Les étudiants en pharmacie se joignent à la grève des officines, prévues ce jeudi 30 mai un peu partout en France. Ils réclament la mise en place de la réforme de leur formation, et une meilleure sécurisation économique des pharmacies.
De nombreuses pharmacies risquent de rester rideau baissé, ce jeudi 30 mai. En cause, une grande journée de grève et de mobilisation nationale (la première depuis 2014), avec des manifestations prévues dans plusieurs grandes villes françaises.
Au centre de leurs revendications : la pérennité des pharmacies françaises, alors que 276 officines ont fermé en 2023. En cause, l'inflation, et la baisse des prix de certains médicaments qui occasionne un manque à gagner pour les pharmacies. Et qui, en plus, alimenterait la pénurie de médicaments que connaissent toutes les officines de France.
#MobilisationPharmaciens | 📣 Les étudiants en pharmacie de Tours soutiennent la mobilisation de la profession ce jeudi 30 mai 2024 !
— A.C.E.P.T. (@Pharma_Tours) May 28, 2024
Ensemble, faisons entendre nos voix pour défendre notre profession et assurer un avenir meilleur pour la pharmacie 👊 pic.twitter.com/OahMElpa6F
"Il y a des pénuries permanentes, qui remettent en question la prise en charge des patients", regrette Céline Metallaoui, vice-présidente de l'Association corporative des étudiants en pharmacie de Tours (Acept). Si l'on y ajoute des difficultés économiques de plus en plus concrètes, "des pharmacies ferment, alors que c'est le premier professionnel de santé, accessible sans rendez-vous", ajoute-t-elle.
Une profession en constante évolution
Résultat, les étudiants en pharma seront aussi de la mobilisation ce jeudi, pour faire pression sur le gouvernement, et peser sur les négociations économiques en cours entre la profession et l'Assurance maladie. Des négociations mal engagées, l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine ayant qualifié de "dérisoire" la rallonge de 5 500 euros par officine proposée par la Sécu. "Ce n'est pas à la hauteur des missions du pharmacien", estime Céline Metallaoui.
Car ces missions, en plus d'être essentielles "alors que les déserts médicaux s'étendent", sont de plus en plus variées, comme les pharmaciens l'ont montré pendant la crise Covid, entre tests et vaccins. Depuis fin 2023, ils peuvent aussi réaliser des tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) pour l'angine ou la cystite. Des compétences que les pharmaciens doivent "apprendre sur le tas" :
Les missions évoluent mais pas notre formation. Une réforme est en cours depuis sept ans, mais elle n'avance pas. On a eu des discussions avec les ministères fin 2023, ça n'a toujours pas bougé.
Céline Metallaoui, vice-présidente Acept
Les étudiants en pharmacie réclament notamment un système "plus proche de l'alternance", avec plus de pratique, et un passage de la durée du stage de sixième (et dernière) année de six à neuf mois. "On a beaucoup de connaissances en théorie, les principes, mais pas assez de pratique. Six mois, c'est trop court." Trop court aussi pour développer "l'aspect accompagnement, on n'en a pas la faculté parce qu'on n'est pas en relation avec des patients".
Vers la fin du monopole des pharmacies ?
Autre raison de s'inquiéter : la possible fin du monopole des pharmacies qui, selon l'USPO, serait dans les tuyaux de la majorité présidentielle, pour une proposition de loi à l'automne. "Ça nous fait peur ! Des médicaments disponibles en grande surface, sans le conseil du pharmacien, sans la vérification des traitements en cours..."
Mais les étudiants restent "optimistes" : "On y croit, on a espoir que les choses évoluent en notre faveur, que les relocalisations de production permettent un meilleur accès aux médicaments, que la réforme de la formation passe. On ne baisse pas du tout les bras."
En Centre-Val de Loire, des rassemblements sont prévus ce jeudi 30 mai :
- à Châteauroux, à 9h30 place Monestier,
- à Orléans, à 14h place de Gaulle, vers la préfecture,
- à Tours, à 10h place de la Préfecture, vers la CPAM.