résiliente et de proximité est de plus en plus évidente, et l’implantation d’une telle entreprise est un non-sens pour nos territoires" estiment les auteurs du texte, d'un point de vue écologique comme social. Et ils veulent parer à l'argument éternel de la multinationale : celui d'être un faiseur d'embauches.
Amazon, employeur impitoyable
"Amazon ne crée pas d’emploi : pour un emploi créé par ces plateformes, deux sont détruits dans les commerces de proximité. Quant à la qualité de ces emplois, nous préférons soutenir des petits commerces qui font vivre les centres-bourgs et les quartiers de nos villes (...), plutôt que des machines à emplois précaires de surcroît dans une entreprise qui s’est illustrée pour le non-respect des droits de ses salarié·e·s pendant la crise sanitaire."
Ces arguments ne sont pas nouveaux. Le communiqué reprend notamment mot pour mot - et en plusieurs endroits - le communiqué écrit en juillet 2020 par les élus de Carquefou, lorsque l'arrivée d'Amazon sur leur territoire a été enterinée.
Amazon France a en effet été condamnée en avril 2020 pour non-respect des mesures de prévention liées au covid-19. Les conditions de travail dégradées chez le géant du numérique font régulièrement l'objet d'enquêtes journalistiques. Epuisement, stress, arrêts maladies, contrôle des pauses-pip... En 2018, un rapport d'expertise demandé par le CHSCT avait dressé une situation préoccupante des conditions d'exercice chez Amazon.
Amazon : un rapport alarmant sur les conditions de travail à Montélimar https://t.co/s8xRR9gzUH #Economie pic.twitter.com/aSRsAOwWE4
— L'important (@Limportant_fr) April 29, 2018
Deux emplois perdus pour un emploi créé, vraiment ?
Le chiffre de deux emplois perdus pour un emploi créé est en revanche à relativiser. Comme l'a décrypté Le Monde, il a été calculé par l'ancien secrétaire d'Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, dans une note rédigée en 2019. "Le rapport part du postulat que les achats sur Amazon.fr sont autant de ventes en moins réalisées en magasin. M. Mahjoubi a donc calculé le nombre d’emplois qu’il aurait fallu à des commerçants "traditionnels" pour générer ces ventes (...)".
Mais ce calcul est approximatif pour plusieurs raisons : le chiffre varie si l'on inclut les employés des filiales Amazon, la fonction marketplace ou encore toute la chaîne logistique. "D’autre part, il n’est pas évident que tous les achats réalisés sur Amazon se substituent exactement à ceux qui auraient été réalisés dans des magasins physiques", ajoute le quotidien. Un chiffre marquant donc, mais pas aussi exact que le souhaiteraient les ennemis du géant américain.
Commerce : d’où vient le chiffre de « 2,2 emplois détruits pour 1 créé par Amazon » ? https://t.co/I70eNLeMqX pic.twitter.com/bISE2eZPVX
— Les Décodeurs (@decodeurs) November 20, 2020
"Tout ce qui est en notre pouvoir"
Mais entre les techniques d'optimisation fiscales plébiscitées par Amazon, et les millions de produits invendus détruits, les signataires de la tribune ont bien d'autres arguments.
Comment Amazon échappe systématiquement à l’impôt https://t.co/5jNpYjAMcc pic.twitter.com/R79m4dNY0S
— L'Obs (@lobs) December 10, 2020
"Nous refusons cette supercherie. Nous dénonçons plus globalement le développement anarchique des entreprises qui profitent des lacunes juridiques et des crises écologiques et sociales pour faire augmenter les dividendes de leurs actionnaires. (...) Nous nous opposons à l’installation d’Amazon et à son développement en France, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher ces projets", concluent-ils