Sans candidats crédibles à une reprise de la pharmacie depuis quatre ans, la pharmacienne du village des Hermites en Indre-et-Loire a donc décidé de mettre en vente son fonds de commerce pour un euro symbolique.
Une pharmacie en vente à un euro ? Non, vous ne rêvez pas. En effet, la pharmacie des Hermites, village de 600 habitants en Indre-et-Loire, est menacée. Sylvie Drouet (66 ans), la propriétaire des lieux, aimerait désormais profiter de sa retraite. En vente depuis quatre ans, seulement deux repreneurs se sont positionnés pour prendre le relai, en vain.
Résignée, elle a modifié son prix de vente de 450 000€ à un euro symbolique. Pour elle, impossible d'abandonner la clientèle du village : "J'ai de l'empathie pour ma clientèle. Si je m'en vais maintenant et que je ferme, les gens vont devoir faire des kilomètres pour trouver des médicaments […] C'est un peu de la lâcheté, j'aurais l'impression de déserter et je pense que les gens d'ici ne le méritent pas".
Je donne ma pharmacie pour trouver quelqu'un de courageux qui veuille perdurer.
Sylvie Drouet, pharmacienne.
Une fermeture de la pharmacie qui aurait des conséquences sur la clientèle mais pas que. C'est l'attractivité d'un village décrit comme "dynamique" par quelques habitants, qui serait en berne. "Si on ferme la pharmacie, il y aura beaucoup moins de fréquentation au niveau de l'épicerie. Les gens vont aller voir ailleurs et l'épicerie dégringolera. C'est tout un commerce qui tombera", ajoute la pharmacienne. Dans le bourg, une épicerie, une maison médicale, un bar-restaurant, une agence postale sont implantés.
Certains habitants redoutent la perte d'un de leurs commerces. "On sera bien ennuyé, on sera obligé d'aller plus loin", résumait simplement Françoise au micro de France 3 Centre-Val de Loire. Globalement, les candidats à la reprise de pharmacies seraient aussi plus prudents, dans un contexte économique devenu compliqué. "Cette différence qui s'amenuise entre les revenus stables et les charges qui augmentent fait que dans bien des cas, les pharmacies ne sont plus capables de payer leurs équipes, les obligeant à avoir recours à des licenciements économiques. Ou bien, elles cherchent à se regrouper pour augmenter la structure et avoir une viabilité économique plus importante", explique Julien Chauvin, président du syndicat des pharmaciens d’officine d’Indre-et-Loire.
"Cette désertification médicale entraîne malheureusement des disparitions d'officines"
"Il faut un environnement médical propice pour qu'une pharmacie puisse survivre au minimum, voire s'épanouir, poursuit-il. Il y a beaucoup de médecins qui partent à la retraite sans repreneurs. Cette désertification médicale entraîne malheureusement des disparitions d'officines". Pour rappel, la région Centre-Val de Loire est le premier désert médical de France.
Ce n'est pas la première fois qu'une pharmacie est vendue à un euro en France. À ce jour, L'Indre-et-Loire compte 190 officines au total, soit dix de moins qu'il y a cinq ans.
