Un mouvement de grève touche les pharmacies de garde, de ce samedi 18 au lundi 20 mai. Les officines tentent de mettre en avant leurs difficultés économiques face au gouvernement, en pleines négociations avec l'Assurance maladie.
Un mouvement "moyennement suivi" en Centre-Val de Loire, mais suivi quand même. Les syndicats de pharmaciens appellent, dès ce samedi 18 et jusqu'à ce lundi 20 mai, à la grève des pharmacies de garde. Dans les faits, les pharmacies grévistes, réquisitionnées, remplissent malgré tout leur tâche.
Qu'importe, l'idée de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) est de mettre la pression sur le gouvernement, avant une grève générale qui pourrait toucher le secteur le 30 mai. Une première en dix ans. Objectif : la fermeture, ce jour-là, des 20 000 officines de France, et que "tout le monde soit dans la rue", lance Valérie Boissey.
"C'était déjà compliqué, ça sera de plus en plus compliqué"
Présidente déléguée de l'USPO dans le Loiret, et pharmacienne à La Ferté-Saint-Aubin, elle estime que "le gouvernement ne nous écoute pas". Les syndicats représentatifs ne sont en effet pas satisfaits de la dernière réunion multilatérale avec l'Assurance maladie, qui s'est déroulée dans le cadre des négociations conventionnelles ce mardi 14 mai.
Nous avons des revendications concernant les ruptures de médicaments, des difficultés économiques avec beaucoup de charges qui augmentent depuis trois ans. Mais on ne nous écoute pas, on nous baisse les prix des médicaments. C'était déjà compliqué, ça sera de plus en plus compliqué si on reste comme ça.
Valérie Boissay, présidente déléguée USPO Loiret
Elle prend pour exemple la fermeture, en quelques années, de trois pharmacies rurales autour de La Ferté-Saint-Aubin. "On est en train de défaire tout notre maillage territorial, que beaucoup de pays nous envient, on est en train de tout casser", soutient Valérie Boissay.
Aux sources de la pénurie
La pharmacienne fustige également "la baisse des prix des médicaments", et le refus du gouvernement d'augmenter certains tarifs. Une mesure économique pour l'État, qui réalise des économies sur les remboursements, mais qui serait l'une des causes de la pénurie qui touche les pharmacies. "On passe des heures à chercher des médicaments, et on ne trouve pas", explique-t-elle.
Car, avec des prix de médicaments peu élevés, "la France passe en dernier sur la vente". En avril, le Leem, syndicat professionnel des laboratoires pharmaceutiques, alertait sur "l'aggravation des pénuries" qui serait causée par "des prix faibles et des écarts de prix à l'international".
Face à ce constat, Valérie Boissay estime que "aucune proposition [du gouvernement] n'est valable".
Un coup de pouce "dérisoire"
Même bilan du côté de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En conférence de presse, son président, Philippe Besset, a assuré que "le budget qui est sur la table ne permet pas de financer toutes les officines". La proposition de revalorisation par l'Assurance maladie dévoilée mardi est en effet inférieure au milliard d'euros supplémentaire par rapport à 2019, que les syndicats espéraient pour le réseau en 2025.
📝 Signer, faire signer et diffuser la pétition lancée par l’USPO.
— USPO - Pharmaciens d’Officine (@USPO_Pharmacies) May 16, 2024
➡️Des gestes forts pour défendre l’avenir de l’officine et l’accès aux soins !
Pétition en ligne👉 https://t.co/wcxaVv31vQ
Pétition papier, toutes les informations sur la mobilisation👉 https://t.co/pGNpO1brrG pic.twitter.com/V5COO4uTQO
Le conseiller économiste de l'USPO, Guillaume Racle, calcule qu'en l'état actuel de la trajectoire prévue par la Cnam, "on nous propose en moyenne, plus 5 500 euros par officine et par an entre 2023 et 2027". Une somme "dérisoire" par rapport aux besoins de financement des officines, qui font face à "une augmentation des charges induites aux deux tiers par l'inflation des frais de personnel et de loyer", selon lui.
Les négociations devraient se poursuivre, mais Valérie Boissay avertit : "On ne signera pas d'accord tant qu'on ne sera pas satisfaits." Une pétition a commencé à être distribuée aux patients de la pharmacie. "Dès qu'on commence à expliquer, ils nous disent qu'ils sont avec nous, pas un n'a pas signé."
Selon le Gers, groupement qui collecte et analyse les données du marché du médicament, 276 pharmacies ont fermé en 2023, soit une accélération de 60% du rythme de fermetures depuis 2014.