Les médecins généralistes appelent à la grève à partir du 13 octobre, date de passage au sénat de la loi Valletoux qui vise à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territotial des professionnels. Un projet de loi qui ne convient pas aux médecins généralistes.
Ne vous présentez pas chez votre médecin généraliste le vendredi 13 octobre, vous risquerez de trouver votre cabinet médical fermé. En effet, tous les médecins généralistes sont appelés à faire grève pour manifester pour de meilleures conditions de travail. L'une des demandes phares est l'augmentation des tarifs des consultations pour les généralistes, mais aussi pour les spécialistes.
Les négociations de conventions au point mort
"Cette loi Valletoux ne convient pas aux médecins libéraux", indique simplement Laurence Pétinay, médecin généraliste à Lamotte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher et présidente de la Fédération des Médecins de France. Depuis la grève des médecins généralistes en décembre 2022, rien n'a changé pour les médecins libéraux. "On en est toujours au même point, les négociations ont échoué. On attend une date des reprises des négociations", ajoute-t-elle.
Une petite augmentation des consultations à partir de novembre
Les négociations portaient notamment sur le prix des consultations. Selon les différentes organisations syndicales, ils demandent entre 30 et 50 euros pour la consultation de base, précise l'Agence France Presse. Les médecins avaient tout de même été entendus, mais pas à la hauteur de ce qu'ils demandaient avec une légère augmentation de 1,50€ pour les généralistes et les spécialistes. Une augmentation seulement effective à partir du mois de novembre 2023.
"1,50€ ne couvre pas inflation, c'est rien du tout", lance la présidente de la Fédération des Médecins de France. "Le but des 50€ reste d'actualité", ajoute-t-elle. Une augmentation pour couvrir l'inflation, mais pas que. Elle viendrait aussi faire "la reconnaissance du travail fourni par tous les médecins libéraux" notamment depuis le covid. "Nos conditions de travail se sont dégradées. Nous avons des difficultés à embaucher du personnel pour nous aider, pour avoir des locaux. Les 25€ et les 30€ ne suffisent pas pour ça".
On nous en demande toujours plus avec moins de moyens.
Laurence Pétinay, présidente de la fédération de médecins de France en Centre-Val de Loire
Une revalorisation des consultations permettrait aux médecins généralistes de venir à bout de plusieurs difficultés notoires. Le médecin généraliste de Lamotte-Beuvron s'explique : "On ne peut pas accéder à toutes les demandes de prises en charge comme médecin traitant. Je suis obligé de dire non à des patients, c'est regrettable. Je suis déjà au-dessus de la moyenne nationale de patients par médecins traitants". Mais ce n'est pas tout. "C'est aussi avoir du mal à obtenir des examens complémentaires dans des délais raisonnables, avoir du mal à avoir accès aux spécialistes". Les fermetures des urgences d'Orléans ont aussi un impact lourd, même si les urgences vitales sont toujours prises en compte, "des fois, on ne peut pas faire autrement que d'adresser des patients à l'hôpital", ajoute-t-elle.
On se mobilise aussi pour nos patients, pour leur accès aux soins.
Antoine Soubieux, élu de l'union régionale des professionnels de santé en Centre-Val de Loire
Pour Antoine Soubieux, médecin généraliste à Joué-les-Tours, en Indre-et-Loire, membre de l'Union française pour une médecine libre et élu de l'union régionale des professionnels de santé de Centre-Val de Loire, l'important est "d'envoyer un message à l'Assurance Maladie pour montrer que l'on est soudé et prêt à défendre notre profession. Avec la fermeture des cabinets, on envoie aussi un message à nos patients. Ce sont les premiers à souffrir de tout ce qui est en train de se préparer pour la médecine générale, notamment avec l'absence de revalorisation des actes". Une absence de revalorisation qui ne permet pas aux cabinets d'investir dans du matériel, du personnel ou de rénover leurs locaux par exemple. "Le but n'est pas de s'enrichir", ajoute le médecin généraliste.
Le but du jeu est de redynamiser la profession.
Antoine Soubieux, élu de l'union régionale des professionnels de santé en Centre-Val de Loire
Un manque de moyens qui ne permet pas aux professionnels de santé de se concentrer uniquement sur la santé. "Si j'ai des moyens humains, techniques, je peux mieux travailler avec mes patients. On est parasite, même si des efforts ont été faits, par des démarches administratives multiples".
Pour régler ce problème de manque de moyens, Laurence Pétinay compte aussi sur les discussions autour du secteur 2. "Le secteur 2, c'est conventionner les médecins mais aux honoraires libres, le médecin peut faire des médecins plus importants qu'en secteur 1, conventionné", conclut-elle.