Depuis 23 ans, le sculpteur plasticien Stéphane Barret façonne les visages des personnages du musée Grévin. Il est l’un des deux sculpteurs officiels du musée avec plus d'une soixantaine de célébrités de cire à son actif. Rencontre dans son atelier à Tours.
Des visages de célébrités par dizaine. Dans son atelier, des moulages réalisés à partir de sculpture de célébrités, nous dévisagent. Des stars du petit écran, des sportifs, des acteurs, des politiques, des humoristes…
Derrière ces célèbres bouilles se cache Stéphane Barret. En 23 ans, il a réalisé plus d'une soixantaine de bustes pour le célèbre musée Grévin dont Bruce Willis, sa première contribution. Il est l’un des deux sculpteurs officiels. Sa dernière création : le buste de l'acteur américain Dwayne Johnson. Son double de cire a été inauguré le 16 octobre. Et en prévision de la coupe du monde de rugby, il a réalisé la réplique d’Antoine Dupont.
Des sculptures sur rencontre ou photographies
La plupart du temps, Stéphane rencontre la personnalité dans les ateliers Grévin avant de s’atteler à la sculpture. Elle est photographiée sous toutes les coutures, la tête et le corps sont scannés. Il y a une prise d'empreintes des mains et des dents. La célébrité choisie la pose et l'expression. "Le plus difficile c’est d'arriver à faire que la sculpture ait autant de vie que la personnalité", explique l'artiste.
Pour ses bustes, il travaille la plastiline, une pâte à modeler de grande précision qui ne sèche jamais. Avec ses lames, il façonne des visages pour les rendre réalistes, vivants. Cinq à huit semaines de travail sont nécessaires. Davantage pour les stars internationales ou les célébrités décédées. Sans rencontre préalable, il doit travailler à partir de photos de presse. Une difficulté supplémentaire : "Sur photos, on n’a pas le bon profil, l'expression voulue. C'est une vraie interprétation du personnage et ça demande plus de travail parfois quatre mois ".
Voir cette publication sur Instagram
L'hyperréalisme comme univers
L'artiste s’est installé à Tours, il y a trois ans, dans un atelier de 200 m² pour développer ses créations professionnelles et personnelles. Spécialisé dans l’hyperréalisme aussi bien humain qu’animalier, il travaille ses créations entre deux commandes. L’artiste libère sa créativité avec ses personnages aux coiffures surdimensionnées et ses créations animalières. "C’est un travail un peu différent, l'univers de l'hyperréalisme me passionne et ça me permet d’avoir de vraies créations contrairement à Grévin où je suis contraint de faire des répliques exactes de personnalités".
Un héritage artistique
Stéphane Barret a passé son enfance à Vierzon dans le Cher. Avec un père, professeur de modelage sur bois et une mère peintre et sculpteur. Très jeune, cet héritage lui permet de découvrir la peinture, travailler le bois, le plâtre, la terre, le fer. À 25 ans, il réalise ses premières grandes œuvres en plâtre. Il apprend, affine ses techniques en autodidacte. À 31 ans, il abandonne son travail dans l’industrie mécanique, décide de reprendre des études de design et se lance comme artiste plasticien à Paris. Depuis deux ans, il travaille avec son fils, Tom, et lui transmet son savoir-faire.
Des commandes confidentielles
Le musée Grévin, expose plus de 200 célébrités de cire sur un total de 2000 personnages créés depuis l’ouverture en 1882. Chaque année, une dizaine de nouveaux personnages qui font l’actualité sont sélectionnés par l'Académie Grévin pour remplacer d’ancienne gloire. Six mois sont nécessaires en moyenne pour réaliser une statue, de la sculpture au maquillage. Le sculpteur a deux commandes en cours mais il n'en dira pas plus car il a signé un accord de confidentialité. Un indice : les Jeux Olympiques approchent.