Comme le craignait les pédiatres, il n'y a déjà plus assez de doses de Beyfortus, le nouveau traitement contre la bronchiolite, ni en pédiatrie, ni en pharmacie. La région Centre-Val de Loire est désormais concernée par la phase épidémique de cette maladie, et les hôpitaux en souffrent.
Certains enfants vont avoir du mal à passer l'hiver. En région Centre-Val de Loire, en 2022, 1 745 bébés ont été hospitalisés pour des cas de bronchiolite sur 24 000 naissances. Pour diminuer les formes graves de cette maladie chez les nourrissons de moins d'un an, un traitement préventif par injection nommé Beyfortus est disponible depuis le 15 septembre dans les maternités et en pharmacie.
Seul problème, le traitement était déjà en pénurie seulement 15 jours après son démarrage en fanfare, lésant les pharmacies qui ne sont plus livrées depuis fin septembre. Par conséquent, seules les maternités ont désormais le droit d'administrer le traitement aux nourrissons les plus fragiles depuis le 27 septembre, suite à une restriction de Ministère de la Santé.
La région Centre-Val de Loire en phase épidémique
S’il est important de rappeler que les épidémies, comme celle de la bronchiolite, commencent de plus en plus tôt et durent de plus en plus longtemps, la quantité de doses estimée nécessaire pour l’hiver est apparemment insuffisante.
Le 2 novembre, la région est passée en phase épidémique. Selon les données publiées par Santé publique France, le rapport régional montre une forte augmentation des hospitalisations pour cause de bronchiolite chez les moins de deux ans.
Mais le problème ne s'arrête pas là. Presque tous les ans à cette période de l'année, des épidémies de ce virus respiratoire syncytial sont relevées. En 2023, l'espoir d'y échapper porte un nom : le Beyfortus. "En injectant des anticorps au bébé, l'immunité est presque immédiate", nous expliquait au mois de septembre Jean-Christophe Comboroure, directeur de la santé publique et environnementale à l'Agence régionale de santé Centre-Val de Loire.
Petit problème dans l'équation, l'État n'avait apparemment pas prévu de doses suffisantes, au détriment des hôpitaux. "On a de bonnes pneumopathies, des grosses crises d'asthme... En ce moment le VRS (virus respiratoire syncytial) est bien installé", confirme la docteure Edwige Da, cheffe de service pédiatrie de l'hôpital de Chartres. Le traitement ne pouvant être appliqué qu'aux bébés qui viennent de naître, les services de pédiatrie commencent à en pâtir.
"On a des formes sévères qui nécessitent des transferts en service réanimation. Ça commence à devenir inquiétant."
Edwige Da, cheffe de service pédiatrie de l'hôpital de Chartres
"On ne manque pas encore de lits mais on commence à être bien surchargés", explique la médecin. Selon Jean-Christophe Comboroure, "tout est sous contrôle" et il est encore trop tôt pour "faire des liens de causalités" entre le traitement et l'épidémie.
Pas assez de doses pour tout le monde
La campagne de prévention contre la bronchiolite a-t-elle été victime de son succès, d'un défaut d'anticipation ou d'une communication excessive ? Le gouvernement n'est en tout cas pas en mesure de répondre aux besoins. Pour le directeur de la santé publique de l'ARS, "le délai du processus de vie du médicament était très court. L'idée était de mettre à disposition très rapidement. C'est le revers de la médaille de cette organisation."
Jean-Christophe Comboroure explique également un fort "engouement" de la part des parents qui n'était pas forcément attendu. "Les quantités disponibles ont vite été écoulées..." Un différent son de cloche de la directrice de l'ARS Centre-Val de Loire, Clara de Bort, qui nous disait "être confiante sur le fait qu'il y aurait assez de doses pour tout le mode".
Santé Publique France fait état, en Centre-Val de Loire, entre les 22 et 29 octobre de 110 passages aux urgences pour les bébés de 0 à 2 ans en raison de cette maladie respiratoire. 39 ont été hospitalisés, représentant 29,1% des hospitalisations totales.
"Depuis la semaine dernière, le niveau d'activité mesuré en termes de passage en urgence hospitalière ou en appel chez SOS médecin ont fait que la région est passée en seuil épidémique." confirme Jean-Christophe Comboroure, directeur de la santé publique et environnementale à l’ARS Centre-Val de Loire.
À l'hôpital de Montargis, 25% des bébés en maternité ne peuvent pas bénéficier de ce nouveau traitement. "On essaie de faire le maximum mais on manque de doses... Alors on privilégie les bébés hospitalisés et prématurés. Mais pour les nouveau-nés, certains n'y ont pas droit." se désole le chef de service pédiatrie de l'hôpital, le docteur Swar. "Je ne sais pas du tout quand est-ce qu'on en recevra à nouveau."
"On est dans une gestion quasiment au jour le jour pour pouvoir distribuer les doses, on essaie de protéger en priorité les plus fragiles.", répond Jean-Christophe Comboroure.
Les gestes à adopter
Très contagieuse, la bronchiolite est une maladie respiratoire fréquente chez les nourrissons et les enfants de moins de deux ans. Elle est due le plus souvent à un virus appelé Virus Respiratoire Syncytial (VRS) qui touche les petites bronches. La maladie à des allures de rhumes, ainsi, les adultes et enfants en sont souvent porteurs sans le savoir. Il se transmet pourtant très facilement d'une personne à une autre.
#Bronchiolite | Adoptez les bons #gestes simples pour prévenir des risques ✅
— Ministère de la Santé et de la Prévention (@Sante_Gouv) November 2, 2023
➡ Il est recommandé de ne pas emmener votre enfant dans les endroits publics clos et très fréquentés.
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L' Agence Régionale de Santé Centre-Val de Loire préconise des gestes simples pour limiter son épidémie :
- Ne pas partager pas les biberons, les sucettes ou les couverts non lavés,
- Éviter d’emmener son enfant dans des lieux publics confinés,
- Se laver régulièrement les mains pendant plus de 30 secondes,
- Aérer les pièces, ne pas fumer près des bébés...
La leçon sera-t-elle retenue pour l'hiver 2024 ? Pour ce qui est de cette année, "les livraisons vont être réévaluer au courant du mois de novembre. Il pourrait cependant y avoir des tensions dans les maternités dans les fins de semaine, le temps que les livraisons arrivent." nous apprend le directeur santé de l'ARS.